La question de l’état de santé de Dr Ibrahima Kassory Fofana, ancien Premier ministre d’Alpha Condé, continue de polariser les débats dans la procédure judiciaire l’opposant à l’État guinéen. Un transport judiciaire ordonné par la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) a eu lieu ce mardi, 10 décembre 2024, à la clinique Pasteur de Conakry, où se trouve le prévenu depuis près de 2 ans. Objectif, permettre à la cour de s’enquérir de l’état de santé du patient avant de passer à l’interrogation. Mais, au cours de cet énième transport judiciaire dans cette structure sanitaire privée du pays, l’ancien homme fort du régime d’Alpha Condé a toujours clamé sa prise en charge sanitaire dans un centre approprié, avant de se mettre à la disposition de la justice, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.
À la fin de l’entretien, l’un des avocats de Dr Kassory Fofana, Me Sidiki Bérété, a exprimé toute sa préoccupation face à l’état de santé de son client. Au cours d’une interview accordée à la presse, l’avocat a dit que la CRIEF elle-même a reconnu que, dans ces conditions, il n’était pas possible d’aller plus loin dans l’interrogatoire.
« À la suite de l’audience de la semaine dernière, après l’avis des médecins de la contre-expertise en provenance de l’hôpital Donka qui ont rapporté que Dr Kassory était conscient et lucide, la cour voulait s’enquérir de cette réalité. Mais, je crois que c’était une peine perdue… La cour a effectivement posé des questions techniques, voir il est sous moniteurs, la fréquence cardiaque qui est légèrement à la hausse… Tout ça, c’est confidentiel. Donc, la cour s’est rendue compte qu’on ne peut l’interroger au fond », a-t-il déclaré à l’entame.
Poursuivant, l’avocat au barreau de Guinée a révélé les propos de Dr Kassory Fofana face à l’équipe de la Cour venue s’enquérir de son état de santé. À l’en croire, son client a réitéré à la même doléance vis-à-vis de la CRIEF.
« Lors de son interrogation, lui-même (Kassory) a dit au juge : donnez-moi la chance de me soigner. Je suis prêt à me défendre pour soigner mon image et mon honneur. C’est tout ce qui a été dit. Après les constatations, les questions posées de façon technique au médecin prouvent que le mal est toujours là. Il souffre de deux pathologies chroniques. La clinique ne peut que le maintenir dans son état, mais on ne peut pas le soigner en Guinée. Il n’y a pas de plateau technique ici, encore moins de l’expertise. Donc, mieux vaut le laisser se soigner comme on l’a fait pour d’autres à la CRIEF », a-t-il indiqué.
Plus loin, maître Sidiki Bérété alerte l’opinion publique sur la gravité de la maladie de son client. Il engage la responsabilité des juges en charge du dossier au cas où le pire adviendra.
« Il a fait un an et demi, mais on n’a jamais administré un médicament pour soigner Kassory. C’est les calmants qu’on lui donne pour maintenir son état pour ne pas qu’on le perde. Parce qu’il n’y a pas de centre approprié en Guinée, il n’y a pas de plateau technique ni d’équipements. Et il faut une intervention chirurgicale technique de raclage. L’heure est grave. Il est temps de respecter la dignité des autres. Kassory ne mérite pas cela, il a servi la République de Guinée. Pourquoi on ne peut pas laisser à M. Kassory la chance de se soigner pour ne pas que l’hémorragie se développe et qu’on arrive à l’extrême. Si on n’arrive pas à le soigner, pourquoi la cour a détenu Kassory pendant un an et demi », a-t-il lancé.
En ce qui concerne les frais d’hospitalisation du Dr Ibrahima Kassory Fofana à la clinique Pasteur de Conakry, Me Bérété dement les 99 millions annoncés par le parquet spécial et jure que la facture de prise en charge de son client n’a jamais dépassé les 45 millions par mois.
« La clinique Pasteur, ce n’est pas Kassory qui l’a choisie, ce sont eux qui l’ont déposé quand il a fait une crise à la maison. La contre-expertise, ce sont eux qui l’ont choisie. La facture n’a jamais dépassé 45 millions. Je peux vous donner la copie », a-t-il tranché.
Malick DIAKITE pour Guineematin.com
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