Conakry croule sous les ordures : des citoyens expriment leurs vives préoccupations

Point de regroupement des ordures à Kaporo

Conakry fait face à une situation de plus en plus alarmante en matière de gestion des déchets. Alors que les préparatifs pour les fêtes de fin d’année vont bon train, les rues de la ville sont jonchées d’ordures qui s’accumulent autour des points de collectes, notamment dans les ronds-points. Cette situation, qui persiste depuis plusieurs semaines, suscite une vive inquiétude parmi les habitants et menace la santé publique. Tel est le constat fait sur le terrain ce vendredi, 13 décembre 2024, par Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Dans les communes de Ratoma, Lambanyi, Dixinn et G’bessia, sillonnées par notre reporter, les ronds-points, souvent utilisés comme lieux de regroupement des déchets, sont devenus des foyers de pollution. Les poubelles publiques, censées faciliter la gestion des ordures ménagères, débordent de sacs plastiques, de papiers, de résidus alimentaires et d’autres déchets.

Ce qui plonge les riverains dans l’angoisse. Aboubacar Soumah, riverain d’un dépotoir sauvage d’ordures à Kaporo, déplore l’inaction des camions de ramassage dans son quartier.

Aboubacar Soumah, habitant de Ratoma

« Ces tas d’ordures sont devenus une réelle menace pour nous les riverains. Et vous savez bien que l’homme ne doit pas cohabiter avec les ordures. Nous avons constaté que ces derniers temps les camions d’Albayrak ne viennent pas. Et parfois, quand ils viennent, c’est pour ramasser juste une petite quantité et partir. Cela nous cause énormément de problèmes. Face à cette situation, je profite de l’occasion pour lancer un appel aux autorités, notamment au président Mamadi Doumbouya, de nous aider à transférer ces ordures vers les décharges », a-t-il déclaré.

Les habitants des quartiers affectés par cette pollution sont de plus en plus préoccupés. Ousmane Camara, agent de sécurité à Kaporo, invite les autorités à agir.

Ousmane Camara, riverain de Kaporo

« Les ordures que vous voyez-là ne viennent pas que de Kaporo. Il y a des gens qui quittent Nongo, tout près, qui se trouve désormais dans la commune de Lambanyi, pour venir jeter des ordures ici pendant la nuit, faute de poubelles dans leur commune. On ne voit plus les camions de transfert d’ordures. Je ne sais pas s’ils sont en grève ou pas. Des fois même, vous avez plus d’ordures que ça. Moi je voudrais que l’État nous aide à nous débarrasser de ces ordures et à favoriser le développement des PME de collecte dans le quartier afin de diminuer les ordures sur la route », a-t-il lancé.

Les services de nettoyage de la ville semblent incapables de faire face à l’ampleur de la situation. Plusieurs points de collecte sont négligés, les camions-bennes ne passent pas assez souvent pour vider les contenants. Et quand ils le font, ils mettent assez de temps avant d’y revenir. Chose qui occasionne le débordement des poubelles.

Cellou Kansala Diallo, ancien conseiller communal chargé de l’assainissement à la mairie de Ratoma, parle de dysfonctionnements.

Cellou Kansala Diallo, ambassadeur de salubrité en Guinée

« Ça se voit qu’il y a un dysfonctionnement dans le système de gestion des déchets. Vous savez, le système, c’est la pré-collecte, la collecte et le transfert. Donc, dès qu’il y a un maillon qui ne fonctionne pas, on va constater partout des tas d’ordures. Le transfert est interrompu depuis un certain temps. C’est ce qui explique que vous voyez partout les points d’apport volontaire c’est-à-dire les poubelles de rue, les tas d’ordures en train de se former. Qu’est-ce qui a amené ça ? Je ne sais pas. Il y a Albayrak qui est chargée du transfert de ces points d’apport volontaire vers la décharge. Est-ce que Albayrak continue son travail ? Même si le travail continue, il faut dire que c’est une opération à minima qui est en train d’être faite. À des moments, l’ANSP (Agence nationale de salubrité publique) donnait des coups main aux communes, mais est-ce cela continue ? Déjà, l’État a amorcé un pas très important en donnant des équipements lourds comme les camions, les bennes pisseuses, les camions lève-conteneurs aux communes. Ça, c’est très important. Maintenant, il revient aux communes de s’organiser, de faire en sorte que le service soit fait de façon régulière et efficace. Il est de la responsabilité des communes. Parce que dans les communes, il y a des services techniques qui sont chargés de réfléchir sur ça. Il revient aux communes de travailler pour que le travail soit efficace et visible sur le terrain. Mais qu’à cela ne tienne, l’État peut toujours continuer à les accompagner. Parce que quand tu transfères tous ces équipements, si l’objectif n’est pas atteint, il faut prendre des dispositions pour », a-t-il déclaré.

En outre, Cellou Kansala Diallo invite les équipes dirigeantes des différentes mairies à travailler en sorte que les PME soient présentes dans les ménages.

« Les communes doivent s’organiser pour identifier les points de regroupement volontaire, s’assurer qu’il y ait un planning d’enlèvement régulier des ordures à ces points-là, s’assurer que le travail ne s’arrête pas. Ensuite, envisager un programme de retrait systématique des poubelles de rue. Parce que tant que ces poubelles de rue ne sont pas retirées, le taux de pénétration dans les ménages ne va pas évoluer. L’assainissement doit être un effort collectif, un effort de tous les acteurs : il y a le pouvoir central, il y a les collectivités, il y a les ménages qui produisent, il y a également les PME de ramage », a recommandé celui qui se fait appeler “ambassadeur de salubrité”

Malick DIAKITE pour Guineematin.com

Tél. : 626-66-29-27

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