Maison des jeunes de Sangarédi (Boké) : pomme de discorde entre les jeunes et l’ancien maire Oudy Bah

La situation de la maison des jeunes de Sangarédi, dans la préfecture de Boké, suscite une grande frustration au sein de la jeunesse. Cet espace dédié aux jeunes pour leur épanouissement n’est plus que l’ombre de lui-même, abandonné à son triste sort. Des jeunes de la localité, interrogés par l’envoyé spécial de Guineematin.com, ont exprimé leur désarroi et accusé l’ancien maire Mamadou Oudy Bah d’avoir un rôle dans cet état de fait. Ce dernier se défend et explique que l’infrastructure a bien fonctionné pendant un moment.

Mohamed Sylla, président de la jeunesse du quartier Bappa Sergent, a exprimé sa déception et sa colère face à ce qu’il considère comme une « insulte » à la jeunesse de Sangarédi.

Mohamed Sylla, président de la jeunesse du quartier Bappa Sergent

« Cette maison des jeunes a été financée par la CBG à hauteur de 600 millions de francs guinéens. C’est une insulte à la jeunesse de Sangarédi, qui est une trahison. Et la personne qui a géré ce projet était l’ancien maire qui occupait la commune de Sangarédi. Je crois que c’est lui. L’appel d’offres a été lancé, ils ont donné la construction de cette maison des jeunes à un entrepreneur. Et je vois combien de fois nous avons été trahis et blessés. Aujourd’hui, Sangarédi est la seule jeunesse en Guinée qui n’a pas de maison des jeunes digne de ce nom. La maison est complètement délabrée, et on ne peut même pas la comparer à une maison des jeunes, car elle ne répond à aucun critère. Donc aujourd’hui, nous lançons un appel aux autorités pour qu’elles sachent que, réellement, on s’est toujours tu, mais il n’est plus le moment de se taire. Il faut dénoncer les comportements malhonnêtes de certains responsables et élus locaux qui font qu’aujourd’hui cette jeunesse guinéenne n’arrive pas à se développer. Et ce monsieur a été envoyé à la commune par un parti politique, et je crois que voilà le résultat de ce qu’il a fait pour la jeunesse de Sangarédi. Nous avons le cœur meurtri aujourd’hui. Nous demandons aux nouvelles autorités de porter assistance à la jeunesse de Sangarédi. Nous avons compris qu’on a été manipulé pendant des années. Il n’est plus question de vivre dans cette manipulation », déclare-t-il.

Par ailleurs, Mohamed Sylla a dit tout le soutien que la jeunesse de Sangarédi apporte aux autorités de la transition. Il sollicite leur appui pour sortir la jeunesse de l’ornière.

« Aujourd’hui, nous nous mettons dans les idéaux du CNRD, qui sont des idéaux de progrès, de développement et de quiétude sociale. Nous avons compris. Nous demandons à l’autorité en place aujourd’hui de nous soutenir pour avoir des infrastructures de base dans les banlieues. Toutes les infrastructures de Sangarédi aujourd’hui se trouvent dans la cité. Nous n’avons pas d’hôpital ni de clinique privée dans les banlieues. Nous demandons à l’État de faire face à cette ville qui a tant souffert à cause du comportement malhonnêtes de certains politiciens. Nous faisons face à l’autorité en place. Nous lui apportons 100 % notre soutien. Nous ne les soutenons pas parce que c’est le CNRD, mais nous les soutenons pour les actes qu’ils ont posés en Guinée. Nous avons vu beaucoup de politiciens qui ont pris ce pays, qui ont géré ce pays pendant 10 ans, 15 ans. Et ce qui a été fait en 2 ou 3 ans aujourd’hui est plus que ce qu’ils ont pu faire durant 15 ou 20 ans. Donc encore, nous lançons un appel solennel aux nouvelles autorités pour qu’elles essaient de rencontrer la jeunesse de Sangarédi et de discuter avec nous. Car à chaque fois qu’on parle au nom de la jeunesse de Sangarédi, ils cherchent à prendre une petite minorité qu’ils contrôlent… Nous sommes une jeunesse consciente. Une jeunesse qui opte pour le bien-être de ce pays. Parce que notre devise aujourd’hui, c’est la Guinée. Si j’ai pris la parole aujourd’hui, c’est au nom de la jeunesse de Sangarédi. Et nous aimerions, dans le futur, construire un avenir pour nos progénitures. Nous aimerions avoir des infrastructures dignes de ce nom que nos progénitures pourront utiliser dans l’avenir », a-t-il déclaré.

Mamadou Oudy Bah, maire sortant de Sangarédi, se défend et explique comment le marché de construction de la maison des jeunes a été attribué jusqu’à la finition des travaux. Selon lui, tout a été supervisé par la préfecture et le paiement a été directement fait par la CBG.

