CRIEF : David Makongo comparaît dans une affaire de permis de défrichement attribué à la société Guinée Bauxite

Cour de répression des infractions et financières

David Makongo, mis en détention depuis le 16 décembre 2024, a comparu devant la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) ce lundi, 23 décembre 2024. Il est poursuivi pour « occupation illégale, destruction de l’environnement, évasion et harcèlement moral ». A la barre, David Makongo ne reconnaît pas les faits qui lui sont reprochés, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.

L’affaire a débuté avec l’attribution, le 15 mai 2023, d’un permis de défrichement de 170,36 hectares par le ministère de l’Environnement et du Développement durable à la société Guinée Bauxite dans la préfecture de Boffa. Toutefois, bien que le permis ait été délivré pour Boffa, des défrichements ont également eu lieu à Fria, sans autorisation. David Makongo est notamment accusé de complicité dans cette extension non autorisée.

David Makongo, juriste de nationalité américaine, a insisté sur son rôle de consultant et non de dirigeant de la société, soulignant qu’il n’était pas responsable de la gestion de l’entreprise ni des activités sur le terrain.

« Ce n’est pas la société qui est poursuivie, c’est David Makongo qui l’est. J’avais écrit une demande au nom de la société, et cette demande avait reçu une suite favorable. J’avais demandé une autorisation qui a été émise à la société pour faire le défrichement. Vous m’avez envoyé ici pour avoir fait une occupation illégale. Je ne suis pas le directeur général de cette société, je suis consultant qui avait écrit une lettre, mais vous m’avez mis en prison comme si j’avais tué quelqu’un. Si vous pouvez me dire pourquoi vous m’avez mis en prison, je vais vous répondre », a-t-il déclaré.

Le président de la Cour, Yagouba Conté, a répondu aux interrogations de Makongo sur son incarcération.

« Vous êtes poursuivis pour des faits d’évasion et de harcèlement moral. Il ressort du procès-verbal d’enquêtes préliminaires que vous avez réussi à vous échapper, et que ce n’est que par le biais de la réquisition de la force publique que vous avez été interpellé. Cela s’est produit le mardi 1er mai 2024. Ces infractions sont punies, c’est ce qui vous a envoyé en prison, c’est la raison pour laquelle le parquet vous a placé en mandat de dépôt », a précisé le président de la cour.

Par ailleurs, David Makongo a continué de défendre son innocence, expliquant qu’il n’avait jamais été impliqué dans une quelconque tentative de fuite. Il soutient qu’il n’avait reçu aucune convocation officielle pour se rendre à la gendarmerie et que ses seules démarches concernaient la lettre adressée au ministère de l’Environnement pour l’ouverture de routes minières. Une démarche qui a permis à la société de Guinée Bauxite d’obtenir un permis de défrichement.

« La lettre qui a été adressée est au nom d’une société, je souhaiterais que vous demandiez à cette société. Ce n’est pas vrai, je n’ai jamais été en prison, je n’ai jamais été placé en garde à vue ni été entre les mains de la gendarmerie ou de la police. Je n’ai jamais été arrêté, ni poursuivi. À ma compréhension, je ne suis pas poursuivi. Je souhaiterais que le ministère public me montre les preuves que j’étais dans les mains des gendarmes. Je suis allé seul à la gendarmerie. J’habite à deux minutes du Haut Commandement de la gendarmerie. En arrivant là-bas, j’ai été informé qu’il y avait cinq Chinois qui avaient été arrêtés. Quand je suis allé, on m’a posé la question sur combien de sociétés je tenais en Guinée. Ensuite, je suis rentré chez moi, et la gendarmerie sait où j’habite. La dernière fois que j’étais à la gendarmerie, j’ai été interpellé pour harcèlement. Le procureur qui a émis le mandat, à ma grande surprise, m’a envoyé à la CRIEF. C’est ma première fois en prison. Tout est mélangé, il faut que je sache. Je suis allé librement à la gendarmerie, je voulais savoir qui étaient les Chinois arrêtés. J’avais une relation avec eux. Si je fais l’objet de poursuites, vous pouvez me montrer les convocations qui m’ont été adressées et que j’ai refusé de venir. C’est un dossier fait en violation de mes droits. Si j’avais été convoqué, j’y serais allé. C’est un dossier bien préparé. Le seul acte que j’ai posé en faveur de Guinée Bauxite est la lettre que j’ai adressée au ministère pour l’ouverture de certaines routes minières. La société a obtenu un certificat de défrichement, une zone d’intérêt national qui couvre le permis, le chemin de fer et le port, c’est une grande zone. C’est de l’acharnement tout simplement. Mon travail était terminé au moment où j’ai adressé le courrier. La limite de mon mandat était de poser les actes que la société me demandait, cas par cas. Après avoir fait le courrier, je n’ai plus rien à voir avec cette affaire. À travers mes démarches, c’est le seul permis que Guinée Bauxite a obtenu. La société a plusieurs demandes en cours », a-t-il expliqué.

Les avocats de David Makongo ont plaidé en faveur de sa mise en liberté, insistant sur l’absence de preuves concrètes contre leur client. Cependant, la cour a rejeté cette demande et a décidé de renvoyer l’affaire au 13 janvier 2024.

Ismael Diallo pour Guineematin.com

Tél : 624 69 33 33

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