La Journée internationale des migrants est célébrée le 18 décembre de chaque année. La démarche vise à sensibiliser les uns et les autres sur les dangers liés à la migration clandestine qui a endeuillé de nombreuses familles tant en Guinée qu’ailleurs. Dans un entretien accordé à un reporter de Guineematin.com, Alhassane Diallo, un jeune qui a essayé de rejoindre l’Europe en passant par la mer Méditerranée, a raconté son aventure, faite d’un calvaire indescriptible. Son périple l’a emmené de Conakry jusqu’aux côtes libyennes avec des péripéties extraordinaires.
D’entrée, notre interlocuteur affirme que c’est l’absence de perspectives qui fait qu’il a opté pour l’immigration clandestine. C’est ainsi qu’il parviendra à se rendre jusqu’en Libye avant de rebrousser chemin. « Après mes études et des stages effectués dans des départements, comme j’ai vu que je ne décrochais pas un boulot, j’ai pris l’initiative de partir, d’opter pour l’immigration. C’est ainsi que j’ai quitté la Guinée pour le Mali. De là, je suis allé au Burkina Faso. Après, je suis parti pour le Niger. Après, j’ai traversé le désert du Sahara pour arriver en Libye », explique-t-il.
Un voyage pas comme les autres, a confié le jeune Alhassane Diallo. « Pendant le trajet, j’ai rencontré beaucoup de difficultés : financières, sanitaires et même des agressions de toute nature. Seul le trajet est difficile d’abord. Il nous a fallu neuf 9 jours pour traverser. Une fois en Libye, on a fait un grand temps avant d’aller au bord de la mer à cause des problèmes d’argent, financiers et des problèmes d’insécurité. Pendant deux semaines, on ne pouvait pas marcher à cause du voyage. On étouffait les gens dans les pick-up, avec 28 personnes derrière les pick-up qui prenaient moins de passagers. Vous pouvez faire une journée sans vous arrêter. Si tu as envie d’uriner, c’est toi qui sais comment faire… Là-bas, chacun fait sa propre loi. Les arabes de là-bas détestent ceux qui ont la peau noire. Même les adolescents de 15 ans ont des armes. C’est le calvaire, on ne mange pas à sa faim… Les Asma boys arrêtent les gens pour des destinations inconnues. Après, ils demandent des rançons à tes parents, si tu en as. Si non, si tu as un métier, si tu es ouvrier, ils te font travailler dans les chantiers sans te payer. Si tu n’as pas de profession, on t’envoie pour surveiller des étages dans la brousse où tu ne sais ni comment y aller, ni comment quitter… J’ai fait un essai de quatre fois pour traverser la mer Méditerranée, sans succès. J’ai été emprisonné 2 fois. J’ai pris l’initiative moi-même de rentrer en Guinée », a-t-il raconté.
Avec l’expérience qu’il a vécue et les dangers liés à l’immigration clandestine, Alhassane Diallo prodigue des conseils. « L’immigration clandestine, c’est un problème. C’est quitter la paix pour entrer dans de problèmes. Donc, le mieux, si tu ne peux pas rester chez toi, si tu veux te déplacer, il faut le faire de façon légale. Parce que, le trajet seul te suffit pour te faire savoir que tu es rentré dans des problèmes. Donc, c’est quelque chose que je déconseille à tout le monde. Moi qui suis là, je ne vais jamais refaire un trajet pareil », a-t-il laissé entendre.
Selon le nouveau rapport du Secrétaire général des Nations Unies pour 2024, « depuis 2014, près de 70 000 migrants sont morts ou portés disparus le long des routes terrestres et maritimes. Le nombre réel étant probablement beaucoup plus élevé. Chaque décès enregistré représente une personne dont la perte affecte profondément sa famille et se répercute dans les communautés et les sociétés. Il s’agit d’une crise humanitaire silencieuse mais que nous pouvons résoudre ».
Kadiatou Barry pour Guineematin.com