Comme indiqué dans nos précédentes dépêches, le vice-président de la délégation spéciale de Dabis, des habitants du village de Siriman, et la société minière de Boké (SMB), sont jugés devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF), dans une affaire de cession de terrains au bénéfice de la SMB. Le même dossier est en instruction au tribunal de première instance de Boké. Dans un entretien accordé à l’envoyé spécial de Guineematin.com à Boké hier, mercredi 18 décembre 2024, Ibrahima Mognèrè Bah, le vice-président de la délégation spéciale de Dabis, pointe du doigt un groupe de jeunes qui manipule certains membres de la communauté. Il précise d’ailleurs que les terres cédées à la SMB n’ont pas encore été décapées et que les fonds de compensation, qui s’élèvent à plus de 900 millions francs guinéens, ne sont pas payés à ce jour.
Ibrahima Mognèrè Bah, le vice-président de la délégation spéciale de Dabis, indique que les terres lui ont été cédées de façon consentante par les villageois. Il souligne qu’en dépit des négociations, le village de Kafach s’est opposé farouchement, sachant déjà que le domaine ne lui appartenait pas, pour lui il est victime à cause simplement de son appartenance sociale.
Dans son intervention, Ibrahima Mognèrè Bah, vice-président de la délégation spéciale de Dabis, a expliqué les origines de ce dossier. « Avant tout débat, je peux dire que ce n’est pas avec la communauté, mais avec quelques jeunes, 5 à 6 personnes, qui se disent Landouma, qui défendent la cause des Landouma. Ce sont ces jeunes-là qui sont à l’origine de tout ce qui est en train d’arriver. Tout a commencé lorsque l’arrêté ministériel me nommant vice-président de la délégation spéciale a été lu à la télévision nationale. Il y a ces mêmes jeunes qui se sont levés pour venir à la sous-préfecture et dire aux sous-préfets qu’ils n’étaient pas d’accord que je sois responsable de la communauté a Dabis, parce que je suis Peulh. Ce dernier a appelé le secrétaire général des collectivités décentralisées, avec l’appui de monsieur le préfet. Ils ont dit que, de toute façon, je suis guinéen, j’ai des biens aujourd’hui à Dabis, j’ai des plantations. Donc, partout où j’ai fait 5, 6, 7 ans, je peux être responsable là-bas. Cela a été fait ainsi. Le préfet a rappelé à l’époque qu’ils avaient nommé des hommes de confiance. Il a dit que ceux qui n’étaient pas d’accord devraient attendre les élections et se présenter. Cela a été fait ainsi. Concernant la communauté directement impactée par la SMB, nous avions de très bonnes relations, car je suis dans le commerce d’Anacarde. Je suis acheteur, je viens dans les villages pour acheter. S’ils ont des manques de certaines denrées, je peux les envoyer, et après tout, ils viennent payer. Ce sont ces sages-là qui m’ont appelé pour me dire de venir. La société a pris chez nous. Donc, nous sommes très d’accord, nous allons te donner une partie de nos terres. Ce jour-là, j’étais au bureau, je n’avais pas le temps, mais il a insisté. J’ai envoyé mes documents, ils ont fait l’inventaire sans moi. Mais avant tout, lorsque la SMB, la société, vient pour des activités d’inventaire, c’est toujours organisé quand le plan sort. Il y a toujours des topographes qui viennent pour baliser le plan, pour connaître le nombre d’hectares. Si cela est fait, ils font appel aux relations communautaires, qui appellent les communautés concernées par ce plan. Ils ont appelé Kalounka, Sambalan, Siriman, Kafach, et sont montés à la mine. Ils ont dit qu’ils avaient besoin de cette partie-là. Devant le sous-préfet et les conseils communaux, ils ont demandé à avoir 18 hectares. Tous les villages ont témoigné que ces 18 hectares appartiennent à la localité Siriman. Il s’est avéré que les gens de Siriman avaient défriché la partie pour faire des cultures saisonnières. Ils ont fait la reconnaissance ce jour-là, ils ont pris des photos de famille avec les Chinois, les responsables des relations communautaires, les topographes, et le cabinet chargé des