Dans ce dossier, il s’agit d’une affaire de vente d’articles de seconde main, précisément d’appareils électroménagers venant de l’Allemagne, connue sous le nom d’occasion Bruxelles. Mamadou Baïlo Bah, le prévenu dans ce dossier, était chargé de rassembler les objets, qu’il achète et qu’il ramasse même parfois. Une fois réunis, il les embarque dans des conteneurs qu’il faisait expédier ici en Guinée. La partie civile, Sadio Bah, vivant également en Allemagne, mais avec le statut sans papier, devait payer le coût du transport. Et une fois sur le sol guinéen, un certain Mamadou Dian Diallo devait s’occuper de l’écoulement des articles. Selon les explications données à la barre du tribunal de Dixinn, le trio a commencé à se disloquer quand Mamadou Baïlo Bah a dit à ses partenaires que le douanier avec qui il traitait, un certain Aboubacar Camara, avait disparu avec les deux conteneurs, conduisant à cette procédure judiciaire, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Dans ce dossier, Mamadou Baïlo Bah, né en 1989, qui comparaît libre, est poursuivi pour abus de confiance. A la barre du tribunal de Dixinn, il est reproché de détenir 11 350 euros que son partenaire Sadio Bah lui avait remis, pour le coût du transport des deux conteneurs disparus.
Lors de sa comparution devant le tribunal de Dixinn ce lundi 09 décembre 2024, le prévenu n’a reconnu avoir reçu que 1 500 euros. « Je vis en Allemagne mais je viens chaque année en Guinée. A chaque fois que je viens, j’envoie des articles à revendre. Sadio Bah aussi vit en Allemagne, mais contrairement à moi, il n’a pas de papiers. Un jour, il m’a dit qu’il voudrait aussi entrer dans le business que je fais. Quand il me l’a dit, je lui ai répondu que ce voyage-ci, j’avais fini avec les achats d’articles, mais que c’est possible qu’il puisse participer et avoir des bénéfices. Je lui ai dit c’est vrai que j’avais fini de rassembler les objets, mais que je n’avais pas de transport. Je lui ai dit qu’il pouvait payer le transport et voir comment se partager les bénéfices. Il a dit d’accord et c’est ce qu’il a fait. Ici en Guinée, quand j’envoie des conteneurs, je confie le dédouanement et l’écoulement à un certain Aboubacar Camara qu’on surnomme grand B, qui travaille au port. C’est lui qui est souvent chargé de revendre les articles et après de me remettre l’argent. Mais cette fois-ci, quand j’ai fait expédier les deux conteneurs, je ne l’ai plus revu, il se cache de moi depuis que je suis là. Je reconnais que Sadio Bah m’a donné 1500 euros, mais rien de plus. Tout ce qui est écrit dans ces papiers, c’est moi qui l’ai écrit. C’est moi même qui ai acheté du matériel et le lui ai envoyé avec mon propre argent », a-t-il expliqué à la barre.
« Reconnaissez-vous avoir reçu de l’argent de la part de monsieur Sadio Bah », va demander l’avocat de la partie civile. « Oui. 1500 € et je précise aussi que c’est à ma femme qu’il avait remis l’argent, c’est elle qui me l’a donné », a avoué le prévenu.
« Mais, monsieur Sadio Bah déclare vous avoir remis 11 350 € », va charger l’avocat.
De son côté, le conseil du prévenu a lui aussi questionné son client. « A part ce montant, avez-vous reçu une autre somme d’argent venant de lui ». « Non, c’’est seulement les 1500 € », a-t-il dit.
« Monsieur Sadio Bah savait-il que vous passiez par grand B pour écouler vos marchandises », a de nouveau interrogé l’avocat de la défense. « Oui, je l’en avais informé ».
Mamadou Dian Diallo, né en 1971, domicilié à Bambéto, est marié et père de deux enfants. Étant le troisième partenaire dans cette affaire, il représente en même temps la partie civile Sadio Bah dans ce dossier. Une fois à la barre, il a démenti les déclarations du prévenu. « Mamadou Baïlo Bah m’a fait travailler pendant 2 mois et 2 semaines dans le magasin sans me payer un franc. Nous étions 3 à travailler dans ce business. Moi, je devais m’occuper de la marchandise une fois ici à Conakry, lui du côté de rassemblement des articles et Sadio Bah du transport. Quand ils m’ont abordé pour qu’on travaille ensemble, on était en visio-conférence, je leur ai dit que pour ma part, si on doit travailler ensemble, il fallait qu’on évolue selon la loi du commerce. J’ai dit que je devais avoir 30% dans le business et que les 70% ils pouvaient se les partager entre eux deux. Mais lui, Mamadou Baïlo Bah, s’est opposé à ce que je gagne les 30%. Il dit ici que c’est le nommé grand B qui a disparu avec les deux conteneurs, mais ce n’est pas vrai. J’ai des audios de lui où il affirme qu’il a donné les conteneurs à sa sœur », a expliqué le représentant de la partie civile.
« Qui devait recevoir les deux conteneurs une fois qu’ils arrivaient à Conakry ? », a cherché à savoir l’avocat de la partie civile. « C’est moi, Mamadou Dian Diallo », dit-il.
« Qui a changé cela ? », a dit l’avocat. « C’est lui Mamadou Baïlo Bah, parce qu’il estime que je ne devais pas avoir une part de 30% dans le business ».
Lors des débats, le représentant du ministère public a aussi cherché à comprendre les choses. « Avez-vous une preuve écrite qui stipule que vous étiez 3 dans ce business, selon les pourcentages que vous venez d’évoquer ? ». « Non, c’était verbal », a avoué le représentant de la partie civile.
Le tribunal, présidé par le juge Mory Bayo, a renvoyé l’affaire à la date du 16 décembre 2024 pour la suite des débats.
Mariama Barry pour Guineematin.com