Manque d’intérêt de la CEDEAO pour la Guinée : « Ça montre que nous devons compter sur nos propres efforts »

Dans le communiqué final sanctionnant la réunion des chefs d’Etats de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CDEAO), le cas de la Guinée est juste évoqué. Ce qui témoigne du peu d’intérêt que suscite la situation socio-politique incertaine que connaît le pays. C’est ce que soutient Aliou Bah, président du Mouvement Démocratique Libéral (MoDeL), conscient que la solution à nos problèmes ne viendra que des Guinéens. Il l’a dit ce samedi, 21 décembre 2024, à l’occasion de l’assemblée hebdomadaire tenue au siège du parti à Nongo, dans la commune de Lambanyi, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

En 2022, la CEDEAO avait conclu un accord avec le CNRD, la junte militaire qui dirige la Guinée depuis le 5 septembre 2021, stipulant que la transition prendrait fin le 31 décembre 2024. À quelques jours de cette date butoir, alors que des voix s’élèvent déjà pour demander de ne plus reconnaître les autorités actuelles, la même CEDEAO annonce qu’une forte délégation viendra bientôt à Conakry.

Pour Aliou Bah, cette attitude prouve que les problèmes de la Guinée ne sont pas prioritaires à la table de la conférence des chefs d’État de l’Afrique de l’Ouest.

« Je crois que la CEDEAO a été gentille de nous accorder dix lignes ; cela prouve que le sujet n’a pas été débattu en profondeur. La résolution n’a pas été précise, c’est regrettable. J’aurais pensé que la CEDEAO, au lieu de parler de la feuille de route de manière succincte, serait revenue sur l’accord dynamique signé entre les autorités de la transition et la CEDEAO. Elle aurait eu le courage de constater que cet accord dynamique n’a pas été respecté, car il était question pour la junte de rendre le pouvoir aux civils lors d’élections devant se tenir avant le 31 décembre 2024. Bien qu’ils aient ajouté le terme ‘dynamique’, qui implique une certaine flexibilité, cela montre dès le départ qu’il n’y avait pas de bonne foi. Quand on utilise un terme comme celui-ci, cela donne l’impression que c’est élastique, ce qui signifie qu’on peut repousser le délai autant de fois que l’on souhaite. À l’époque, vous pouvez encore consulter les archives ; personnellement, j’avais pris position pour alerter sur cette stratégie de la junte, en l’occurrence l’élasticité », déclare-t-il.

Par ailleurs, Aliou Bah accuse la junte d’être de mauvaise foi. Sinon, cet accord signé avec la CEDEAO aurait dû faire l’objet d’un large consensus. « J’ai alerté sur le fait que la junte n’était pas de bonne foi dès le départ. Sinon, les accords qui devaient être signés à cet égard auraient dû faire l’objet d’un consensus national ici, donc d’un accord concerté. Cependant, c’est en catimini que la junte s’est isolée avec une équipe de la CEDEAO pour nous produire un accord qu’ils ont rendu public. En dépit de cela, nous avons dit que nous prenons acte, espérant que les autorités de la transition respecteraient au moins cela. Or, aujourd’hui, elles ne respectent ni cet accord ni leurs engagements, ni leur serment », a-t-il souligné.

Pour le président MoDeL, la CEDEAO est une organisation qui n’a pas de véritable marge de manœuvre. D’ailleurs, Aliou Bah rappelle que toutes les institutions internationales ont atteint leurs limites. « La CEDEAO est une organisation qui n’a pas de marge de manœuvre réelle pour agir sur les États membres. Certains se sont même retirés de manière unilatérale. La CEDEAO a créé ses propres crises en n’assumant pas ses responsabilités face aux défis dans les différents États membres. Certes, nous sommes membres d’institutions internationales, mais ces dernières années, elles ont atteint leurs limites ; il y a une crise du multilatéralisme dans le monde. Cela montre que nous devons compter sur nos propres efforts », a laissé entendre Aliou Bah.

Abdoulaye N’koya SYLLA pour Guineematin.com

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