Dr Faya Millimono, président du Bloc Libéral (BL), dresse un violent réquisitoire contre la junte militaire au pouvoir en Guinée. La transition dirigée par le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) a, selon lui, échoué à répondre aux attentes des citoyens guinéens, exacerbant la corruption, les violations des droits humains et l’insécurité. Dr Faya demande au Général Mamadi Doumbouya de respecter ses engagements premiers et de travailler avec tous les acteurs pour sortir de cette transition par la grande porte. Il l’a dit à l’occasion d’une conférence presse qu’il a animée ce mardi, 17 décembre 2024 à Conakry, à la maison des journalistes, a constaté sur place Guineematin.com à travers ses reporters.
D’entrée, Dr Faya Millimono a dénoncé la corruption endémique qui gangrène l’administration publique actuelle. Citant le rapport de la gendarmerie nationale, il a révélé que plus de 700 milliards de francs guinéens (environ 82 millions de dollars) ont été détournés à la direction générale des Douanes sous le régime du CNRD. « La corruption endémique et le favoritisme dans l’attribution des ressources et des postes ont sapé la confiance du public dans le gouvernement et les institutions, alimentant le mécontentement de la population. Les allégations de corruption au sein de la junte et le manque de transparence dans la gestion des ressources publiques ont exacerbé la méfiance du public et celle de certains sérieux partenaires techniques et financiers de la Guinée. En guise d’exemples et selon le rapport d’enquête de la Gendarmerie nationale, plus de 700 milliards de francs guinéens (environ 82 millions de dollars) ont été détournés à la Direction Générale des Douanes de Guinée et cela sous le régime du CNRD. Plus de 300 fonctionnaires de la fonction publique, sur un échantillon de 1000, ont été identifiés formellement par le Vérificateur Général avec de faux diplômes. Ces fonctionnaires ont été protégés et n’ont jamais été démis de leurs fonctions. Quant aux richesses naturelles du pays, en particulier les mines, elles ne sont pas gérées de manière efficace et transparente. Des cas de corruption au sein des institutions publiques ont été rapportés. Par exemple, un Ministre des Mines du CNRD a été accusé de faits de corruption et d’abus de pouvoirs quand il a adressé une lettre à une société de la place pour l’octroi d’un don de deux millions de dollars US à l’Etat. Selon lui, ce montant de 2 millions de dollars devrait permettre à l’administration minière de donner une suite favorable à sa requête. Le CNRD n’a pris aucune action relative à ce dossier qui est resté sans suite », dénonce-t-il.
La transition actuelle est marquée par une restriction des libertés civiques et des droits humains. Depuis trois ans, les manifestations pacifiques ont été réprimées dans le sang, avec un bilan « de 56 morts par balles ». Le président du BL a également rappelé les arrestations arbitraires de militants de la société civile, notamment Oumar Sylla, alias Foniké Mangué, et Mamadou Billo Bah, portés disparus depuis le 9 juillet 2024. « En trois ans de règne absolu sur le pays, des répressions violentes des manifestations et des atteintes aux droits civiques et libertés ont eu lieu avec un lourd bilan de plus de 56 militants tués par balles, des arrestations arbitraires et des enlèvements forcés dont deux célèbres militants de la société civile (Oumar SYLLA – Foniké Menguè et Mamadou Billo BAH), dans la soirée du mardi 9 juillet 2024 pour une destination inconnue. Cette arrestation a eu lieu au domicile d’Oumar SYLLA et leurs proches sont sans nouvelles d’eux. La mort en détention arbitraire de l’ex-chef d’état-major des armées, le Général Sadiba Koulibaly en juin 2024, la mort du colonel Célestin BILIVOGUI, disparu depuis près d’un an après son arrestation par des gendarmes dans les conditions atroces ainsi que des milliers de radiations tous les jours des militaires pour, dit-on, des faits de désertion. Toutes ces graves violations sont impunies et ont pour effet d’accroître la tension entre le gouvernement et la population, rendant le climat sociopolitique encore plus difficile. Des rapports sur des violations des droits humains, des arrestations arbitraires et des répressions des manifestations pacifiques sont documentés et ont terni l’image de la transition, alimentant un climat de méfiance », déplore-t-il.
Par ailleurs, Dr Faya a évoqué beaucoup d’autres dossiers, non des moindres, relatifs à des violations de droits de l’homme. « Parmi les tragédies qui ont marqué ces derniers mois, citons : le meurtre atroce d’Aïcha BAH, une fillette de 8 ans, retrouvée sans vie dans les toilettes de son école après avoir subi des violences physiques et sexuelles ; l’enlèvement de Saadou NIMAGA, ancien secrétaire général du Ministère des Mines, en plein centre-ville de Conakry, le 17 octobre 2024, sans qu’aucune information ne filtre sur son sort à ce jour ; sans compter des attaques de domiciles des citoyens, des assassinats ciblés et des viols perpétrés contre les enfants et les femmes sans aucune réaction forte de ce régime. Ces actes ignobles révèlent l’échec manifeste des autorités de la transition à assumer leur rôle premier : assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Pire encore, au lieu de répondre avec la fermeté requise, les autorités minimisent la gravité de la situation, allant jusqu’à banaliser les disparitions forcées en disant que les : ‘’les adultes ont le droit de disparaître volontairement’’ », enchaîne-t-il.
Face à cette situation alarmante, Dr Faya Millimono a lancé un appel à la communauté internationale pour qu’elle soutienne la Guinée dans le respect des droits humains et des principes démocratiques. Selon lui, l’impunité actuelle et la dégradation des conditions sécuritaires exigent une intervention urgente pour préserver le pays.
Abdoulaye N’koya SYLLA et Mohamed Lamine Touré pour Guineematin.com