L’ONG Femmes, Développement et Droits Humains (F2DHG) a organisé un panel d’échanges ce jeudi, 26 décembre 2024, à travers une table ronde axé sur les droits des femmes et filles, y compris celles qui sont en politique. La cérémonie a eu lieu au Centre national de perfectionnement à la gestion (CNPG) de Donka, en présence de plusieurs participants venus de divers horizons. Les panelistes et les différents invités, notamment issus des partis politiques, ont échangé sur les causes des violences que subissent les femmes et filles dans notre pays et fait des recommandations pour sortir de l’ornière, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Cette cérémonie a connu la présence de plusieurs femmes activistes et politiques, mais aussi de beaucoup d’hommes responsables dans les différents partis politiques.
D’entrée, la présidente de l’ONG Femmes, Développement et Droits Humains, Moussa Yéro Bah, est revenue sur les objectifs de ce panel.
« L’objectif de cette série d’activités, c’est d’impliquer plus de femmes dans la vie politique et de lutter contre les violences basées sur le genre, les violences faites aux femmes dans les formations politiques. Nous savons que le plus souvent, il y a des barrières socio-culturelles qui empêchent les femmes d’occuper des postes de responsabilité. L’objectif de ces activités, c’est de faire en sorte que chacun puisse jouer sa partition, notamment les activistes de la société civile, les experts, mais aussi les formations politiques. C’est pour cela qu’aujourd’hui, autour de la table ronde, vous aviez des experts, notamment des enseignants-chercheurs, vous aviez des activistes de la société civile, mais aussi des femmes qui ont participé à la vie politique de certaines formations et qui ont partagé leurs expériences. Au niveau des formations politiques, qu’on ne regarde pas la femme en tant que telle, mais qu’on regarde les compétences de la femme, ce qu’elle peut apporter dans sa formation politique, et c’est surtout le rôle qu’elle peut jouer dans une situation de crise telle que dans une transition. Vous le savez, les transitions politiques sont souvent source de violences, souvent source de crises, et quand les femmes s’impliquent, on peut pacifier les situations qui peuvent nous tomber dessus. Et c’est donc l’objectif visé par le Fonds de consolidation de la paix, qui a financé cette activité, à travers l’appui technique de l’UNFPA, qui, en lien avec le Ministère de la Promotion féminine et la Direction nationale du genre nous aident à faire en sorte que chaque voix puisse compter », a-t-elle fait savoir.
Poursuivant, Moussa Yéro Bah a énuméré les recommandations phares issues de ces échanges. « Oser exprimer leur souhait, leur volonté, qu’elles puissent surtout se former, mais aussi qu’au niveau de l’éducation à la base, dans nos différentes familles, qu’on ne fasse pas de la stigmatisation entre la petite fille et le petit garçon, que les deux soient pris au même pied d’égalité, qu’on leur inculque la même éducation, qu’on inculque au petit garçon l’esprit d’ouverture, l’esprit de soutien, l’esprit de responsabilité, qu’il sache que s’il soutient sa femme, c’est sa famille qu’il soutient. Et une femme soutenue, c’est la famille qui s’élève et c’est une famille émancipée. Et donc, ce sont entre autres recommandations qui ont été faites, le fait d’oser, le fait de se former, le fait de faire de la recherche et le fait d’éduquer de façon équitable la fille et le garçon dans nos différents foyers », a martelé la directrice de l’ONG F2DHG.
Professeure Hadja Kadiatou Lamarana Diallo, consultante en genre et développement à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, a salué cette initiative.
« C’est une thématique de longue haleine. J’avais été directrice de la promotion féminine en 1994. On s’était donné comme objectifs de remettre le statut de la femme sur l’échelle normale afin qu’on la rehausse. C’est une thématique qui me préoccupe depuis qu’on a mis en place la première politique de promotion féminine au ministère avec Mme Yvonne Condé. On avait eu beaucoup d’acquis à l’époque, on l’a dit tantôt, les 30% du positionnement des femmes dans les listes électorales, dans les listes du gouvernement, etc. Mais si on fait le point, si on fait le bilan, nous sommes un peu sur notre faim. Nous restons sur notre faim parce qu’il y a beaucoup de choses qui n’ont pas été respectées. La lutte contre les violences, les mutilations génitales, par exemple, qui avait été bien réussie à l’époque. On a repris exactement, on a continué de faire ces motivations, comme si de rien n’était, alors que c’est une violence, une violence dans la chair de nos enfants. Et ça ne se fait pas ailleurs, ça ne se fait pas chez les Arabes qui nous ont envoyé la religion musulmane. Ils ne le font pas en Arabie Saoudite, ils ne le font pas en Égypte. Mais nous, on est accroché à des traditions, à tout ce qu’on veut, même la loi, on résiste, alors qu’il y a des lois qui exigent que cela cesse. On ne peut pas dire qu’on a régressé, mais on n’a pas beaucoup avancé non plus. Alors qu’il y a un rythme mondial, nous avons des accords avec l’ONU, nous avons des accords avec la sous-région, la CEDEAO, même si elle a quelques problèmes politiques. Mais il y a un ensemble de conventions, de lois auxquelles nous avons adhéré, nous avons souscrit, mais que nous n’appliquons pas. Donc, au niveau même de notre législation à nous, nous devons nous remettre en cause. Ce qui est acquis, que ce soit appliqué. Ce qui ne l’est pas, on se bat », a-t-elle laissé entendre.
Mariama Barry pour Guineematin.com