Conakry : immersion dans le monde des fabricants de hamacs à Donka

La confection des hamacs est un métier qui existe depuis des siècles. Ce travail, largement répandu en zones rurales, est pourtant en train d’émerger dans les grandes villes. Perçu comme une banale pratique artisanale, bon nombre de personnes vivent pourtant de cette technique aujourd’hui. A Conakry, il y en a qui vivent de cette activité dans un contexte de difficultés économiques. C’est derrière l’hôpital national Donka, situé dans la commune de Dixinn, que ces confectionneurs de hamacs ont élu siège, évoluant de maître à apprenti. Des petites chaises aux chaises pliantes, allant des lits jusqu’aux hamacs faits en différentes couleurs, ils débordent d’inventivité pour attirer la clientèle. Tel est le constat fait sur place par un reporter de Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Mohamed Sidibé est l’un des fabricants de ces objets faits en fils. Il évolue dans ce milieu depuis une vingtaine d’années. « J’ai commencé à exercer ce métier depuis le temps du président Lansana Conté. J’ai appris ce métier ici même à Conakry, parce que j’ai constaté que c’est un travail avantageux. On fabrique beaucoup d’objets ici : des chaises, des lits et des hamacs », a-t-il expliqué.

Mouhamad Sidibé, tisseur de hamac

Poursuivant, cet artisan affirme que les hamacs sont une thérapie. « Les hamacs sont une sorte de thérapie. Ça enlève la fatigue. Par exemple, une personne qui est souffrante et qui a du mal à se déplacer, si tu attaches un hamac et qu’il se couche dessus en se remuant de temps à autre, cela peut aider son sang à circuler. Par exemple, là où j’apprenais le coran, je me souviens que mon maître avait suspendu un hamac et quand il se couchait dessus, ses cousins à plaisanterie venaient souvent le fatiguer en remuant le hamac. II se plaignait en leur demandant d’arrêter, mais ceux-ci aussi ripostent en disant non grand père, on va te faire tomber. C’est comme ça qu’il aimait jouer avec eux tout en se relaxant sur son hamac. Donc, je peux dire que cela apporte la santé à une personne », affirme Mohamed Sidibé.

Par ailleurs, ce fabricant d’objets à fils a énuméré quelques difficultés auxquelles ils font face dans ce métier. « Nous rencontrons quand même quelques difficultés, dès fois si nous fabriquons les objets, il peut rester longtemps sans que la marchandise ne soit écoulée, alors qu’on n’a pas assez de fonds pour acheter le matériel de travail. Donc, c’est quand on réussit à vendre les objets déjà confectionnés qu’on peut aller racheter du matériel et en fabriquer de nouveaux. Mais on dit Alhamdoulilaye, les gens viennent acheter et c’est de ce métier que nous vivons aujourd’hui. On vend nos produits en gros et en détail, on a même des clients à l’intérieur du pays venant de Kindia, de Dabola et bien d’autres régions. Ceux qui passent des commandes en gros sont d’ailleurs plus nombreux », a-t-il confié.

Parlant des prix, il explique que cela dépend des objets et de la qualité demandée. « Les prix dépendent des qualités. Par exemple, les chaises, on les revend de 180 à 150 mille GNF, les hamacs se vendent de 300 à 420 mille GNF. Les lits, entre 500, 600 et 850 mille GNF. La petite chaise se négocie de 50 à 70 mille francs guinéens ».

Abdoulaye Barry est lui aussi fabricant de hamacs. Il évolue dans le métier depuis 25 ans. Avec le temps, ils ont su s’adapter à la modernité.

Abdoulaye Barry, tisseur de hamac

« Vous savez, si on évolue assez longtemps dans un métier, nous pouvons dès fois nous aussi initier de nouvelles choses pour s’adapter à la modernité. Avant, on fabriquait les hamacs avec des fils de bois qu’on appelle ”Bami”, parce que ce genre de fils que nous avons là n’existait pas. Aussi, les chaises, on les fabriquait avec du bois. Mais aujourd’hui, on fabrique les chaises par exemple avec des chaises pliantes recyclées et concernant les fils, c’est ce genre de fils qui existe de nos jours, on ne trouve plus les fils en bois qu’on utilisait avant », a-t-il expliqué.

Passionné de son métier, il avoue bien gagner sa vie dans ce travail. Il conseille aux gens d’être sérieux dans tout ce qu’ils font. « Aujourd’hui, je gagne bien ma vie dans ce métier Dieu merci parce que j’ai baptisé 5 enfants dans ça et c’est ce travail qui m’a aidé à effectuer toutes les dépenses. Donc, je conseille à tout le monde, chaque métier que tu veux faire, il faut se battre pour bien l’apprendre. Si on réussit, on doit également accorder du respect à son maître. Un jour, il verra les avantages et pourra bénéficier de ces fruits sans souffrir… »

Mariama Barry pour Guineematin.com

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