Exploitation des mines (bauxite), routes, électricité, eau… Télimélé expose ses revendications au Premier ministre, Bah Oury

Le Premier ministre Amadou Oury Bah a reçu en audience ce vendredi, 20 décembre 2024, une délégation du conseil des sages de Télimélé. C’était en présence du secrétariat préfectoral des affaires religieuses et des ressortissants de la préfecture de Télimélé vivant à Conakry et à l’extérieur du pays. Au cours de cette rencontre, tenue à la Primature, la délégation de Télimélé a énuméré au Premier ministre les problèmes qui assaillent leur préfecture. Bah Oury a salué et remercié Télimélé avant de leur annoncer sa venue prochaine dans la préfecture carrefour et de se battre pour résoudre les difficultés ambiantes, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.

À l’occasion de cette rencontre, Elhadj Cheick Amadou Tidjane Kouyaté, au nom de la délégation, a détaillé les maux dont souffre la population de Télimélé.

Cheick Amadou Tidiane Kouyaté, porte-parole du conseil des sages

« Excellence monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, parmi les maux dont souffrent nos populations, on peut citer entre autres : la Fourniture en Électricité, le Micro-barrage de Samankou Commune Urbaine de Télimélé, les Barrages de Souapiti et Kaléta.  Le fleuve Konkouré qui s’étale sur plus de 90% sur le territoire de Télimélé par sa rive droite et dont la protection et la préservation sont assurées par nos populations, abrite les barrages de Souapiti et Kaléta. En dépit de tout, Télimélé est privée de l’énergie fournie par ces barrages hydro-électriques, sans compter les dommages dont sont victimes nos populations riveraines déguerpies ou non. De ce fait, on ne pourrait comprendre que les populations de notre préfecture ne bénéficient pas du même courant qui profite aux autres préfectures situées sur sa rive gauche à savoir Dubréka, Kindia, Fria et Mamou.

  • Les Infrastructures Routières

D’une manière générale, la préfecture de Télimélé souffre d’un enclavement total bien qu’elle soit l’un des plus grands carrefours du pays. Il faut rappeler que Télimélé fait limite avec huit (8) préfectures : Kindia, Dubréka, Fria, Boffa, Boké, Gaoual, Lélouma et Pita. Cependant, l’accès à celle-ci s’avère difficile voire parfois impossible. De manière spécifique, les populations de Télimélé souhaitent vivement : le bitumage du tronçon Souapiti – Télimélé Centre, environ 100 Km, dont l’état actuel est fortement dégradé au risque de connaître la rupture de la Circulation entre Télimélé et la Capitale, surtout en période hivernale. L’extension du goudron pour au moins 20 km au centre-ville; le bitumage de la route Kindia-Télimélé- Gaoual qui constitue pour les usagers un vrai parcours du combattant, le reprofilage et les ouvertures de franchissement des routes de Télimélé – Sangarédi, Fria – Télimélé (le pont de Bankoun long de 57m est coupé depuis juillet 2024, un véritable calvaire pour les usagers), Télimélé – Lélouma.

  • Des Problèmes d’Eau 

Le centre de Télimélé, situé sur une colline et des plateaux, rencontre assez de difficultés pour son approvisionnement en eau. Pour soulager notre population, surtout les femmes et les jeunes de cette corvée, il est souhaitable que le fonctionnement de la SEG soit adapté aux besoins en eau potable de la ville. De même pour les villages, il est nécessaire de faire une extension des forages et la réhabilitation de ceux qui sont tombés en panne. (La Finition et l’ouverture de l’École professionnelle construite il y a plus de 15 ans dans la Commune Urbaine. Ce centre assurera la formation de nos enfants dans différentes filières de métier et leur facilitera la réinsertion sociale).

  • Des Zones Minières

Nous estimons, Monsieur premier Ministre, chef du gouvernement, que les sociétés minières, en plus du contenu local qu’elles appliquent dans les collectivités impactées, devraient réaliser le désenclavement entre Missira – Télimélé, Kawéssi – Daramagnaki – Télimélé » a fait savoir le porte-parole de la délégation.

En réponse, le Premier ministre a remercié Télimélé pour cette belle initiative et indiqué que ces revendications sont légitimes.

Bah Oury, premier ministre

« Il est de coutume de dire qui ne dit rien, consent. Qui ne se plaint pas, cela veut dire qu’il n’y a pas de problème. C’est tout à fait normal et légitime à travers votre représentativité d’exprimer de manière claire et nette les besoins et les aspirations de la population, parce que s’il n’y a pas une autorité quelconque qui exprime les attentes des besoins et aspirations de la population, il va de soi que la population se sente abandonnée. Et donc, par rapport à cela, on vous en remercie. La liste est longue parce que, en fait, pendant très longtemps vous avez contribué à enrichir l’État mais l’État vous a négligés. C’est par vos propres efforts que vous vous attaquez au mont Loubha. C’était un exemple d’engagement et de détermination de dire si l’État ne s’occupe pas de nous, nous, on va s’occuper de Télimélé…Ce que vous demandez, personne ne le conteste. Nous allons passer en revue les revendications une à une et dans peu de temps avec l’aide de Dieu, j’irai à Télimélé pour vous apporter des éléments de réponse », a promis Bah Oury.

