Des bâtiments démolis à Wonkifong (Coyah) : Dr Ousmane Kaba (PADES) accusé

Dr Ousmane Kaba, président du PADES

Des policiers, des gendarmes et des civils, venus à bord de trois pickup des forces de l’ordre et deux minibus, ont sévi à Coyah vendredi, 6 décembre 2024. Les faits se sont produits aux environs de 6 h GMT dans la zone de Brunoyah, du secteur Lefouredakha, relevant du district de Nasser, dans la sous-préfecture de Wonkifong. Selon nos informations, le groupe, venu exécuter une décision de justice, agirait au compte de Dr Ousmane Kaba, fondateur de l’université Kofi Annan, homme politique. Ils y ont semé le chaos avant de se retirer, rapporte le correspondant de Guineematin.com basé dans la préfecture.

Les portes de plusieurs bâtiments ont été arrachées et emportées, des objets de valeur, de l’argent ont été volés par les agents de sécurité et plusieurs autres jeunes qui étaient habillés en civil.

Nyanya Campel Felemou, victime

Des victimes de cette descente musclée témoigne, à l’image de Nyanya Kampel Felemou. « Nous nous sommes réveillés ce beau matin avec des gendarmes et des policiers à nos portes pour nous déguerpir, en nous disant que le domaine sur lequel nous avons construit ce bâtiment appartient à Dr Ousmane Kaba, fondateur de l’université Kofi Annan. Ils sont venus sans nous avertir. Ils ont défoncé nos portes, fait sortir nos bagages et emporté nos téléphones et plusieurs objets de valeur ».

Diarra Guilavogui, victime

Même plainte pour Diarra Guilavogui, qui parle d’une trentaine d’individus. « Ils sont arrivés aux environs de 7 heures. Ils ont frappé à la porte et j’ai posé la question de savoir qui est ce qui frappe à la porte. Ils ont dit, c’est nous. Dès que j’ai ouvert la porte, plus d’une trentaine de personnes, civils et militaires, sont rentrés dans la chambre. Ils ont commencé à faire sortir mes bagages. Mes objets de valeur ont été volés et une somme de deux millions de francs guinéens. D’autres ont été gâtés. Nous demandons aux autorités compétentes de venir constater pour que le droit soit dit », a-t-il déclaré.

Saidou Kaba, citoyen résident à Conakry

Une autre victime évoque le nom de Dr Ousmane Kaba. « Ce matin, j’ai été surpris par l’appel du fils d’un frère auquel j’ai confié la maison. Celui-ci me dit qu’il y a des casses ici, causées par un groupe de gendarmes. Ils ont enlevé les portes et qu’ils les ont emportées. Il m’a dit de venir. C’est ainsi que j’ai appelé mon patron pour l’informer que les militaires sont venus chez moi à Coyah et qu’ils étaient en train de commettre les dégâts. C’est ainsi que je suis venu constater… Comme vous le voyez, ils ont enlevé les portes, pris quelques objets pour les emporter. Sur ce, nous avons appris que c’est Dr Ousmane Kaba, fondateur de Kofi Annan, qui réclame la paternité de ce domaine. Pourtant, moi j’ai été l’un des premiers à habiter dans ce secteur. Mais comme personne n’est au-dessus de la loi, nous demandons aux autorités compétentes de dire le droit, », a dit Saidou Kaba, citoyen résident à Conakry.

Kemoko Bangoura, coutumier

Kemoko Bangoura, un des héritiers, coutumier du domaine, donne sa version des faits. « Ce matin, j’étais en partance pour Dubreka. En cours de route, mon fils m’appelle pour me dire de revenir, que les gendarmes sont venus avec un document qu’ils doivent nous remettre. Mais, ils sont en train de défoncer les portes et faire sortir les bagages des gens et les emporter. Effectivement, à mon arrivée, j’ai constaté qu’ils continuaient de faire leur travail. J’ai posé la question de savoir ce qui se passe. Ils m’ont dit que ce domaine appartient à Dr Ousmane Kaba fondateur de Kofi Annan. C’est pourquoi ils sont là, pour déguerpir tout le monde. Je leur ai dit qu’il fallait nous informer avant leur arrivée. Qu’à cela ne tienne. Moi j’ai cherché à calmer tous les occupants, puis que personne n’est au-dessus de la loi. Nous allons légalement poser le problème. Ousmane Kaba n’est pas héritier de notre famille, il va démontrer comment il a obtenu ce domaine. Cela a aussi coïncidé à l’arrivée du sous-préfet et du maire qui ont fait le même constat. Donc, c’est dans cette situation que vous nous avez trouvé. Nous demandons à la justice de dire le droit », a-t-il laissé entendre.

Selon nos informations, c’est la troisième fois que Dr Ousmane Kaba vient déguerpir les citoyens sur ce domaine.

Contacté par notre rédaction, Dr Ousmane Kaba explique avoir acheté ce domaine avec l’Etat guinéen. Mieux, il rappelle que la justice a jugé cette affaire et qu’elle a déjà condamné les occupants mais ils continuent de rester sur les lieux.

Dr Ousmane Kaba, président du PADES

« C’est en 1992 que le gouvernement a distribué aux gens. Moi j’ai eu ma part, j’avais la plantation là-bas. Les gens vont occuper illégalement, ils vendent aux gens de gauche à droite. Ils n’ont aucun papier. Ils ont été déjà condamnés par la justice de Coyah pour une première fois, on a cassé. Ils font exprès, ils vont encore occuper. La justice de Coyah les a encore condamnés deux fois. Ils n’ont aucun papier. Ce n’est pour personne. C’est pour moi. J’ai acheté avec l’Etat. Ça fait partie du contentieux Franco-guinéen. C’est une ancienne plantation de colons. Donc, ce n’est pour le grand-père de personne. Dans le contentieux Franco-guinéen, c’est ce que l’Etat a récupéré. La plantation de Bruno qu’on appelle Brunoyah. Je ne suis même pas seul à avoir acheté avec l’Etat. L’Etat a distribué ça a beaucoup de personnes… », a-t-il fait savoir.

Étienne Tamba Tenkiano et Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com

Facebook Comments Box