Youssouf Diallo tué par un militaire à Sonfonia (Conakry) : sa famille réclame justice

« Dès qu’il est parti, j’ai entendu un coup de feu. Je me suis demandé si ce n’était pas lui. C’est ainsi que je suis allé en courant. Quand je suis arrivé, j’ai remarqué que du sang sortait de ses oreilles. Je suis reparti en courant pour prendre mon téléphone. J’ai appelé l’ambulance, mais ils n’ont pas décroché. J’étais en larmes… Il y a un officier militaire ici, c’est l’un de ses gardes qui a tiré. Il est sorti de la cour, en tenue civile. Il a sorti le pistolet et lui a tiré dessus… », explique un témoin.

Comme annoncé précédemment, un homme du nom de Youssouf Diallo a été tué par balle ce mardi, 17 décembre 2024, par un militaire. Les faits se sont produits à côté du pont Diaguissa, au secteur Barkayanga, relevant du quartier Sonfonia. Selon les informations, l’auteur du crime, un militaire qui assurait la sécurité chez un officier supérieur de l’armée, a tiré à bout portant sur le défunt, marié et père de 5 enfants. L’émotion était vive dans sa famille qui réclame justice dans cette affaire, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Un témoin de la scène, qui a requis l’anonymat, explique ce qu’il a vu. « Grand Youssouf m’avait trouvé à ma place. Je lui ai demandé où est-ce qu’il allait, puis je lui ai conseillé de ne pas aller vers le pont Diaguissa, puisque les gens y sont. Il m’a répondu qu’il y allait juste pour atténuer les tensions et voir s’ils n’ont pas arrêté nos jeunes, parce que c’est la fin de l’année. Il avait ses 3 téléphones et un petit sac dans lequel il gardait de l’argent parce qu’il ne sort jamais sans. Dès qu’il est parti, j’ai entendu un coup de feu. Je me suis demandé si ce n’était pas lui. C’est ainsi que je suis allé en courant. Quand je suis arrivé, j’ai remarqué que du sang sortait de ses oreilles. Je suis reparti en courant, pour prendre mon téléphone. J’ai appelé l’ambulance, mais ils n’ont pas décroché. J’étais en larmes… Il y a un officier militaire ici, c’est l’un de ses gardes qui a tiré. Il est sorti de la cour, en tenue civile. Il a sorti le pistolet et lui a tiré dessus. C’est un soldat qui n’est même pas gradé. C’est lui qui est venu tirer sur le grand Youssouf. Ensuite, il a pris les 3 téléphones du grand et son sac, puis il est rentré dans la cour. Les gendarmes qui étaient là ne l’ont pas arrêté. Quand les jeunes ont commencé à se mobiliser, ils ont exigé à ce qu’il fasse sortir les téléphones et le sac de grand Youssouf, mais il n’a pas accepté. C’est l’un des gendarmes qui est allé récupérer les effets. Mais je ne sais pas s’il avait remis les effets du grand à sa famille ou aux jeunes, moi j’avais déjà quitté les lieux. Voilà comment les choses se sont passées », a-t-il expliqué.

Dans la famille mortuaire, les proches de Youssouf Diallo sont inconsolables. Fatoumata Diallo, désormais veuve, se tordant de douleur, a difficilement pu répondre à nos questions. Adjudant-chef de police, elle a demandé justice.

Fatoumata Diallo, veuve de Youssouf Diallo

« Aujourd’hui, j’étais assise entre 11h00 et 12h00, quelqu’un m’a appelé au téléphone. La personne m’a demandé où j’étais. Elle m’a informé qu’ils ont tiré sur lui… Celui qui a fait ça, je ne vais jamais lui pardonner, je vais le poursuivre jusqu’à ce que justice soit faite. J’ai 5 enfants et je veux qu’il y ait justice dans cette affaire, parce que l’auteur de ce crime a fait de mes enfants des orphelins. Je demande au président, le Général Mamadi Doumbouya, au Général Balla Samoura et au Général Bachir Diallo de m’aider à ce que justice soit rendue. Désormais, qui mes enfants vont appeler papa ? Ils n’ont plus de père ! », a-t-elle lancé.