Par ailleurs, le Premier ministre a déclaré que le développement de la Guinée passera par celui de Télimélé. « Je le dis et je le répète, le développement de la Guinée passe nécessairement, avant tout, par le développement de Télimélé. Le désenclavement d’une bonne partie de la Guinée, il va de soi puisque Télimélé est bordée par 8 autres préfectures. Le désenclavement du reste du pays est nécessaire, cela veut dire que Télimélé devient un carrefour. Mais ce n’est pas du jour au lendemain qu’on peut corriger près de 60 années de manque d’actions véritables pour l’aménagement du territoire et pour le rééquilibrage en ce qui concerne les investissements publics. Dans 5 ans au moins, il y aura beaucoup de choses qui se réaliseront, toujours avec l’aide de Dieu. Il y a des priorités qui sont déjà partagées par tout le monde. La route Kindia-Télimélé-Gaoual ou la route Kindia-Télimélé-Lélouma, c’est une nécessité absolue pour d’une part satisfaire les besoins des nouvelles industries extractives de bauxite. C’est un élément important. Deuxièmement, le corridor Nord. Le corridor Sud est celui de l’axe ferré Moribaya-Beyla. Celui du Nord sera au-dessus. Et les perspectives tourneront autour du développement de l’industrie minière de transformation de la bauxite. Ça a déjà commencé bien que les travaux ne soient pas encore effectifs au niveau de la zone de Kamsar. Il y a l’usine Altéo qui est en perspectives, qui va contribuer à la transformation de la bauxite pour la production d’alumine… Il y aura une voie de chemin de fer qui va passer par le Nord et qui ira peut-être jusqu’au Mali. Ce sont des perspectives. »

Réagissant aux maux dont souffrent Télimélé, évoqués par le porte-parole de la délégation, le Premier ministre informe qu’il se rendra à Télimélé au début de l’année 2025 avec les réponses. « Ce qui est là dans votre lettre, c’est concret et c’est précis. Dans peu de temps, avec les études, avec les éléments, parce que j’aurai besoin de prendre en compte l’état d’avancement des études de ce qui est envisagé ministère par ministère pour apporter des éléments de réponse. Il y a des choses qu’on pourra régler le plus rapidement possible puisque ça ne nécessitera pas des études spécifiques, par exemple la turbine de micro-barrage mais je préfère en discuter avec les techniciens pour savoir quel est le problème avant de dire quoi que ce soit. Le Général Mamadi Doumbouya est tout à fait en phase avec les revendications que vous exprimez. Nous allons dès le début de l’année y travailler, et les éléments de réponses, on en parlera à Télimélé », a laissé entendre monsieur Bah.

En outre, le Chef du Gouvernement a réitéré que le développement industriel de la Guinée passera forcément par l’exploitation des réserves de bauxite à Télimélé : « On va travailler. Je ne le dis pas pour vous faire plaisir, mais vous savez que sortir la Guinée de la pauvreté et transformer de manières durables le pays et équilibrer les régions, il faudra qu’on travaille sur la région bauxitique. Pour ceux qui ne le savent pas, nos véritables réserves de bauxite ne sont pas encore touchées. Et ces réserves sont dans le triangle Télimélé – Pita. C’est à ce niveau que les teneurs les plus riches se trouvent. Dans le passé, certains n’ont pas voulu qu’on développe cette partie. Vous savez pourquoi ? Ce n’est pas parce qu’ils ne voulaient pas que les populations en profitent. Mais, il ne fallait pas que toutes les richesses de la Guinée soient consommées très rapidement. Il fallait laisser des zones de réserve pour l’avenir. Le développement industriel de la Guinée passera nécessairement par l’exploitation de ces zones. Mais, on ne voudra pas que ce soit une exploitation traditionnelle, c’est-à-dire on convoie seulement la terre. Il faut que ça se transforme sur place. Donc, il faut premièrement, que les enfants étudient, sinon ce sont d’autres qui vont en profiter. Il faut préparer l’avenir, dire aux enfants qu’il faut qu’on étudie. Deuxièmement, le développement passe par la stabilité. Il faut que la zone soit une des zones les plus stables. Je sais que vous travaillez et que vous montrez la voie à beaucoup d’entre nous. Mais, je vous remercie surtout de l’initiative d’être venu ici aujourd’hui. Ce n’est pas pour venir chanter les louanges de qui que ce soit, mais c’est de dire exactement les préoccupations de la population. Je vous en remercie. Je transmettrai au Général Mamadi Doumbouya la teneur de vos propos et de vos attentes. Soit en janvier ou février, on se verra à Télimélé ».

 Boubacar Diallo pour Guineematin.com

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