Guinée : les perspectives économiques saluées par le pool financier de l’Etat et le FMI

Mourana Soumah, ministre de l'économie et de finances

Le représentant résident du Fonds monétaire international en Guinée, Nérée Noumon, a procédé hier vendredi 6 décembre 2024 à la présentation du rapport sur les perspectives économiques en Afrique subsaharienne publié en octobre dernier. L’évènement qui a eu lieu à l’université Général Lansana Conté de Conakry, a mobilisé dans l’amphithéâtre Djibril Tamsir Niane, en plus des étudiants de la faculté de Droit et des sciences économiques, du recteur de ladite université, Pr Daniel Lamah, le corps professoral, des représentants du secteur privé, des hauts cadres de l’Etat, du 1er Vice-gouverneur de la Banque centrale, Mohamed Lamine Conté, du ministre du travail et de la fonction publique, François Bourouno, de la ministre de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables, Charlotte Daffé, les membres du pool économique et financier de l’Etat, à savoir le ministre de l’économie et des finances, Mourana Soumah, son homologue du Budget, Faciné Sylla, le Secrétaire général du ministère du Plan et de la Coopération internationale, Kabélé Soumah. Le tout sous l’œil vigilant de l’ancien Premier ministre, Kabiné Komara. Un événement de 5 h d’horloge marqué par un débat ouvert et contradictoire.

En répondant aux questions de la presse dont Guineematin.com, le Président de la cérémonie, Mourana Soumah, par ailleurs gouverneur du FMI en Guinée, s’est réjoui de la résilience de l’économie guinéenne.

« Je remercie le FMI pour l’organisation de telle thématique pour la dissémination du Rapport sur les perspectives économiques en Afrique subsaharienne. C’est comme une rétrospection qui nous permet d’asseoir et de se projeter dans le cadre de la gestion de cette année, mais aussi prévoir des ajustements pour les exercices à venir. Le monde est dans une situation marquée par une tendance baissière de l’aide publique au développement. Cette tendance baissière rend vulnérable le bouclage de nos budgets. D’où la nécessité d’aller chercher de nouveaux financements pour financer notre cadre de financement. Il faut joindre deux options : il y a la vulnérabilité liée au taux d’endettement et le déficit budgétaire. C’est pour cela que notre pays, avec l’impulsion des plus hautes autorités, nous permet d’aller vers de nouveaux financements sur nos projets d’investissements. Et pour accéder à l’épargne internationale il faut avoir une crédibilité à l’international. C’est pourquoi les autorités nous demandent d’aller dans la stabilisation macroéconomique qui va nous obliger à réduire la perception des risques. Dans le cadre du programme Simandou 2040, il nous faut avoir un fonds d’investissement pour anticiper le développement et nous éviter d’avoir la malédiction de nos ressources naturelles », a fait savoir l’argentier du pays.

Le ministre de l’économie et des finances vante la résilience de l’économie guinéenne et annonce un taux de croissance encourageant.

« Les chiffres ne s’inventent pas. Le taux de croissance de la Guinée en 2024 est de 6,1% cela fait deux fois la moyenne de la croissance au niveau en Afrique subsaharienne. Le niveau de l’inflation avec l’implosion, nous sommes attendus autour de 7,1% au sortir de 2024. C’est une résilience. Le niveau de stabilité du franc guinéen qui s’apprécie d’ailleurs, impact négativement sur notre compétitivité, tellement que la monnaie est bien tenue. Tous ces éléments montrent que l’économie guinéenne est bien résiliente. Et nous allons nous battre dans le futur pour rendre cette croissance encore plus inclusive et distributive pour aller dans le panier de la ménagère. C’est cela la vision du Président, du CNRD et du gouvernement ».

Il faut noter toutefois que ces chiffres annoncés par le ministre de l’économie et des finances sont en contradiction avec ceux contenus dans la loi de finances rectificative de l’année. Un taux de croissance de 4,2% contre 5,4 % en LFI 2024 ;   un taux d’inflation (moyenne annuelle) de 10,3% contre 8, 9% en LFI  2024 ; un taux de pression fiscale de 11,79% contre 13,25% en LFI 2024 ; un taux de change de 8 525 GNF pour 1 Dollar USD contre 8 805,7 GNF.

La ministre de la promotion féminine, de l’enfance et de la protection des personnes vulnérables, Charlotte Daffé salue les efforts réalisés par l’Etat.

