A l’occasion des débats et l’adoption du volet recettes de la loi de finances initiales 2025 à l’hémicycle par les conseillers nationaux hier, lundi 23 décembre 2024, Aboubacar Sidiki Cissé, membre de la commission contrôle et comptabilité a alerté sur la fin de la transition initialement prévu le 31 décembre 2024 et l’absence d’un cadre de dialogue pour redéfinir les contours de la transition. Il assure que même 50% du chronogramme de la Transition n’a pas été exécuté d’abord par la junte du CNRD, rapporte Guineematin.com à travers un de ses journalistes.
C’est en plénière que Aboubacar Sidiki Cissé a commencé à dénoncer l’enlisement de la Transition. Et, à la levée de la séance, il a davantage étayé ses propos devant une cohorte de journalistes. Il a entamé par l’épineuse question liée à la fin de la Transition fixée au 31 décembre 2024 suivant l’accord dynamique de 24 mois signé entre la junte du CNRD et la CEDEAO.
« Par rapport à ce qui est la fin de la transition, vouloir aujourd’hui ne pas reconnaître que la transition a besoin d’une mise à jour, c’est se mentir. Dans le protocole d’accord signé entre les autorités de la transition et la CEDEAO, la transition prend fin le 31 décembre, et nous sommes le 23 aujourd’hui. Donc, pratiquement nous avons 8 jours. Est-ce qu’on peut organiser les élections en 8 jours ? Ce n’est pas possible. Les 10 points inscrits dans la transition ne sont même pas exécutés à 50% », a-t-il déploré.
La fin de la transition et le retour à l’ordre constitutionnel constituent actuellement la principale pomme de discorde entre la junte militaire du CNRD et une frange importante des acteurs sociaux et politiques en Guinée. Certains, comme les Forces vives Guinée, menacent de ne plus reconnaître la junte du Général Mamadi Doumbouya au-delà du 31 décembre 2024. Et mieux, ces acteurs politiques et sociaux ont l’intention d’appeler au départ des autorités actuelles et d’exiger la mise en place d’une transition civile. Ainsi, ils pourraient bientôt croiser le fer avec la junte militaire qui, il faut le rappeler, tient à prolonger la transition au-delà de 2024.
Face à cette situation, Aboubacar Sidiki Cissé prône le dialogue pour discuter en toute sérénité de l’avenir de cette transition qui dure déjà depuis 3 ans.
« Ce que moi je voudrais, il faut qu’on arrête de se mentir, qu’on appelle tous les Guinéens, on a dit le 31, mais cela n’est plus tenable. Maintenant ce qu’il faut faire, appeler les acteurs, les Guinéens autour de la table pour qu’on discute des contours de la transition pour qu’en fin que tout le monde ait une visibilité de cette transition. C’est ce que j’ai dit et vraiment c’est une préoccupation pour moi. Et je pense que c’est une préoccupation pour le peuple de Guinée aujourd’hui », a-t-il dit.
L’autre sujet abordé par le conseiller Aboubacar Sidiki Cissé, c’est celui de l’insécurité galopante qui gangrène actuellement la Guinée avec son lot de kidnappings. Il a déploré les récents propos du ministre de la justice accusant des malfrats d’être à l’origine des enlèvements enregistrés ces derniers temps à Conakry, alors que les forces de défense et de sécurité ont toujours été pointées du doigt par les proches des victimes.
« Aujourd’hui en Guinée nous sommes inquiets comme je l’ai si bien dit en plénière parce que dans un pays où un ministre de la justice en charge de rassurer le peuple sur les questions de justice, parce que la justice va de pair avec la sécurité, nous dit que des gens qui sont kidnappés ont été kidnappés par des malfrats, mais pas par des hommes en tenue, cela est un sujet inquiétant. Cela veut dire que personne n’est en sécurité en Guinée, c’est pourquoi j’ai profité de la plénière pour soulever la question qui me tient à cœur. Aujourd’hui peut être des gens qui sont kidnappés c’est eux, mais demain ça peut être nous ou vous les journalistes. Donc, ce sujet doit nous préoccuper, et c’est pourquoi je l’ai soulevé. Aujourd’hui ce qui est mal en Guinée, c’est quand les gens cherchent des mauvais exemples ailleurs pour justifier le mal en Guinée », a dénoncé Aboubacar Sidiki Cissé.
Abdoulaye N’koya SYLLA et Mohamed Lamine Touré pour Guineematin.com