inventaires, car ce n’est même pas le travail de la SMB qui fait l’inventaire, mais celui du cabinet Améra Plus. Ils m’ont envoyé la restitution physique, j’ai signé, et ils m’ont envoyé la restitution financière, j’ai signé, dont le montant est de 178 millions de francs guinéens. Lorsque le paiement a été programmé, le temps pour le cabinet et la société de traiter le dossier du plan, de faire la restitution physique et financière, il y a un certain jeune, Amara Kompo, qui est topographe à la SMB, qui est de Siliconco, et qui a dit que sa grand-mère maternelle vient de Siriman, donc qu’aucun étranger, aucun Peulh, ne peut se faire inventorier sur la terre des Landouma. Il a publié cela sur les réseaux sociaux. J’ai porté plainte contre lui. D’abord, il a été jugé et condamné par le tribunal. Ensuite, il a incité la communauté de Kafach à venir faire des semences que la société allait prendre, alors que l’inventaire était déjà terminé. La société était là pour traiter les données. Ils sont venus faire les cultures saisonnières, le riz, le maïs, et autres. Ils ont dit à la société de prendre. La société a répondu non, nous sommes même venus pour le décapage, donc permettez-nous de faire. Nous avons déjà fait l’inventaire, le montant de ce plan est de 907 millions, y compris le montant communautaire et ce qui m’appartient dedans. Ils ont dit que nous, nous sommes venus pour le décapage. La communauté de Kafach a bloqué l’activité. Ils ont appelé l’autorité communale et le sous-préfet, qui leur ont dit de replier, que nous nous organiserions pour voir ce qui se passe réellement. Nous sommes venus sur le terrain, mais le sous-préfet a dit, ici, cela a été inventorié, nous vous avons dit de ne plus faire de semences ici, vous ne pouvez pas. Ils ont répondu non, il faut que l’entreprise prenne. Le sous-préfet a dit non. Ce que nous pouvons faire ici, c’est plaider pour que la société paie l’argent à qui de droit, tout en acceptant d’arrêter le décapage jusqu’à ce que vous fassiez votre récolte. Après trois mois de récolte, ils viendront procéder au décapage et continuer leurs activités. Ce jour-là, nous nous sommes entendus sur le terrain, un document a été élaboré par la commune et la sous-préfecture, qui a été déposé à la SMB. La SMB a dit qu’il n’y avait pas de problème. Nous avons demandé à la communauté de Kafach de faire un écrit et de le faire parvenir à l’entreprise, afin qu’ils soient d’accord. Ensuite, nous allions homologuer ces deux écrits au tribunal, pour que l’entreprise fasse le paiement à qui de droit ».
Mais, précise le vice-président de la délégation spéciale de Dabis, les protestataires ont continué leurs manœuvres. « Cependant, ils ont dit que moi, en complicité avec certaines personnes, je me serais fait prendre dans la base de données de la SMB, car ils voulaient nuire au jeune qui supervise les inventaires, Yacouba Dioubaté. Ils disent qu’il est en connivence avec moi et que c’est nous qui faisons cela. Ils ont pris ces informations, les ont publiées à la communauté, et la communauté de Sérima a répondu que nous les connaissions bien là-bas et qu’ils ne contestaient pas. Mon ami m’a appelé et m’a dit ‘’ Comment peux-tu te faire inventorier sur la terre de Sérima’’ ? J’ai répondu que c’était eux qui m’avaient donné cette terre. Il a rétorqué qu’il fallait le lui dire. J’ai ajouté que je ne pouvais pas, mais si une communauté me donne, tu ne sais pas pourquoi elle m’a donné. Je n’ai pas besoin de t’expliquer cela, mais si tu trouves quelque chose de louche, tu peux te rapprocher des parties civiles qui sont en train de critiquer ou porter plainte. Lui-même, avec le sous-préfet, est allé jusqu’à Sérima, où la communauté a confirmé que c’est elle qui avait donné. Les sages, la jeunesse, et les femmes, tout le monde était consentant par rapport à cela. Ils sont venus porter plainte pour détournement, vol, menace, et d’autres infractions. Ils ont pris un chapelet pour rédiger leurs infractions et ont fait leur plainte », a-t-il indiqué.