Charlotte Daffé, ministre de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables

« Le FMI a mis en lumière les inégalités entre les hommes et les femmes dans la sous-région mais également en Guinée. Des efforts majeurs sont entrepris par le gouvernement et les partenaires pour faire baisser ces inégalités. Au niveau de notre département, le gouvernement accompagne beaucoup les femmes et les filles en abandon scolaire et surtout celles qui sont en situation de vulnérabilité. Je l’ai dit au FMI, pour aider les femmes et les couches vulnérables il est plus utile d’avoir des fonds pour les accompagner à être autonomes que de donner directement de l’argent selon la situation conjoncturelle. Dire que ces couches vulnérables ne sont pas aidées, n’est pas vrai. Mais ce qu’il faut pour sortir ces couches de la pauvreté, c’est de mettre en place des stratégies et c’est ce que nous sommes en train de faire avec l’appui des partenaires », a rappelé la cheffe du département de la promotion féminine.

Le Ministre du travail et de la fonction publique, François Bourouno, a accentué sa communication sur la création d’emploi et de revenu.

François Bourouno, ministre du Travail et de la fonction publique

« Les perspectives économiques réservent des atouts très importants pour la création d’emplois plus durables et inclusifs et surtout des emplois beaucoup plus productifs et solides. Des mesures concrètes sont en train d’être mises en œuvre par le gouvernement. Des mesures visant à améliorer la compétitivité de la main d’œuvre, des mesures à accompagner les capacités du secteur privé à pouvoir créer plus d’emplois, des mesures également qui visent à renforcer tous les mécanismes de gouvernance du marché du travail à travers des investissements réalisés. Le gouvernement s’est engagé à signer un pacte de stabilité avec les différents partenaires impliqués. Et des mécanismes concrets sont aujourd’hui déployés pour le financement des PME en faveur des jeunes qui sont sur le marché. Nous savons que le travail salarié réserve peu de marge. Mais le travail indépendant et l’entreprenariat peuvent aider les jeunes à être dans un système productif. Des mesures dont la révision du code du travail et la couverture sociale d’assurance chômage sont en cours au ministère du travail et de la fonction publique. Par ailleurs, il faut saluer les efforts fournis dans le cadre de la formation. De nos jours, ce sont les programmes certifiés qui sont enseignés et qui sont en adéquation avec le marché de l’emploi. Des enseignants de haut niveau sont recrutés à l’international et des bourses sont accordées aux étudiants des écoles techniques et professionnelles », a rappelé cet ancien cadre onusien.

Pour Mohamed Lamine Conté, 1er Vice-gouverneur de la BCRG, l’économie guinéenne se porte bien. Ce haut responsable de la BCRG souligne la nécessité de rapatrier les devises issues des exportations.

Mohamed Lamine Conté, 1er vice gouverneur de la BCRG

« L’économie se porte bien, l’inflation est véritablement maîtrisée, nonobstant la phase du choc lié à l’incendie du dépôt de carburant enregistré l’année dernière. Les efforts, des mesures et des réformes ont été engagés par les autorités de la BCRG pour réduire drastiquement le taux d’inflation qui est une de ses missions. Nous sommes aujourd’hui l’une des économies les plus compétitives de la sous-région. Ces efforts et mesures appellent à une synergie d’action de toutes les structures gouvernementales. Quand on doit reconstituer les réserves de change de la nation, il y a tout un ensemble et d’entités administratives qui sont concernés. Il faudrait que les sociétés exportatrices, notamment les sociétés minières, puissent rapatrier les fonds issus de nos exportations… Il faut aussi consommer ce que nous produisons », a fait savoir le représentant du Gouverneur de la Banque centrale.

Le représentant du FMI en Guinée, Nérée Noumon a souligné les équilibres cornéliens à maintenir. A savoir la stabilité économique, les pressions sociales et les besoins de développement. Le tout dans l’ultime objectif de partager la croissance.

Nérée Noumon, représentant résident du FMI en Guinée

« Au niveau de la situation économique au niveau régional, il faut retenir qu’il y a beaucoup de bonnes nouvelles. En général, les choses vont bien. L’inflation baisse, la dette et le taux de changent se stabilisent. En même temps les marchés sont en train de se rouvrir avec beaucoup de participations au niveau des obligations. Au niveau régional, il y a la montée des frustrations sociales comme au Kenya, en Ouganda et au Nigeria. Ces des choses à intégrer dans la mise en œuvre des politiques publiques. Les preneurs de décisions doivent se concentrer sur trois actions : équilibrer l’économie, la dette, la stabilité des prix. Il y a parfois des mesures impopulaires et qui peuvent compromettre le succès des réformes. Pour parler de la présentation du rapport, il faut que la croissance soit inclusive et qu’il y ait plus d’emplois créés. Et la Guinée est concernée par cette dimension », a expliqué cet expert du FMI.

Parlant du programme économique en discussion entre la Guinée et le Fonds monétaire, Nérée Noumon soutient que les contacts sont maintenus pour que le programme ait le plus de succès que possible.

Abdallah BALDE pour Guineematin.com

Tél : 628 08 98 45

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