Le féminicide est endémique au Kenya. Des séries de meurtres sur des femmes y sont souvent enregistrées. Les chiffres effroyables de ce drame font froid au dos. Un rapport publié récemment par la commission nationale kényane des droits de l’homme fait état de 97 femmes tuées en trois mois (entre août et octobre 2024) dans le pays. Ces meurtres liés au genre ont poussé des milliers de femmes à battre le pavé à Nairobi et dans certaines villes du pays hier, mardi 10 décembre 2024, pour hurler leur colère et exiger plus de protection de la part des autorités. Mais, cette marche pacifique a été dispersée à coups de gaz lacrymogènes par la police dans la capitale.
“Arrêtez de tuer les femmes !” C’est avec ce slogan et bien d’autres encore que ces femmes ont manifesté dans les rues de Nairobi pour dénoncer les meurtres de femmes et de filles liés au genre. Elles détenaient aussi quelques pancartes sur lesquelles sont inscrits les noms de certaines victimes de féminicide. Mais, tout a dégénéré quand elles ont pris la direction du parlement. La police est intervenue avec des tirs de gaz lacrymogènes pour les disperser.
Ce n’est pas la première manifestation des femmes au Kenya contre le féminicide dans le pays. Au début de cette année, notamment le 27 janvier, des centaines de femmes étaient descendues dans la rue à Nairobi pour dénoncer ce phénomène, exiger des enquêtes sur ces violences et demander au gouvernement kényan plus de mesures de protection.
En 2023, au moins 152 cas de féminicides ont été recensés au Kenya, selon l’ONG “Femicide Count”. Egalement, un rapport gouvernemental publié l’année dernière informe que “plus de 30% des femmes au Kenya sont victimes de violences physiques au cours de leur vie et 13% subissent une forme ou une autre de violence sexuelle”.
Cependant, le Kenya n’est pas le seul pays africain en proie au féminicide. Selon un rapport des Nations Unies publié au mois de novembre dernier, plus de 21 000 cas de féminicides ont été enregistrés en 2023 sur le continent. Les chiffres sont beaucoup plus élevés dans le monde, mais l’Afrique détient le taux le plus élevé de femmes tuées en 2023. Le continent américain vient juste derrière.
“En 2023, 85 000 femmes et filles ont été tuées intentionnellement dans le monde. 60 % de ces homicides, soit 51 100, ont été commis par un partenaire intime ou un membre de la famille. Les données montrent que 140 femmes et filles meurent chaque jour aux mains de leur partenaire ou d’un proche parent, ce qui signifie qu’une femme ou une fille est tuée toutes les 10 minutes. En 2023, l’Afrique a enregistré les taux les plus élevés de féminicides perpétrés par des partenaires intimes ou des membres de la famille, suivie des Amériques, puis de l’Océanie. En Europe et dans les Amériques, la plupart des femmes tuées dans la sphère domestique (64 % et 58 %, respectivement) ont été victimes de leur partenaire intime, tandis qu’ailleurs, les membres de la famille en ont été les principaux auteurs”, lit-on dans ce rapport de l’ONU.
Le féminicide est la forme de violence la plus extrême à l’égard des femmes et des filles. Et, ce phénomène reste omniprésent dans le monde, malgré les efforts de lutte.
Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com
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