Notre compatriote Mariam Sow, ressortissante guinéenne, est aujourd’hui une figure clé du Conseil des Guinéens établis en Allemagne. Chargée des affaires sociales, elle œuvre au quotidien pour accompagner ses compatriotes dans leur parcours d’intégration. Sa propre expérience, marquée par des défis linguistiques, administratifs et sociaux, fait écho aux difficultés rencontrées par de nombreux jeunes guinéens arrivant en Allemagne, a appris Guineematin.com à travers un de ses reporters.
La Guinée est l’un des pays d’Afrique de l’Ouest dont les jeunes constituent une part importante des demandeurs d’asile en Allemagne. Âgés de 16 à 18 ans pour la plupart, ils fuient souvent des conditions de vie difficiles dans l’espoir de trouver une meilleure opportunité en Europe.
Cependant, comme l’explique Mariam Sow, leur situation est souvent compliquée à cause des soupçons émis par les autorités allemandes. « La Guinée est un pays dont les ressortissants, notamment les jeunes, sont reconnus en Allemagne comme demandeurs d’asile. Beaucoup arrivent à l’âge de 16, 17 ou 18 ans, ce qui rend leur situation souvent compliquée. Les autorités allemandes ont tendance à se méfier, estimant que certains ne déclarent pas leur véritable âge. Par conséquent, des tests sont parfois effectués pour vérifier l’exactitude des informations fournies », confie-t-elle.
Mariam Sow dénonce également les stéréotypes auxquels les Guinéens doivent faire face en Allemagne. Certains sont injustement assimilés à des trafiquants de drogue, ce qui ternit l’image de la communauté et complique encore davantage leur intégration. « En outre, les Guinéens sont parfois stigmatisés en Allemagne, notamment en raison de préjugés selon lesquels ils seraient impliqués dans le trafic de drogue. Ces perceptions rendent l’intégration particulièrement difficile pour les guinéens. Cependant, certains parviennent à bien s’intégrer, malgré les obstacles », ajoute-t-elle.
Arrivée en Allemagne à l’âge de 16 ans, Mariam Sow a elle-même traversé ces épreuves. Pourtant, grâce à sa détermination, elle a pu poursuivre ses études. « Je suis arrivée en Allemagne à l’âge de 16 ans. Malgré les défis, j’ai pu poursuivre mes études. J’ai commencé par le collège, puis le lycée, avant d’intégrer l’université de Dortmund pour des études supérieures », raconte-t-elle avec fierté.
Sa réussite personnelle est une source d’inspiration pour de nombreux jeunes Guinéens, mais elle rappelle que le chemin est loin d’être simple, surtout lorsqu’on ne maîtrise pas l’allemand. Pour Mariam, la langue allemande est une barrière majeure. « La langue est un obstacle majeur à l’intégration. L’allemand est une langue très complexe, même pour les Allemands eux-mêmes. Pour nous qui venons de pays francophones, apprendre l’allemand est un défi considérable. Or, en Allemagne, la langue est essentielle pour réussir son intégration. Ne pas maîtriser l’allemand est souvent perçu comme un signe de non-intégration », souligne-t-elle.
Un autre obstacle important est la gestion des documents officiels. Mariam Sow déplore les difficultés auxquelles sont confrontés les guinéens pour obtenir ou corriger leurs papiers administratifs. « La question des documents officiels pose également de nombreux problèmes. Les autorités allemandes peuvent accorder un permis de séjour, mais ensuite exiger des documents tels que des extraits de naissance ou un passeport. Or, ces démarches sont souvent complexes ».
En Guinée, les démarches pour corriger ces erreurs sont souvent longues et compliquées. Cette situation place de nombreux jeunes dans un état de blocage. « Ces problèmes de documentation compliquent l’intégration. Sans passeport valide, il est impossible de travailler, de poursuivre ses études ou de mener une vie normale. Même lorsqu’un permis de séjour est accordé, l’absence de documents officiels rend tout progrès difficile. »
Mariam Sow plaide pour une meilleure coopération entre les autorités guinéennes et allemandes afin de simplifier l’accès aux documents officiels pour les expatriés. En attendant, elle continue de travailler avec le Conseil des Guinéens en Allemagne pour accompagner ses compatriotes. Son objectif est clair : offrir un soutien concret à ceux qui, comme elle, ont dû affronter de nombreux obstacles pour trouver leur place dans une nouvelle société.
Lamine Kaba pour Guineematin.com
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