Le drame survenu au stade de N’Zérékoré lors de la finale du tournoi de football doté du trophée Général Mamadi Doumbouya n’a pas livré tous ses secrets. Alors que Mafata Sagno, jeune fille de 17 ans, est portée disparue depuis le 1er décembre, Abdourahamane Barry a, quant à lui, perdu sa femme ce jour fatidique. Mariam Barry, âgée de 20 ans, enceinte de 5 mois, est décédée suite à ce drame. Son mari, interrogée par l’équipe de Guineematin.com basée dans la préfecture de N’Zérékoré, raconte ce qu’il sait de ce drame.
D’entrée, Abdourahamane Barry a dit être très peiné par ce qui est arrivé. Il raconte. « Ce que je ressens aujourd’hui, c’est quelque chose qui ne m’est jamais arrivée. C’est le destin et c’était son dernier jour. C’est aux environs de 15 heures que je l’ai laissée à la maison pour partir chez mon ami, au quartier Ossud. Je suis resté là-bas jusqu’à 18 heures. Je suis revenu à la maison, chez mon grand-père. Je ne voulais pas aller au stade. J’ai appelé un ami pour lui demander le score, et il m’a dit que le score était toujours de 0 but par tout (0-0). Je suis parti maintenant pour assister aux tirs aux buts. Quand je suis arrivé, j’ai vu qu’il y avait la foule. Je suis rentré et je suis resté à côté de la porte. Ils ont lancé le gaz. Je voulais sortir, mais comme j’ai vu qu’il y a beaucoup de personnes, je me suis arrêté à côté du mur. Je suis resté là pendant 20 à 30 minutes. J’ai vu qu’il y avait toujours des mouvements. Je suis allé sur la pelouse. J’ai vu la petite sœur d’un ami, elle était couchée. Je lui ai demandée si elle était venue seule, et elle m’a répondu oui. Je suis resté à côté d’elle un peu de temps. Après, je l’ai prise pour la faire sortir par la petite porte. Je l’ai prise là-bas, sortir vers là où il y a le garage. On a traversé Onah jusqu’à sortir à Félix (lycée). Elle a pris une moto (taxi) pour partir à l’Ossud. Et moi aussi, je suis parti à la maison à Kwitèyapoulou. Une fois à Kwitèyapoulou, je me suis rencontré avec le grand frère de mon épouse en me disant qu’il y a eu « palabre » au stade. Je lui ai dit oui, et que je venais même de là-bas et j’ai pu sauver certains. Et, il m’a dit que sa femme et ma femme étaient là-bas. Quand je lui ai demandé si elles ne sont pas venues à la maison, il m’a dit non. C’est de là que j’ai composé le numéro de téléphone de ma femme et ça n’a pas passé. J’ai composé aussi le numéro de la femme de mon grand frère. Elle a décroché et m’a dit qu’elle était au stade. J’ai dit à mon grand frère de partir ensemble chercher sa femme. Une fois, quand on les appelle, elle a donné à un homme pour nous dire où on peut les trouver. On a trouvé la femme de mon frère qu’on a envoyée à Kwitèyapoulou. Ensuite, je lui ai dit que je vais chercher ma femme. Après, j’ai demandé s’il y a eu des morts. On m’a dit des centaines de morts. J’ai aussi demandé où ils ont envoyé les corps, et ils m’ont dit que c’est à l’hôpital. Quand je suis parti à l’hôpital, j’ai aussi demandé où ils ont mis les corps. Un jeune m’a indiqué le lieu. Quand j’ai regardé par la fenêtre, c’est ma femme que j’ai vue en première position, couchée. Là, je me suis dit que c’est fini. C’est après que j’ai informé la famille que ma femme est décédée. Elle était enceinte de 5 mois. On s’est marié il y a 5 à 6 mois de cela », a expliqué Abdourahamane Barry.
En outre, Abdourahamane Barry, très ému, prie et demande à Dieu de recevoir sa femme au paradis. « Aujourd’hui, tout ce que je demande au bon Dieu, c’est de pardonner à ma femme. Je demande à ce que le bon Dieu la reçoive dans son paradis éternel. Aux autorités, je n’ai rien à dire. Elles n’ont qu’à faire ce qu’elles peuvent faire », a laissé entendre Abdourahamane Barry, mari de la défunte Mariame Barry.
De N’Zérékoré, Jean David Loua pour Guineematin.com
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