Par ailleurs, Ibrahima Mognèrè Bah souligne que toutes les démarches administratives et judiciaires ont été respectées. Le domaine en question avait été reconnu par les autorités locales, et les documents attestant de la cession des terres avaient été dûment signés par les représentants des communautés concernées. Mais, le domaine n’est pas encore exploité et le paiement n’est pas encore effectué par la SMB, bien que les autres parlent de détournement. « En ce qui concerne le plan, il y a ce document qui a été élaboré par le cabinet et la société. Il y a aussi un autre document, fait entre les autorités et les communautés, entre le président du district et moi, qui est une attestation de cession. Ce document a été fait par le cabinet chargé des inventaires. Lorsque la communauté a reconnu cela, elle s’est faite représenter par son chef de secteur. Il y a aussi le montant en jeu, qui est de 178 millions GNF. L’argent n’a même pas été payé. Ils parlent de tous de détournement. Aujourd’hui, nous sommes à la CRIEF et l’argent n’a pas encore été payé. Le terrain litigieux n’a même pas été exploité par la SMB. Elle n’a pas décapé le terrain, il n’y a rien. Si cela appartient à telle ou telle personne, c’est après une décision de justice que la société va payer. Les chèques sont disponibles à la SMB, mais l’argent n’est pas payé ».
En outre, le vice-président de la délégation spéciale de Dabis dénonce un harcèlement de la part de 6 jeunes de la localité pour des raisons subjectives. « Nous disons que tout cela est un harcèlement, me qualifiant d’étranger, mais pas toute la communauté. Car, il faut dire la vérité, ce sont ces six jeunes, un certain Abdoulaye Kalabane, qui sont en train de semer la terreur et de me diffamer partout, alors que je suis constant et conforme à la loi. Je n’ai rien fait de grave. Dieu faisant, tous les documents de cession qui ont été signés par cette communauté sont là. La communauté elle-même ne conteste pas ce qu’elle a cédé. Aucun membre de Sérima ne conteste cela. Aujourd’hui, eux-mêmes souffrent à cause de moi. Ce que j’ai à dire personnellement, c’est que les autorités administratives dont je me retrouve sous la responsabilité fassent des sensibilisations pour dire aux Guinéens et à ces jeunes que nous sommes tous Guinéens. Tu peux être né à Télimélé comme moi, mais ton destin est fait à Boké. Il y en a d’autres qui sont nés à Boké et se retrouvent à Conakry pour chercher leur quotidien. Mais eux, ils ont l’esprit ici que tout le monde est étranger et à un moment donné, ce sont des jeunes qui sont venus me rencontrer pour dire qu’il faut enlever les Kourouma des relations communautaires, les Loukas, et même aller très loin, les topographes Diallo et Tannou, qu’ils sont des étrangers, que ce sont des décideurs noirs à la SMB et qu’ils doivent quitter pour recruter d’autres personnes. Moi, je leur ai dit : à compétence égale, la communauté impactée passe en priorité. Mais si la compétence n’est pas égale, on ne peut pas laisser un cadre supérieur avec un doctorat pour venir prendre quelqu’un d’autre, simplement parce que l’entreprise est venue et qu’elle mène des activités chez vous ».
Ibrahima Mognèrè Bah dit avoir confiance aux autorités judiciaires dans ce dossier. « Les autorités judiciaires ont mené beaucoup d’enquêtes. Même le procureur de Boké a mené beaucoup d’enquêtes à ce sujet. Mais finalement, on commence à voir la réalité. Car s’ils ont saisi le tribunal de Boké pour un montant de 907 millions, ils se retrouvent à la CRIEF pour le même montant de 907 millions. Vous voyez, Dieu merci, les avocats se sont battus. L’avocat Me Moussa Diallo avait souligné quelque chose sur la citation. On dit « Abdoulaye Mané, Idris Akoumba, Sayon Mané, Younousa Mané » et 69 autres personnes. L’avocat a dit : « La partie civile, si tu portes plainte contre quelqu’un, il faut que tu sois identifié. C’est toi qui a porté plainte. » Selon l’article 657 du Code de procédure pénale. L’avocat a souligné cela, et le tribunal a rejeté la citation en premier lieu. Maintenant, en deuxième lieu, quand nous sommes venus à l’audience, les gens ont dit qu’il fallait que le premier président de la Cour suprême statue d’abord sur la décision du tribunal d’instance et de la CRIEF, pour savoir lequel est compétent pour connaître de cette affaire », a-t-il souligné.
Ismaël Diallo pour Guineematin.com
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