Même son de cloche chez Hawa Diallo qui demande aux autorités de rendre justice pour son grand frère.

Hawa Diallo, petite sœur de la victime

« Aujourd’hui, j’étais à mon lieu de travail vers les 13h-14h, quand mon grand frère m’a appelé me demandant de venir directement à Sonfonia. Il m’a dit qu’ils ont tiré sur Koto Youssouf. C’est quand je suis venue que j’ai su qu’il était décédé. Suite à ça, nous, la famille, on ne peut rien dire, on ne peut rien faire, parce qu’on appartient à un État. Ce que nous pouvons, c’est de faire appel à l’Etat, au président de la République Mamadi Doumbouya et au Haut Commandant de la Gendarmerie, Balla Samoura, et d’appeler aussi le ministre de la sécurité, le Général Bachir Diallo. C’est un jeune dynamique et humble, qui avait une famille. Il a une femme et 5 enfants ; et c’est lui qui était tout pour sa famille. Aujourd’hui, il a rendu l’âme, je prie Dieu pour qu’il repose en paix. Mais encore une fois, j’appelle la justice, surtout de nous éclairer dans cette affaire »

Petit frère de la victime, Mamadou Lamarana Barry est lui aussi très affecté par la situation. Emboîtant le pas des autres membres de sa famille, lui aussi a demandé justice.

Mamadou Lamarana Diallo, petit frère de la victime

« C’est mon frère de lait qui est décédé. Moi aussi j’étais au travail vers Madina quand on m’a appelé pour m’informer qu’on avait tiré sur mon frère. Entre-temps, je recevais beaucoup d’appels concernant l’incident pour me demander qu’est-ce qui s’était passé. Mais, j’ai dit à tout le monde d’attendre que je sois sur les lieux pour les informer. Nous habitons à Sonfonia gare, précisément au carrefour célibataire, derrière l’université Cheick Modibo. Alors, une fois sur les lieux j’ai commencé à chercher à savoir comment ce malheureux incident a pu arriver. Dans mes recherches, j’ai eu 3 témoins devant lesquels les choses se sont passées. On m’a dit qu’il était de passage, dans ça, ils lui ont demandé pourquoi il était là. Il leur a répondu qu’il était juste venu pour arranger les choses, et voir si l’un des membres de notre famille n’était pas mis aux arrêts parmi les jeunes qu’ils avaient mis dans leur pick-up, parce apparemment, les gendarmes étaient en train de courir après des jeunes. Il y a des militaires qui assurent la sécurité chez un colonel qui habite à côté du pont Diaguissa. L’un des gardes s’est levé en présence des gendarmes et a tiré sur lui pendant qu’il avait le dos tourné. Après le coup, il est tombé sur place et les gendarmes n’ont rien dit. Et après lui avoir tiré dessus et qu’il est tombé, il est allé prendre son sac et ses 3 téléphones. Et tout ça, sous les yeux des gendarmes. Donc nous sommes curieux de savoir ce qu’il a réellement fait pour mériter ça. Nous demandons de l’aide auprès des autorités, que le général Mamadi Doumbouya et Balla Samoura nous aident à éclaircir cette affaire. Qu’on l’interpelle et le questionne sur les raisons de son acte. Notre frère était le soutien de famille. Aujourd’hui, il a laissé 5 enfants qui ne sont que des gosses. Qui va en prendre soin maintenant ? Quelqu’un qui se lève et tire sur une autre personne à bout portant, comme ça, sans aucune raison. Là, il ne faudrait même pas se poser la question, c’est un bandit. En tout cas nous on n’a pas pardonné », a déclaré Lamarana Barry.

Mariama Barry et Thierno Hamidou Barry pour Guineematin.com

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