Une affaire de détournement de plus de 6 milliards de francs guinéens plombe l’ambiance à la Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat de Guinée (CCIA-G) depuis quelques mois. Et l’assemblée générale ordinaire de ladite chambre, prévue du 17 au 18 décembre prochain, risque d’en faire les frais. En tout cas, des élus consulaires de cette institution présidée par Elhadj Mamadou Baldé viennent de saisir la Chambre de l’instruction de la CRIEF (Cour de répression des infractions économiques et financières) pour solliciter “l’ajournement” de ladite assemblée “en attendant l’issue judiciaire de ce dossier”. Ils demandent aussi “la suspension des trois ordonnateurs des dépenses déjà inculpés” dans cette affaire. Il s’agit particulièrement de Elhadj Mamadou Baldé (président de la CCIA-G), Abdourahamane Kaba (trésorier principal) et Ousmane Diallo (trésorier adjoint). Tous les trois sont déjà sous contrôle judiciaire depuis juin 2024 pour un chapelet d’infractions dont : détournement de deniers publics, corruption d’agents publics, abus de fonction et abus de biens sociaux, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.
C’est par une note en date du 10 décembre 2024 que les élus consulaires de la CCIA-G ont saisi la Chambre de l’instruction de la CRIEF pour formuler leurs demandes. Dans ladite note, les plaignants ont exprimé des “préoccupations concernant les dysfonctionnements graves et la mauvaise gestion constatés à la CCIA-G”. Et, ce sont les comptes de l’exercice 2023 et le budget de l’exercice 2024 de la CCIA-G qui sont mis en cause.
Au titre de ces dysfonctionnements et de la mauvaise gestion, ces élus consulaires de la CCIA-G cite : “l’absence de plan stratégique et de manuel de procédure, le non-respect du calendrier et du délai de tenue des Assemblées Générales Ordinaires (AGO), le non-respect des résolutions de l’AGO, la non-présentation des PV des AGO précédentes, l’absence des rapports du Commissaire aux comptes et de la Cour des comptes, le non fonctionnement des Commissions Techniques et la non-validation du budget 2023 par l’AGO”.
Ce dossier se trouve sur la table de la Chambre de l’instruction de la CRIEF depuis le 16 mai 2024 suivant une plainte qui lui a été adressée pour des faits détournement de deniers publics, corruption, abus d’autorité, conflit d’intérêts, etc. Et, c’est l’examen de cette plainte qui avait permis de placer les mis en cause (Elhadj Mamadou Baldé, Abdourahamane Kaba et Ousmane Diallo) sous contrôle judiciaire pour « détournement de deniers publics, corruption d’agents publics, abus de fonction et atteinte d’accès et à l’égalité des candidats dans les marchés publics, les concessions et délégations de services publics ». Ces faits portent sur plus 6 milliards de francs guinéens aux préjudices de l’Etat guinéen et de certains particuliers.
“Nous vous informons avoir reçu, il y a 72 h du Bureau Consulaire National (BCN), la lettre d’Invitation pour cette AGO contenant les documents ci-après : rapport d’activités 2024, budget révisé 2024, rapport de gestion 2024, projet de Plan d’actions 2025, projet de budget 2025, plan Stratégique de la CCIA-G. Malgré l’annonce du rapport du Commissaire aux Comptes de la CCIA-G pour l’exercice 2023, aucune copie ne nous a été envoyée à date”, relèvent les plaignants dans cette note datée du 10 décembre 2024.
Ces élus consulaires soulignent aussi que l’examen critique de ces documents soumis pour l’assemblée générale du 17 décembre prochain de la CCIA-G sont truffés de dysfonctionnements.
“Ce budget prétendu appelé exécuté en 2024 qui se chiffre à 46.972.336.408 FG, n’a jamais été validé au cours de l’AGO du 24 mai 2024… Nous constatons avec regret que le budget 2024 n’a jamais été validé au cours de l’AGO du mois de Mai 2024, contrairement à ce qui est mentionné au point 6 de la page 3. Dans le même document, et ce qui est plus grave, le Bureau Consulaire National (BCN) affirme, entre autres, que l’AGO du mois de Mai 2024 a été effectuée avec rigueur et efficacité (…), malgré la non-présentation du plan d’actions et du budget 2024 aux élus de la CCIA-G pour adoption… Malgré la transmission des deux documents (la présentation du budget 2025 et le plan d’actions 2025) par le BCN aux élus, nous estimons qu’il n’y a pas lieu de les soumettre et de les approuver au cours de cette AGO programmée dans la mesure où il n’y a pas eu de plan d’actions et le Manuel de Procédure, Rapports du Commissaire aux Comptes et de la Cour des Comptes validés pour les exercices 2022, 2023 et 2024, malgré les exécutions qui en ont résulté”, lit-on dans cette note.
Face à cette situation, les élus consulaires de la CCIA-G souhaitent que la Chambre de l’instruction de la CRIEF intervienne de nouveau dans ce dossier pour empêcher la tenue de l’assemblée générale ordinaire programmée les 17 et 18 décembre prochain.
“Compte tenu de la gravité des faits susmentionnés, nous proposons ce qui suit : l’ajournement de l’AGO programmée pour les 17 et 18 décembre 2024 en attendant l’issue judiciaire de ce dossier ; la suspension des trois (3) ordonnateurs des dépenses déjà inculpés pour des infractions graves afin qu’ils puissent s’expliquer devant la Justice; ceci permettra d’éviter d’accentuer les dysfonctionnements et la mauvaise gestion au niveau de notre Institution Consulaire ; la communication à toutes les parties des Conclusions de l’Audit que vous aviez initié depuis plus de quatre (4) mois. Nous sommes convaincus que la confirmation et l’application des propositions ci-dessus mentionnées permettront d’assurer le bon fonctionnement de la CCIA-G, la protection de l’image de notre Institution, de celle de notre pays et de consolider les efforts louables fournis par les autorités”, ont-ils sollicité.
A suivre !
Mamadou Baïlo Keïta pour Guineematin.com
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