Les avocats du Dr Ibrahima Kassory Fofana (ancien Premier ministre guinéen) ont exprimé leur indignation à l’encontre du parquet spécial de la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF). Lors d’une conférence de presse tenue dans l’après-midi de ce mardi, 24 décembre 2024, ils ont accusé le parquet de bloquer l’exécution d’une décision judiciaire ordonnant le transfert de leur client dans un centre hospitalier approprié à son état de santé, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Le 11 décembre dernier, la chambre de jugement de la CRIEF avait ordonné le transfert du prévenu Ibrahima Kassory Fofana vers un centre médical spécialisé, vérifiant son état de santé. Cependant, selon la défense, cette décision reste encore non appliquée en raison, précise-t-elle, de l’inaction du parquet spécial.
A en croire Me Sidiki Bérété, le parquet spécial, dirigé par Ali Touré, se refuse d’exécuter la décision sous prétexte que le centre hospitalier n’a pas été spécifiquement désigné dans l’arrêt rendu par la Cour.
Pour remédier à cette omission, les avocats ont demandé à la chambre de jugement de préciser un centre parmi les cinq à six proposés. Cependant, la situation a pris une tournure inattendue avec la récusation du président de la chambre, Yacouba.
L’acceptation de la récusation du juge Yacouba a également été signalée par la défense qui y voit une manœuvre visant à retarder l’application de la décision.
« En ce qui concerne Dr Ibrahima Kassory Fofana, il est présentement victime de pur chantage et de harcèlement. Ce n’est plus un problème de procès. Donc, le Dr Ibrahima Kassory Fofana, ça lui fait deux ans et demi de détention. Ça lui fait un an, à peu près six mois, il est à l’hôpital. Alors là, il est paralysé… Nous avons l’obligation de permettre à Kassory de se soigner, parce qu’on n’a pas d’expertise, on n’a pas de moyens appropriés. Et la chambre de jugement a ordonné que Kassory se soigne dans un centre approprié. Vous êtes tous au courant de la décision… C’est d’ailleurs un arrêt avant débat. Monsieur le procureur très spécial, monsieur Ali Touré, n’a pas fait de recours. Donc, la décision doit être exécutée. Mais par mauvaise foi, il dit qu’on n’a pas indiqué un seul centre, on n’a pas indiqué un centre. Nous avons introduit l’interprétation pour l’erreur d’omission. Comme nous avons au moins cinq à six centres proposés, que la chambre puisse interpréter pour indiquer un centre parmi les centres proposés. N’étant pas content de la décision, il trouve un autre moyen de récuser le président. Sinon, logiquement, il appartient au juge qui a rendu la décision d’interpréter sa décision. Et on fait même confusion entre l’erreur matérielle et l’erreur d’omission. Parce que la loi dit ce que la raison commande. La logique voudrait que s’il doit être soigné, que vous allez indiquer dans votre décision un centre parmi les centres proposés. Et sans fondement aussi, on a malheureusement autorisé le changement du juge. C’est-à-dire que la récusation a été acceptée. C’est pourquoi l’audience devrait être tenue aujourd’hui pour pouvoir discuter de l’interprétation. Mais le président Yacouba a été récusé. Il va transmettre le dossier au président Soumah qui va certainement monter le jeudi. Parce que demain, c’est férié. Mais la question maintenant est de savoir pourquoi de tel harcèlement ? » s’interroge Me Sidiki Bérété.
Mamadou Laafa Sow pour Guineematin.com