Il était une fois en Guinée, un conte tragique où le prince charmant portait des lunettes de soleil et des rangers. Le général Mamadi Doumbouya, autoproclamé chevalier blanc de la démocratie, avait promis monts et merveilles aux Guinéens. Mais, comme dirait le Canard, il semble que ses bonnes intentions aient pris un aller simple pour Conakry et que le GPS de ses réformes ait crashé en chemin.
Un coup d’État plein de promesses
Doumbouya, débarqué en héros sur son cheval d’acier blindé, jurait sur la Constitution (celle qu’il avait gentiment suspendue) que « plus jamais un Guinéen ne mourrait à cause de son opinion. » Quelques temps plus tard, les Guinéens meurent… à cause de leur opinion. Étonnant, non ?
Prenez Amadou Korka Diallo, 18 ans, tué lors d’une manif contre les pénuries de carburant. Ou Ibrahima Touré, même âge, fauché alors qu’il réclamait la liberté de la presse. Et ne parlons pas des 59 manifestants tués depuis que notre cher général a troqué son béret rouge pour la casquette de président. Entre nous, ça commence à sentir le gaz lacrymo et la poudre, tout ça.
Un régime « droit dans ses bottes » (militaires, bien sûr)
Sur le papier, Mamadi est un démocrate modèle. Il promet la justice pour le massacre du 28 septembre 2009. Mais dans la vraie vie, son régime offre plutôt des balles réelles aux manifestants. Question d’interprétation, sans doute. Et pendant qu’il joue à cache-cache avec les droits de l’homme, Human Rights Watch tire la sonnette d’alarme. Pas sûr que ça le réveille, vu son penchant pour le sommeil lourd face aux critiques.
La liberté d’expression ? Un mirage sahélien
Quant à la presse, elle bénéficie d’un traitement de faveur : des gendarmes au lieu d’abonnés. Les médias critiques ? Réprimés. Les dissidents ? Traqués. Les Guinéens auraient bien aimé un Doumbouya 2.0, mais ils se retrouvent avec la version 1960, rétro et autoritaire.
Et la communauté internationale dans tout ça ?
Elle regarde, la bouche pleine de principes démocratiques, mais les poches vides d’actions concrètes. On condamne fermement, on s’inquiète gravement, mais on agit mollement. Résultat : Doumbouya danse la valse avec l’impunité, et les Guinéens payent l’orchestre.
Alors, chers lecteurs, les militairesaupouvoir, sauveurs? Ou fossoyeurs de la démocratie? A vous de juger. En attendant, une chose est sûre : la démocratie en Guinée a des allures de série Netflix. Sauf qu’ici, pas de happy ending en vue. Le Général Président continue de jouer les premiers rôles, et les Guinéens, eux, figurants dans leur propre tragédie. Voilà de quoi méditer… mais pas trop fort, au risque d’attirer les tontons flingueurs.
Oumar Kateb Yacine, Analyste-Consultant Géopolitique