Mamadou Oudy Bah, maire sortant de Sangarédi

« C’est un projet de 2018 financé par le projet communautaire de la CBG à hauteur de cinq-cent-trente millions. Comme vous le savez, les projets communautaires ne sont pas comme les autres projets. La commune ne peut que faire un cahier des charges et soumettre ce cahier des charges à la CBG. Si l’ingénierie valide, on fait l’appel d’offres, les entrepreneurs se manifestent et, à l’issue d’une passation de marché public, en présence de la CBG, le projet est octroyé à un entrepreneur. C’est ainsi que l’entreprise Maïga et Frères a bénéficié du projet. Les fonds ne sont pas gérés par la commune. Les fonds sont gérés par la CBG. Lorsque l’entrepreneur réalise les travaux, c’est ainsi que nous avons choisi, car nous avons envoyé trois projets et ils ont pris un seul projet. Le financement de la maison des jeunes, car cela nous tenait à cœur d’avoir une maison des jeunes pour la jeunesse de Sangarédi. Le terrain sur lequel elle a été construite est un terrain de la CBG. Il a fallu que je négocie avec l’ANAIM et la CBG pour obtenir quatre mille cinq cent mètres carrés pour y implanter la maison. Maintenant, la passation de marché a été effectuée, l’entreprise a commencé à faire les travaux, puis c’est la préfecture qui désigne l’ingénieur conseil. Ce n’est pas la commune qui désigne l’ingénieur conseil, c’est le service habitat-urbanisme de la préfecture. C’est lui qui est chargé de superviser les travaux lors de la réalisation des différents projets de la CBG. Les projets de la CBG ne prévoient pas un volet pour payer l’ingénieur conseil. C’est donc le directeur de l’habitat et de l’urbanisme qui a supervisé les travaux. À chaque étape, l’ingénieur conseil a fait un état des lieux et nous a remonté les informations au niveau de la commune. Nous ne sommes pas architectes, nous ne sommes pas dans la construction, c’est l’ingénieur conseil qui est chargé de détecter les failles ou non. Ensuite, ces constats sont remontés à l’ingénierie de la CBG à Kamsar. Une fois que les travaux ont été achevés, l’ingénierie est venue faire un constat. Après cela, ils ont validé que les travaux étaient terminés et que la CBG pouvait payer. C’est ainsi que l’entreprise a fait une demande de paiement, que nous avons validée et envoyée à la logistique de Kamsar, qui a payé l’entrepreneur. La commune ne voit pas la couleur de cet argent financé par la CBG. Ce n’est pas la commune ou les maires qui payent les entrepreneurs dans le cadre des projets communautaires. Tout est géré au niveau de la CBG. Ce n’est pas comme les autres projets. Le rôle de la commune est simplement de choisir le micro-projet, d’attester, après le constat de l’ingénieur conseil, que les travaux sont à tel niveau et que la CBG peut payer. C’est tout ce que nous avons fait », s’est-il défendu.

En outre, l’ancien maire Mamadou Oudy Bah indique que la maison des jeunes a été fonctionnelle. Selon lui, la structure de la maison a été endommagée par un véhicule, à l’occasion d’une cérémonie. C’est ainsi que les activités à la maison de la jeunesse ont été arrêtées pour raison sécuritaire. « La maison des jeunes a bien fonctionné. Celui qui vous dit qu’elle n’a pas été fonctionnelle, ce n’est pas vrai. Elle a bien fonctionné, car elle a été gérée par un comité de gestion composé de jeunes. C’est ce comité qui gérait la maison des jeunes. Il y a eu des mariages, des activités culturelles, et même le ministère de l’Information est venu lors de la Coupe d’Afrique 2018 installer une chaîne musicale et un téléviseur pour que les jeunes puissent suivre les matchs. Ce comité de gestion a géré jusqu’à ce qu’il y ait un accident. Un véhicule qui faisait marche arrière a heurté la devanture de la maison des jeunes. C’est ce qui a causé l’ouverture visible à l’entrée de la maison. Quand cela s’est produit, la charpente a été dérangée. Dès que j’ai constaté cet affaissement, je n’ai plus autorisé la tenue d’activités dans la maison des jeunes. Il ne fallait pas qu’un accident mortel s’y produise. C’est pour cette raison que j’ai demandé au comité d’activités de suspendre toute activité jusqu’à ce que nous trouvions une solution pour corriger ou reconstruire entièrement la maison des jeunes. Sinon, la maison des jeunes a bel et bien fonctionné pendant plus de trois ans », a-t-il souligné.

Ismael Diallo pour Guineematin.com

Tél. : 624 69 33 33

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