Le secrétaire général du Conseil national des jeunes (CNJ) de l’Union des forces républicaines (UFR), dit avoir été visé par une tentative de kidnapping. Les faits se seraient produits dans la journée d’hier, mercredi 25 décembre 2024, à son domicile à Dixinn, dans un contexte de plus en plus tendu. Il l’a annoncé ce jeudi dans un entretien accordé à Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Les acteurs sociopolitiques guinéens traversent des moments difficiles. Après les nombreuses disparitions forcées et l’exil pour les uns, les autres sont menacés d’enlèvement.
C’est ce qu’a dénoncé ce jeudi Mouctar Khalissa, secrétaire général du conseil national de la jeunesse de l’UFR. Il a lié sa tentative d’enlèvement à ses récentes sorties relatives à la fin de la transition pour le 31 décembre 2024. « Je tiens d’abord à vous remercier, les journalistes présents aujourd’hui, pour éclairer la lenterne de l’opinion nationale et internationale. J’en suis persuadé, j’ai fait une déclaration samedi dernier au siège de notre parti, une déclaration fracassante qui démontre à quel point la confiscation du pouvoir par le CNRD a conduit à une tentative de kidnapping hier chez moi. Et comme vous le voyez ici, il y a un damier où, chaque matin, les jeunes du quartier viennent jouer. Hier, un ami est venu me réveiller et m’a dit de venir jouer avec lui. Je suis allé jouer avec lui et nous avons été surpris par la présence d’un intrus parmi nous. Un individu arrivé sur une moto. Il était arrêté là, à côté. Derrière lui, il y avait trois autres motards. Nous l’avons interpellé et lui avons demandé pourquoi il était là. Il nous a répondu que ce n’était pas son but d’arrêter quelqu’un. Je lui ai rétorqué : « Si vous n’êtes pas là pour arrêter quelqu’un, pourquoi ce propos-là vient-il de vous ? » Il a répondu qu’il y avait telle ou telle raison. Je lui ai dit : « arrêtez, qui se sent morveux se mouche, mon frère ! » Suite à cela, deux autres jeunes étaient arrêtés de l’autre côté. Lorsqu’il tournait dos, ils ont vu un revolver et un talkie-walkie près de lui, les jeunes ont décidé de lui dire de partir. Il a pris sa moto et est parti. Quand il est parti, le jeune avec lequel je jouais, qu’on appelle Rasta, a dit : « Bon, Khalissa si c’est comme ça, on va arrêter de jouer. » Il est donc parti en voiture vers le grand carrefour, la rue 15, où il a vu les mêmes personnes, observant chez moi. Voilà donc le plan machiavélique qu’ils ont mis en place. Mais, je me suis dit que c’était juste une reconnaissance des lieux où se trouve réellement ce nommé Khalissa Mouctar, qui n’est pas tombé du ciel », a-t-il expliqué.
Poursuivant, Mouctar Khalissa, prévient qu’il va continuer à se battre pour le retour à l’ordre constitutionnel. « Je le répète, je n’ai pas peur d’être arrêté ou quoi que ce soit. Le combat que je mène est un combat patriotique, c’est un combat noble. C’est pour que la Guinée connaisse enfin le bien-être et la vraie démocratie. Et cela ne dépendra pas d’un individu qui viendra confisquer le pouvoir par la force, alors qu’il a pris un engagement. Cet engagement, tous les guinéens en sont informés. Le Général Doumbouya nous a dit ici que le 31 décembre 2024, il ne restera pas au pouvoir. Il a pris cet engagement devant Dieu et devant les hommes. Mais réellement, où allons-nous ? Ce que je comprends, c’est qu’ils veulent maintenant faire taire toutes les voix dissidentes. Les Fonikè Menguè, les Billo Bah, les Nimagans, les Marouanes et bien d’autres, dont on n’est pas informé, sont tous là-bas. Ils veulent sûrement mettre le jeune Khalissa dans ce lot. Mais, je dirais que je suis guinéen. Depuis mes années scolaires, je me suis battu pour la cause de mon pays. J’ai été radié de l’Université de Kankan en 1999. Ce combat-là, c’était un combat noble que j’ai mené à l’Université de Kankan pour qu’on ait le bien-être au sein de cette université. En ce qui concerne la nation guinéenne, je n’ai peur de