Le procès de l’ancien Premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana, s’est poursuivi ce lundi, 9 décembre 2024, devant la chambre de jugement de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF). L’audience du jour a essentiellement porté sur l’audition des médecins signataires du rapport de contre-expertise sur l’état de santé du prévenu Ibrahima Kassory Fofana. L’exercice vise à édifier la cour sur la nécessité ou non d’évacuer l’ex Premier ministre dans un hôpital approprié pour une prise en charge sanitaire plus adéquate. Malheureusement, ces médecins n’ont visiblement pas permis à la cour d’avoir une satisfaction sur cette question qui freine cette procédure et qui divise le parquet et les avocats de la défense, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Ces experts, à leur prise de parole, se sont plutôt contentés de dire que le plateau technique de l’hôpital Donka n’est pas à même de passer les examens de coloscopie qui se posent avec acuité dans la prise en charge de l’ancien Premier ministre d’Alpha Condé. Mais, toutefois, ils ont rassuré que le patient était conscient et lucide quand il a été reçu pour la contre-expertise. La cour a finalement renvoyé l’affaire au mercredi prochain, tout en ordonnant de nouveau un transport judiciaire à la clinique Pasteur pour “constater l’état de santé du prévenu et son interrogation”.
À l’ouverture des débats, le juge audiencier, Yagouba Conté, a appelé les trois signataires (médecins) du rapport de contre-expertise réalisé à l’hôpital Donka. À l’entame d’une explication schématisée, Dénis Bernard Raich, vice-recteur des affaires médicales de l’hôpital national Donka, a planté le décor, en revenant sur le contour du rapport.
« Le CHU Donka a reçu des instructions afin d’analyser l’état de santé du patient Kassory. Ainsi, nous avons désigné une commission à l’intérieur de l’hôpital. Suite à une prise de connaissance du dossier, nous avons fait un entretien avec le médecin traitant de la clinique Pasteur. C’est à l’issue de cela que nous avons passé un examen, à l’issue duquel nous avons dressé un rapport », a-t-il indiqué.
Par rapport à l’état du patient, le responsable des affaires médicales a laissé le soin au Pr Mamadou Sarifou Diallo de s’aventurer sur cette piste en tant que spécialiste. « Il nous a été demandé de faire une contre-expertise. Nous avons constaté des lésions précancéreuses qui, une fois enlevées, doivent faire l’objet d’un suivi. Il lui faut des examens en coloscopique », a précisé Pr Diallo.
Pour le Pr Lansana Fodé Camara, les examens réalisés sur Ibrahima Kassory Fofana n’ont pas permis d’établir un diagnostic.
« Les examens réalisés ne nous ont pas permis d’aboutir à un diagnostic… Le plateau technique de Donka ne peut pas réaliser l’examen de coloscopie. C’est une opération d’exploration du gros intestin… Dans le volet examen général du rapport, nous avons trouvé un patient conscient. Nous avons interrogé un patient et il nous a répondu », a souligné Pr Camara.
Ainsi, Dr Dénis Bernard est revenu à la charge pour préciser qu’ « il faut des examens. Et, ces examens ne sont pas actuellement disponibles au CHU Donka ».
À la question du juge sur la capacité du patient de comparaître à la barre, Mamadou Saliou Diallo lève l’équivoque.
« Nous avons reçu un patient qui était alité. Tous les examens ont été faits en étant alité. Il était conscient et lucide. On n’a pas pu le faire asseoir ni arrêter, parce qu’il avait une douleur au dos. Il a répondu à nos questions. Les questions auxquelles il ne pouvait pas répondre étaient des questions purement techniques. Et, c’est son médecin traitant qui répondait à sa place », a-t-il souligné.
En prenant la parole, Me Sidiki Bérété, l’un des avocats de la défense de Dr Kassory Fofana, a demandé au docteur Diallo s’il y avait un autre centre plus approprié en Guinée qui pourrait passer l’examen de la coloscopie.
« Il ne nous a pas été demandé de le référer ailleurs. J’exerce à Donka, je ne connais pas le plateau technique des autres structures de santé. Si on connaissait un centre approprié, on l’aurait dit », a répondu Dr Diallo.
Finalement, la cour, en se reposant sur la déclaration des médecins choisis par l’administration de l’hôpital Donka pour le réexamen du prévenu, selon laquelle déclaration le prévenu Kassory Fofana était conscient et lucide lorsqu’il l’examinait, a ordonné que la cour se transportera le mardi, 10 décembre 2024, pour constater l’état physique et interroger ledit prévenu. Elle a aussi renvoyé l’affaire au 11 décembre prochain pour la suite des débats.
Malick DIAKITE pour Guineematin.com
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