Causes, symptômes, prise en charge de l’infertilité masculine : Pr Bissiriou Bah dit tout à Guineematin

Professeur Mamadou Bissiriou Bah, chirurgien-urologue au CHU Ignace Deen

L’infertilité du couple est l’absence de grossesse après au moins 12 mois de rapports sexuels sans contraception, normaux, en fréquence et en qualité au sein d’un couple en âge de procréer vivant régulièrement ensemble. Même si le sens commun est prompt à pointer du doigt la femme, il n’en demeure pas moins que l’homme peut aussi être source du problème. C’est là qu’on peut parler de l’infertilité masculine, quand l’impossibilité de concevoir du couple est lié à une cause masculine (à l’homme). Pour parler des causes, des statistiques et de la prise en charge de l’infertilité masculine, un reporter de Guineematin.com a donné la parole au Professeur agrégé Mamadou Bissiriou Bah, chirurgien-urologue au CHU Ignace Deen.

A l’entame, Pr Mamadou Bissiriou Bah a défini infertilité masculine. « D’abord, on va parler de l’infertilité du couple, qui est définie comme l’absence de grossesse après au moins 12 mois de rapports sexuels sans contraception, normaux en fréquence et en qualité au sein d’un couple en âge de procréer vivant régulièrement ensemble. Nous parlerons d’infertilité masculine si cette impossibilité de concevoir du couple est lié à une cause masculine. Mais en Afrique, le plus souvent, dans nos sociétés, c’est la femme qui est souvent incriminée, alors que dans 40% des cas d’infertilité, l’homme peut en être responsable », a-t-il expliqué.

Par ailleurs, le Pr Bah a expliqué comment reconnaître un bon spermatozoïde. « Le spermatozoïde est la cellule qui permet à l’homme de se reproduire. Un bon spermatozoïde est reconnu à travers un spermogramme qui est l’examen de référence. Cet examen permet d’évaluer le nombre, la mobilité, la vitalité et la morphologie des spermatozoïdes. Le spermogramme est dit normal lorsque le nombre de spermatozoïdes est supérieur à 15 000 000 par ml et que plus de 32% de spermatozoïdes soient mobiles et plus de 58% de spermatozoïdes soient vivants. Parfois, nous rencontrons des patients qui n’ont aucun spermatozoïde dans le sperme (azoospermie) », a fait savoir le médecin.

En outre, le Pr Bissiriou Bah a indiqué qu’il n’y a pas de symptômes spécifiques, mais on peut retrouver certains signes chez le sujet malade. « Pas de symptômes spécifiques. Parfois, nous pouvons retrouver certains de ces signes tels que l’hypertrophie testiculaire (testicules de petites taille), une absence des testicules dans les bourses (une cryptorchidie, anorchidie…) un micro pénis associé à une gynécomastie (développement des seins chez l’homme), des troubles éjaculatoires. Le plus souvent, c’est le désir d’enfant qui amène l’individu à consulter ».

En ce qui concerne les causes, le médecin a expliqué qu’elles sont multiples. « Les causes de l’infertilité masculine sont diverses : il y a la cause mécanique de l’infertilité, due à un problème localisé au niveau des organes génitaux masculins. Par exemple la varicocèle (il s’agit de l’une des causes principales de l’infertilité masculine. Elle correspond à une dilatation variqueuse d’une veine au niveau du cordon spermatique), la cryptorchidie, l’éjaculation rétrograde (éjaculation du sperme dans la vessie). Il y a aussi l’agénésie vésiculo différentielle bilatérale congénitale, c’est-à-dire l’absence des vésicules séminales et des canaux différentiels. Il y a aussi la cause hormonale : hypogonadisme hypogonadotrope sévère (synthèse insuffisante des hormones sexuelles d’origine testiculaire) due à la diminution de la sécrétion des gonadotrophines LH et FSH (hormones hypophysaires) qui empêche ou interrompt l’activation testiculaire nécessaire à la production de spermatozoïdes. Et les causes liées à des anomalies spermatiques, c’est-à-dire l’absence de spermatozoïdes, diminution du nombre, de la mobilité et des formes normales des spermatozoïdes voire un nombre élevé de spermatozoïdes morts. Il faut aussi noter autres facteurs de risque qui peuvent influencés l’infertilité masculine, tels que les infections (tuberculose génitale, orchite ourlienne chlamydiose…), qui peuvent fermer les canaux qui servent au passage des spermatozoïdes. Il y a d’autres aussi qui naissent sans ces canaux, ce qui veut dire que ces personnes-là ne peuvent pas féconder. Il y a également le traumatisme du testicule, même les tumeurs des testicules peuvent être responsables d’un défaut de production de spermatozoïdes au niveau des testicules. Le tabagisme, l’alcool, la pollution, le stress, une mauvaise hygiène alimentaire peuvent également influencer sur l’infertilité masculine ».

En ce qui concerne le traitement, le Professeur Bah a précisé qu’il peut être chirurgical ou médical. « Le traitement est complexe et dépend de la cause. Il peut être chirurgical ou médical. Sur le plan chirurgical, dans notre contexte, nous procédons le plus souvent à la cure de la varicocèle, à un abaissement testiculaire chez les enfants pour prévenir l’infertilité. Il existe d’autres moyens chirurgicaux que nous ne pratiquons pas faute de plateau technique. Il y a également le traitement médical. Il s’agit de la stimulation de la spermatogenèse, la prise d’anti-oxydants pour booster les spermatozoïdes. Parfois, la prise en charge nécessite une assistance médicale à la procréation (PMA). Ces centres n’existent pas en Guinée ».

Pour ce qui est des statistiques au niveau national, le Pr Mamadou Bissiriou Bah a dévoilé qu’au service urologie du CHU Ignace Deen, l’infertilité masculine représente environ 8,2 % dont la varicocèle est la plus diagnostiquée. « L’infertilité masculine représente environ 8,2% des consultations dans notre service. La cause la plus retrouvée d’infertilité masculine dans notre contexte est la varicocèle. Elle représente environ 17% des cas d’intervention chirurgicale », a-t-il fait savoir.

Pour terminer, le médecin invite les couples à se faire consulter par des spécialistes et aux autorités à créer centres d’assistance médical à la procréation. « Un couple marié qui a des rapports sexuels réguliers avec désir d’enfant pendant 12 mois sans concevoir doit consulter afin de déterminer la cause. Nous invitons également les autorités à créer des centres d’assistance médical à la procréation dans notre pays pour faciliter la prise en charge des patients qui deviennent de plus en plus nombreux ».

Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com 

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