Après avoir passé plus d’une semaine à l’étranger, Aliou Bah, président du Mouvement Démocratique Libéral (MoDeL), a regagné Conakry en début de semaine. Ce samedi, 14 décembre 2024, il a présidé l’assemblée générale hebdomadaire de son parti au siège à Nongo, dans la commune de Lambanyi. Au cours de la rencontre, le jeune leader a fait le compte-rendu de sa mission et donné la parole aux militants présents. Plusieurs d’entre eux lui ont demandé de quitter le pays pour éviter un enlèvement, phénomène à la mode sous le règne du CNRD. Cependant, il a fermement répondu que l’exil n’était pas une option envisageable et qu’il préférait affronter la situation plutôt que de fuir, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Depuis plusieurs jours, le MoDeL communique régulièrement, à travers ses canaux officiels, sur des menaces d’enlèvement de son président. Le lundi dernier, alors qu’Aliou Bah regagnait Conakry, une plainte contre X a été déposée devant les autorités compétentes.
Craignant pour sa sécurité, plusieurs militants ont insisté pour qu’il reste à l’étranger. Une proposition qu’il rejette catégoriquement. Dans sa communication devant ses militants, Aliou Bah affirme qu’il était hors de question de fuir. Selon lui, le changement en Guinée ne peut s’opérer qu’en étant sur place, et non depuis l’étranger. « Comme je l’ai déjà dit, notre pays a une histoire qui nous enseigne. Il nous appartient de regarder la réalité en face et d’agir, ou de détourner le regard en faisant semblant d’être engagés. Chaque fois que la situation devient difficile, certains choisissent de partir ou de se taire. Mais est-ce que ces deux options ont fait avancer la Guinée ? On ne peut pas emprunter le même chemin et espérer une destination différente. La nature a horreur du vide : si vous n’êtes pas là, quelqu’un d’autre prendra votre place. Partir n’est pas la solution, l’exil n’est pas la solution. Il faut affronter les problèmes et parfois les contourner pour adopter une meilleure stratégie. C’est cela, la responsabilité », a-t-il déclaré.
Le président du MoDeL a également dénoncé la continuité d’un système dictatorial qui perdure depuis plus de 60 ans en Guinée. Selon lui, les autorités actuelles ne font que perpétuer ce modèle. « Depuis plus de 60 ans, le système de gestion de la chose publique en Guinée a été marqué par la dictature. Comment peut-on espérer que cela change comme par magie alors que les racines de ce mal sont profondément ancrées dans notre pays ? Aujourd’hui, nous avons des dirigeants qui revendiquent cet héritage, qui veulent reproduire la dictature et s’y maintenir. Allons-nous accepter cela ? La dictature, la confiscation du pouvoir, peuvent-elles encore assurer la prospérité des Guinéens ? Comment la jeunesse peut-elle s’en sortir avec des dirigeants non élus, sans notion de gouvernance publique, qui ne misent que sur la force pour s’imposer ? Il faut faire un choix : soit nous avançons, soit nous restons prisonniers des mêmes conditions que nos parents et grands-parents ont connues », a-t-il martelé.
Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com