Des mobilisations fortes ont été constatées ces derniers jours à Sangarédi, dans la préfecture de Boké, pour soutenir les autorités de la transition, notamment le Général Mamadi Doumbouya. Mais, face à cette vague de mobilisation en faveur de la junte qui a renversé Alpha Condé, des acteurs politiques locaux se disent sereins. Selon Amadou Oury Diallo, secrétaire fédéral de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) à Sangarédi, sa formation politique conserve une position solide sur les lieux. Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com, il parle de sommes d’argent mises à contribution pour mobiliser en faveur de la junte.
« Je peux vous dire que l’UFDG se porte très bien à Sangarédi. Toutes les structures sont en place. Les militants sont prêts. Il y a de nouvelles adhésions venant des différents partis politiques. Comme vous le savez, l’UFDG fait partie des grands partis, et surtout, c’est le plus grand parti de l’opposition en Guinée. C’est le mieux structuré. Actuellement, le parti est sous observation. En tout cas, les activités se passent très bien. Nous avons renouvelé toutes les structures. Nous attendons le congrès du parti ici, à la fédération de Sangarédi. Nous ferons le congrès. Nous nous préparons pour le congrès national, afin d’investir le futur dirigeant de l’UFDG, qui est, pour nous, jusqu’à présent, Elhadj Cellou Dalein Diallo », a dit d’entrée Amadou Oury Diallo.
Par ailleurs, le secrétaire fédéral de l’UFDG à Sangarédi parle d’un petit groupe qui soutient la junte moyennant espèces sonnantes et trébuchantes. « Comme vous le savez, vous êtes guinéens, c’est dans la culture des guinéens d’être opportunistes. Ce n’est pas tous ceux qui applaudissent Doumbouya qui sont pour Doumbouya. Donc, à Sangarédi, c’est un petit groupe, comme à N’Zérékoré, à Kankan, comme partout en Guinée. On donne de l’argent, on mobilise, on dit : « Bon, soutenez le président ». Sinon, à Sangarédi, l’UFDG reste le principal parti d’opposition. Et à Sangarédi, 95 % des militants, sympathisants et amis de l’UFDG sont en place », affirme-t-il.
En outre, le fédéral de l’UFDG a dénoncé le non-respect de la parole donnée par le Général Mamadi Doumbouya. « Au lendemain du 5 septembre 2021, le président (Mamadi Doumbouya, ndlr) lui-même avait dit qu’il ne se présenterait pas, ni les membres du gouvernement. Il avait donc interdit tout soutien au CNRD mais, on voit le contraire actuellement. Il y a du soutien partout. Nous, étant un parti politique pacifique, qui veut arriver au pouvoir par les urnes, et non par la violence, on s’abstient, parce que c’est du deux poids, deux mesures. Donc, quand on soutient d’un côté le CNRD et son président, de l’autre côté on dit qu’on interdit toute manifestation, c’est à vous de juger. Nous, étant un parti politique pacifique, nous ne voulons pas en découdre avec le CNRD, car nous ne sommes pas violents. Nous ne détenons aucune arme, ni rien, nous n’avons pas cette intention. Nous, c’est par la voie des urnes que nous voulons nous mesurer avec un autre parti politique. Au moment venu, certains disent qu’ils ne veulent pas que Doumbouya soit candidat. Moi, s’il y a de la transparence et de l’inclusion de tout le monde, toute personne qui peut, ou tout parti politique qui peut, concourir avec l’autre, je ne vois pas de mal à ce que Doumbouya ne se présente pas, mais cela doit être seulement transparent et inclusif. Le terrain nous dira le reste. Parce que moi, je ne pense pas que le général Doumbouya ait un programme à donner aux Guinéens, mais je veux le voir sur le terrain, pacifiquement, et se mesurer avec l’UFDG ».
Poursuivant, Amadou Oury Diallo invite le président de la transition à réfléchir à la situation politique actuelle du pays et à œuvrer en faveur d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel. « Toutes les actions qu’ils mènent actuellement, ce n’est pas pour arriver à des élections plus rapidement. Ils cherchent à gagner du temps, comme ils l’ont fait jusqu’à maintenant. Quand vous voyez, jusqu’à présent, il n’y a pas eu de référendum pour la nouvelle constitution. Elle n’est même pas connue des guinéens, car ce sont les intellectuels qui la consultent sur les réseaux sociaux. Mais le Guinéen lambda, qui est dans un autre village, ou bien le mien, ou même dans le village de Doumbouya, ne connaît même pas le contenu de la constitution. Donc, jusqu’à présent, ils cherchent à gagner du temps. Sinon, une transition pourrait être une proposition et dire que le futur gouvernement qui sera en place, nous souhaiterions que vous poursuiviez les actions que nous avons élaborées et déposées. Actuellement, je vois que cette transition n’est pas vraiment une transition, mais plutôt une manœuvre pour se maintenir. J’ai entendu un responsable du CNRD dire que nous ne sommes pas dans une transition, mais dans une refondation. En tout cas, ils n’ont pas l’intention de quitter le pouvoir de sitôt. Je ne vois pas la refondation, elle n’est pas concrète… »
Pour finir, ce responsable de l’UFDG à Sangarédi lance un appel au Général Doumbouya. « Il n’y aura pas de violence. Et je demanderai à tous les partis politiques : je ne veux pas de violence. Et je souhaiterais que M. Doumbouya rentre chez lui, réfléchisse, s’écoute lui-même, réfléchisse sur l’histoire de la Guinée depuis 1958 jusqu’à aujourd’hui. Qu’il se parle à lui-même, avec son cœur, sans écouter personne d’abord. Qu’il ose dire à ses amis qui le protègent, car c’est Dieu d’abord qui le protège, et non pas les hommes. C’est Dieu qui le protège, qui protège la Guinée, qui me protège. Qu’il vienne en face de ces gens-là. Écoutez, j’ai fait le coup d’État, on a fait un chemin jusqu’à un certain moment, mais j’ai réfléchi. Organisons les élections, mettons-nous tous au service de la Guinée. Nous sommes tous des guinéens. Moi, je laisse le pouvoir à travers des élections transparentes. Accompagnez-moi dans ce sens. C’est tout ce que je souhaiterais que mon Général fasse. Ce jour-là, je l’applaudis », a-t-il souligné.
Ismael Diallo pour Guineematin.com
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