La journée internationale des personnes handicapées a été célébrée dans la journée du 3 décembre 2024. En Guinée, cette journée a coïncidé avec le deuil national suite au drame survenu lors de la finale du tournoi de football doté du trophée Général Mamadi Doumbouya à N’Zérékoré. Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com, Mouhamadou Kindy Bah, handicapé de naissance, affirme que cette journée n’est pas considérée en Guinée et que les personnes handicapées sont oubliées par les autorités. Il énumère les nombreuses difficultés qui les assaillent et sollicite l’aide des autorités de la transition.
Dans le monde, la date du 3 décembre est mise à profit par les Nations Unies depuis 1992 afin de soutenir les personnes en situation de handicap.
Pour le cas de la Guinée, malgré son importance, cette journée passe inaperçue, affirme Mouhamadou Kindy Bah. « J’ai 23 ans. Je suis handicapé de naissance. Le 3 décembre est une journée internationale des personnes handicapées. Le 3 décembre de cette année est une date qui coïncide au deuil et à la joie pour le cas de la Guinée. Pourquoi c’est une date de deuil, à cause de ce qui s’est passé à N’Zérékoré. Je profite pour prier pour le repos des âmes des disparus. Ceux qui sont blessés, qu’ils retrouvent leur santé ».
Par ailleurs, Mouhamadou Kindy Bah énumère de nombreuses difficultés quotidiennes. « Pour le cas de la journée mondiale des personnes handicapées, en Guinée, elle n’est pas considérée parce que si vous regardez, les handicapés souffrent beaucoup, tant à Conakry qu’à l’intérieur du pays. Je dirai même que ceux de la ville sont bien traités par rapport à ceux de l’intérieur. Je demande aux autorités guinéennes, au Chef de l’État, le Général Mamadi Doumbouya, au Premier ministre Bah Oury de venir en aide aux handicapés. Aujourd’hui, si nous regardons le long de la route, beaucoup de handicapés sont mendiants. Tout cela, parce qu’il n’y a pas de cités, une bonne prise en charge des handicapés. Nous demandons aux autorités compétentes à prendre cela en considération surtout au niveau des moyens de transport et aussi l’apprentissage, la formation ou l’école. Au niveau des études, nous les personnes handicapées, nous souffrons énormément. Ici, si quelqu’un est handicapé, automatiquement, ce sont deux personnes qui le deviennent. Je le dis en connaissance de cause. Prenons un exemple d’un handicapé qui est sur un fauteuil roulant, il est obligé de chercher quelqu’un d’autre pour le déplacer. Si c’est un aveugle, il est obligé de chercher un guide. S’ils continuent comme ça, le jour où l’aveugle va mourir, son petit qui le guidait deviendra mendiant ou voleur. Ça sera un très grand mal pour lui et la société. Les ponts au niveau des routes dans tout le pays, nous les handicapés, nous ne pouvons pas les utiliser. Partout où nous allons, il faut monter (les passerelles). Pourtant, nous ne pouvons pas y monter. Sur ce point, nous demandons à ce que les autorités fassent attention à notre souffrance. Nous souffrons beaucoup même dans la recherche des papiers », explique-t-il.
En outre, Mouhamadou Kindy Bah revient sur la souffrance des personnes handicapées dans leur quête de moyens de transport. « Concernant les moyens de déplacement des handicapés, j’interpelle le Ministre des Transports, Ousmane Gaoual Diallo. Je le supplie de nous aider à avoir des bus spéciaux. Aujourd’hui, vous pouvez voir un handicapé surtout nous qui avons les fauteuils roulants, nous pouvons nous arrêter pendant 1 heure voire 2 heures pour avoir un bon musulman qui va nous transporter. Je demande à Ousmane Gaoual Diallo sur ce côté de nous venir en aide », lance-t-il.
Poursuivant, cet handicapé de naissance demande à l’État guinéen de penser à leur mobilité dans la construction des bâtiments publics. « S’agissant des immeubles, nous avons des fois envie de monter sur ces immeubles, mais il n’y a aucun moyen pour nous de monter ces étages. Le pouvoir, tout ce qu’il compte faire, il doit penser à nous les handicapés aussi. Il y a des ascenseurs pour handicapés. Même dans notre département ministériel de tutelle, sauf si c’est tout dernièrement, c’était difficile pour nous d’accéder à l’étage. Je demande aux autorités guinéennes, tout ce qu’elles comptent faire, c’est de penser aux handicapés aussi. Les autorités doivent savoir que nous sommes tous ensemble ici en Guinée. Nous leur demandons de prendre cela en considération. De même que les personnes riches, nous leur demandons de l’aide dans le cadre du logement. Aujourd’hui, si un handicapé veut un local à louer, c’est difficile pour lui d’en avoir : la location est chère, l’avance est chère. Tout ça, c’est la faiblesse de l’État qui ne prend pas sa responsabilité. Aujourd’hui, un seul homme riche peut donner une parcelle aux handicapés de Guinée en leur demandant de faire une cité. Un autre homme riche peut venir ensuite construire la cité des handicapés. Je demande aux autorités de prendre soin des handicapés, surtout ceux de l’intérieur du pays ».
Par ailleurs, Mouhamadou Kindy Bah conseille aux personnes handicapées d’accepter leur sort et de se battre pour se former. « Aux autres personnes handicapées, je leur demande d’être respectueux, de considérer ce handicap comme la volonté de Dieu. Actuellement, certains handicapés ont gâté le nom des autres handicapés. Nous devons faire attention à ça. Si Allah t’a mis d’un côté, reste dans ton coin. Tu ne dois pas prendre quelque chose que Dieu ne t’a pas autorisé de prendre. Nous les handicapés, nous devons respecter et accepter tout le monde et aussi avoir pitié de nous. Si un handicapé a eu un enfant, il doit tout faire pour qu’il étudie ».
Boubacar Diallo pour Guineematin.com