Afrique de l’Ouest : « Aujourd’hui, on a l’impression que la CEDEAO accompagne les putschs militaires »

Dr Edouard Zoutomou Kpoghomou, président de l'UDRP

Les chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se sont récemment rencontrés à Abuja, au Nigeria, pour échanger sur de nombreux sujets d’actualité. La volonté de l’Alliance des Etats du Sahel (AES), composée du Mali, du Burkina et du Niger, de se retirer de l’institution la fragilise. Pour Dr Edouard Zotomou Kpoghomou, président de l’Union démocratique pour le renouveau et le progrès (UDRP), la CEDEAO ne peut plus imposer quoi que ce soit à ces Etats. Ce vice-président de l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (ANAD) l’a dit ce jeudi, 19 décembre 2024, dans un entretien accordé à Guineematin.com à travers un de ses reporters.

Pour Dr Edouard Zotomou Kpoghomou, la CEDEAO a démontré ses limites en ce qui concerne l’Alliance des Etats du Sahel (AES). « On ne peut pas proférer des menaces pour le simple plaisir de proférer des menaces. On sait, les menaces proférées par la CEDEAO lors des coups d’Etat qu’on a vus dans la sous-région, rien de tout ça ne s’est concrétisé. Nous, nous attendons que cela soit vrai. Aujourd’hui, on a même l’impression que la CEDEAO accompagne les putschs militaires en Afrique de l’Ouest. C’est ça la réalité ».

Prenant en exemple le cas guinéen, Dr Zotomou Kpoghomou rappelle que la CEDEAO a joué le jeu des militaires avant de tomber dans un piège. « La Guinée par exemple, les sanctions prises, rien n’a été concrétisé. On n’a fait que dorloter les putschistes, on les a caressés dans le sens du poil. Et quand vous le faites, vous voulez chercher des solutions négociées. Mais, il faut des solutions négociées avec la participation de tout le monde. Vous ne pouvez pas venir en catimini, essayer de vous arranger avec ceux-là qui sont au pouvoir. Alors que ce n’est pas eux qui détiennent la légitimité du pouvoir. Moi, je ne vois pas ce que la CEDEAO peut faire aux États de l’AES, par ce que ce sont des États qui ont montré leurs capacités de résilience. Si on veut les forcer à faire quelque chose, ce sera le chaos dans toute la région. Moi, je pense qu’il faut les approcher de façon négociée. Je n’accorde pas de crédibilité à la CEDEAO parce qu’elle a montré ses limites, par rapport même à la transition que nous vivons en Guinée, aux transitions au Mali, au Burkina Faso, au Niger. On a vu de quoi ils sont capables. Au départ, les intentions étaient très bonnes. Mais à date, on s’est rendu compte que ce n’était que du bluff », estime-t-il.

Sur les modifications constitutionnelles pour se maintenir au pouvoir, ce vice-président de l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (ANAD) affirme que la CEDEAO ne peut donner de leçons. « Si vous êtes contre les putschs militaires, il faut aussi condamner les modifications de constitutions. Quand on force pour changer une constitution, simplement parce que quelqu’un veut rester au pouvoir, c’est une façon illégale. Dans ces conditions, la CEDEAO ne peut pas venir se positionner pour donner des leçons ».

Amadou Lama Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 610 908 741

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