Conakry, le 12 décembre 2024 – La Guinée s’apprête à vivre un moment historique sans précédent. Une délégation de descendants du Prince Abdul Rahman Ibn Sori, également connu sous le nom de Prince Abdul Rahman, foulera la terre de leurs ancêtres du 13 au 22 décembre 2024. Cette visite exceptionnelle, qui retrace plus de deux siècles d’histoire, est un vibrant hommage à l’héritage du Fouta Djalô et un témoignage vivant de la résilience et de la mémoire collective.
Un retour aux origines dans l’empire théocratique peul
Le Prince Abdul Rahman Ibn Sori est né à Timbo, capitale de l’empire théocratique peul du Fouta Djalô, un royaume fondé sur les valeurs islamiques, la justice sociale et l’érudition. Fils de l’Almamy Ibrahima Sori Mawdo (Almamy Sori le Grand), le deuxième Almamy du Fouta après Karamoko Alfa Mo Timbo, Abdul Rahman a grandi dans une société structurée et prospère.
Le Fouta Djalô, avec ses Almamis, ses érudits et son administration exemplaire, était alors une référence en Afrique de l’Ouest, incarnant une tradition intellectuelle et spirituelle rayonnante. En tant que fils d’Almamy, Abdul Rahman fut formé dès son jeune âge dans les sciences islamiques, les arts militaires et la diplomatie. Nommé général de l’armée à l’âge de 26 ans après ses études effectuées à Tombouctou et Djenné, actuel Mali, il joua un rôle central dans la défense du Fouta, participant aux campagnes militaires pour préserver la stabilité et l’expansion de l’empire.
Une vie bouleversée par l’esclavage
Malheureusement, son destin bascula lorsqu’il fut capturé par des trafiquants d’esclaves lors d’une expédition militaire et vendu sur la côte ouest-africaine. Déporté aux États-Unis, il devint esclave dans une plantation du Mississippi.
Même en esclavage, son érudition, sa maîtrise des langues et son charisme lui valurent le respect et l’admiration. Surnommé « Prince » par ses contemporains, Abdul Rahman réussit à attirer l’attention de personnalités influentes, notamment grâce à son histoire exceptionnelle. Après de nombreuses années de lutte, il fut affranchi grâce à l’appui de mouvements abolitionnistes et l’intervention du sultan du Maroc de cette époque Moulay Abderrahmane ben Hicham (1778 – 1859). Celui-ci a écrit au président Américain John Quincy Adams (1767-1848) sur le cas de Abdoul Rahman Ibn Sori, et eut une grâce présidentielle et même une audience à la Maison-Blanche.
Bien qu’il n’ait jamais réussi à réunir toute sa famille, il consacra les dernières années de sa vie à œuvrer pour la liberté des opprimés. Tentant de regagner le Fouta via le Liberia, il mourut en route, sans jamais revoir sa terre natale.
Un pèlerinage des descendants vers le Fouta Djalô
Aujourd’hui, plus de 200 ans après son départ forcé, ses descendants reviennent au Fouta Djalô pour renouer avec leurs racines. La délégation est composée de personnalités diverses : travailleurs sociaux, cinéastes, auteurs, activistes, militaires retraités de l’armée américaine, et étudiants etc. Leur voyage reflète une volonté profonde de rendre hommage à leurs origines :
- 13 et 15 décembre : Conakry – Accueil officiel et visites des lieux historiques et culturels de la capitale.
- 16 au 20 décembre : Le Fouta Djalô – Voyage à Mamou, avec une étape clé à Timbo, la capitale historique du Fouta, lieu de naissance du Prince Abdul Rahman. Les descendants marcheront symboliquement sur les traces de leur illustre ancêtre. Des visites à Dalaba, Labé et d’autres sites emblématiques du patrimoine historique cet empire théocratique peul du Fouta Djalô sont également prévues.
- 21 décembre : Retour à Conakry – Journée de clôture marquée par des échanges avec les communautés locales et des personnalités guinéennes.
- 22 décembre : Départ vers les États-Unis – Fin de ce pèlerinage historique.
Un message universel de mémoire et d’unité
Cette visite ne se limite pas à la Guinée ou à la communauté peule : elle incarne un pont entre l’histoire, le présent, et l’avenir. En ramenant l’histoire oubliée du Prince Abdul Rahman Ibn Sori BARRY, également appelé le Prince de trois nations (USA, Guinée et Libéria), au cœur des discussions contemporaines, cet événement contribue à raviver une mémoire collective essentielle pour comprendre les enjeux de l’identité et les liens avec la diaspora africaine américaine.
Ce pèlerinage offre aux descendants l’opportunité de renouer avec un patrimoine longtemps perdu, tout en sensibilisant le monde aux conséquences historiques de la traite négrière sur les familles et les sociétés africaines. Il inspire des dialogues sur la résilience, l’héritage culturel, et la nécessité de tisser des liens entre l’Afrique et sa diaspora africaine-américaine.
Pour la Guinée, cette visite représente bien plus qu’un hommage : elle met en lumière le rôle crucial du Fouta Djalô dans l’histoire africaine et mondiale, renforçant son positionnement comme un espace de mémoire, d’éducation, et de rayonnement culturel. Ce retour aux sources pourrait également avoir un impact durable en stimulant le tourisme culturel et en attirant l’attention sur l’importance de préserver les trésors historiques et spirituels de la région.
À propos des organisateurs
Cette visite est organisée par le Haut Conseil des Anciens de TIMBO [ONG LE PRINCE] en collaboration avec le Ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat.
Communiqué
Pour toute information supplémentaire ou demande d’interview, veuillez contacter :
ONG LE PRINCE « L.P», Contact : 622473727 / 622135488
Email : le [email protected], Quartier : Yattayah-Fossidet / Commune : Ratoma, Conakry, République de Guinée.