Forécariah : un caporal de l’armée jugé pour avoir torturé mortellement un présumé voleur

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Le caporal Naby Sylla a comparu devant le tribunal de première instance de Forécariah à l’audience criminelle du vendredi 13 décembre 2024. Il est poursuivi pour avoir infligé volontairement des mauvais traitements ayant conduit à la mort de Mbemba Touré, pris chez lui en flagrant délit de vol. A l’audience, il a plaidé coupable et exprimé ses regrets face à ce qui est arrivé, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Le caporal Naby Sylla, né en 1998, a intégré l’armée guinéenne en 2023. Dans la nuit du 30 septembre au 1er octobre 2024, ce militaire a appréhendé à son domicile un présumé voleur. Il l’a tabassé et torturé jusqu’à ce que mort s’en est suivie. C’est dans le cadre de cette affaire que son procès pour meurtre s’est ouvert devant le tribunal de Forécariah.

Appelé à la barre du tribunal présidé par le juge Amadou Sy, entouré de ses assesseurs Mamadou Dian Diallo et Mohamed Lamine Cissé, ce militaire reconnaît les faits et demande pardon. « Que Dieu pardonne Mbemba. Je suis venu à Maférinyah le 28 septembre. La nuit du 30 au 1er octobre, aux environs de 5 heures, Mbemba, avec un de ses amis, sont venus chez moi pour. J’étais couché dans ma chambre. Vers 5h, j’ai entendu du bruit. La maman a crié au voleur. Je me suis réveillé pour chercher les voleurs. L’un d’entre eux a fui. J’ai pris Mbemba qui avait un couteau. On l’a frappé. Je l’ai attaché. Je l’ai frappé aussi. Le chef du secteur est venu. Un militaire est venu me demander de le détacher et de l’envoyer au commissariat. Quand les gens partiront, on va l’envoyer au commissariat, avait dit le chef du secteur. Je me suis déplacé vers la ville. À 9h, mon épouse Mariame m’a appelé. Elle m’a dit que le jeune est décédé. J’ai pris la moto pour rentrer. Je suis allé directement au commandement pour leur expliquer ce qui s’est passé. Le 2 octobre, c’était la célébration de la fête d’anniversaire. Après cela, j’ai déplacé la moto jusqu’à la police de Maférinyah pour me rendre à la police. Je regrette la mort de Mbemba. Je pleure parce que c’est la première fois que quelqu’un est décédé. Mbemba a beaucoup pleuré ce jour-là. Lorsqu’on le frappait, il pleurait. Il est décédé le même jour, vers 11h. Je confirme que je l’ai frappé avec un fouet. Je lui ai attaché les mains et les pieds. Je l’ai suspendu sur une branche d’un goyavier. Il a volé mon sac. L’autre voleur avait jeté ce qu’il avait pris. Je ne connaissais pas Mbemba », a dit l’accusé, en larmes.

Par la suite, la défense a pris la parole pour poser des questions à l’accusé.

Défense : « Caporal Naby Sylla, en torturant Mbemba, est-ce que vous saviez qu’il allait succomber ? ».

Naby Sylla : « Je ne le savais pas. Si je le savais, j’allais le laisser partir ».

Défense : « Au moment des faits, quel était votre état d’âme ? Vous vouliez le corriger comme vous êtes militaire ? »

Naby Sylla : « Je pouvais le lâcher, mais comme il avait un couteau, c’est pour cela… »

Défense : « Comme c’est un voleur, c’est pour cela que vous l’avez frappé, n’est-ce pas ? »

Naby Sylla : « Oui, c’est pour cette raison. Il avait aussi un couteau. Il était plus grand que moi également ».

Défense : « Après avoir récupéré le couteau, pourquoi vous ne vous êtes pas limité là ? »

Naby Sylla : « Les gens sont venus le frapper. Si je ne le faisais pas, les gens allaient l’abattre ».

Défense : « Quel est votre métier ? »

Naby Sylla : « C’est de défendre la population ».

Défense : « Êtes-vous censé le protéger ? »

Naby Sylla : « Oui, affirmatif ».

Défense : « Quel était votre état d’âme après l’annonce du décès ? »

Naby Sylla : « J’ai dit Astaghfiroullah. Je regrette beaucoup. Je demande pardon au tribunal, à la partie civile ».

Par la suite, le tribunal a déclaré la clôture des débats avant de renvoyer le dossier au vendredi, 27 décembre 2024, pour les réquisitions et plaidoiries.

Boubacar Diallo pour Guineematin.com

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