personne. Je mènerai ce combat jusqu’au retour à l’ordre constitutionnel. Aujourd’hui, nous voyons les grands leaders en exil. Nous voyons des kidnappings partout. Et quand on leur demande, ils te disent que ce sont des hommes armés, des bandits, mais qu’eux-mêmes ne les connaissent pas. Donc, nous devons nous demander dans quel pays nous vivons aujourd’hui et où nous allons. C’est ça le problème. Donc, en tant que secrétaire national de la jeunesse de l’UFR, un grand parti, je le dis haut et fort, personne ne pourra me faire taire. Je défends ma patrie et je défendrai cette Guinée dans la légalité et dans l’équilibre ethnique, social et régional. C’est ça mon combat. Je ne me bats pas pour un individu. Le combat que je mène est pour toute la nation guinéenne. Je ne me considère pas comme un guinéen d’une région particulière, mais je suis avant tout un guinéen qui défend cette patrie noble. Donc, hier, cette tentative était probablement une reconnaissance des lieux. Ils sont venus, ils ont essayé et je suis sur mes gardes, mais je n’ai pas peur. Je l’ai dit et je le répète : un militaire sans armes est égal à un civil. La seule différence, c’est qu’ils ont des armes. Et ces armes sont censées être utilisées pour protéger la population, pas pour l’opprimer, ni pour la tuer comme des animaux dans la brousse », a-t-il martelé.
Par ailleurs, Mouctar Khalissa demande au Général Mamadi Doumbouya de respecter sa parole.
« En Guinée, actuellement, nous devons apprendre une seule chose, respecter son engagement. La parole donnée doit être respectée. Si on ne la respecte pas, alors nous ne vivons pas dans un pays. Ça fait mal aujourd’hui, un pays comme le nôtre. Jusqu’à présent, nous n’avons pas fait un pas vers le développement. Les jeunes sont abandonnés partout, il n’y a pas d’emplois et ceux qui travaillent sont constamment radiés au profit de qui et pour qui ? Je vous ai montré un message sur mon téléphone. J’ai reçu de nombreux messages comme celui-ci, bien avant ce jour. Mais je me dis que je suis guinéen. Je ne me cacherai pas. La première des choses, c’est que je suis enseignant et je contribue au développement de mon pays par l’éducation. La majorité de mes élèves ont terminé leurs études universitaires et certains ont déjà commencé à travailler. C’est une fierté pour moi. Et je suis sûr que la manière dont je me bats pour l’éducation de mon pays, je n’ai peur de personne. Si j’avais l’opportunité de m’asseoir devant le général Mamadi Doumbouya, je lui dirais que tous ceux qui l’entourent ne l’aiment pas. S’ils l’aimaient, ils lui conseilleraient de respecter l’engagement qu’il a pris devant le peuple de Guinée et devant Dieu. Je lui dirais ça. Il est encore jeune. Il peut se former et revenir s’il veut faire de la politique. Mais posons-nous la question : pourquoi a-t-il enlevé Alpha Condé ? Et aujourd’hui, les décrets qu’on donne sont tous pour les anciens d’Alpha Condé. Ça se passe devant tout le monde. Mais il faut s’arrêter un peu. Il faut respecter ce peuple-là, il faut respecter la parole donnée. Quand tu t’engages, il faut tenir parole. Le monde entier a entendu le général Mamadi Doumbouya lorsqu’il a dit qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle, ni lui, ni les membres du CNRD, ni le président du CNT, ni les conseillers du CNT. Mais qu’est-ce qui est encore honorable ? Avoir une porte de sortie, ou respecter ses engagements ? Mais il se trouve que cet homme est mal entouré. C’est son entourage qui le pousse à la dérive. Il ne faut pas que la Guinée sombre à cause de lui. Et cette Guinée-là ne sombrera pas. Pas du tout. Qu’il respecte son engagement. Les tentatives d’intimidation ne me feront ni chaud ni froid. Hier, beaucoup m’ont dit de ne pas dormir chez moi, de partir, de faire ceci, cela. Mais écoutez, si j’abandonne chez moi, où vais-je aller ? C’est ça la situation aujourd’hui. Franchement, c’est un triste constat. C’est déplorable pour une nation comme la nôtre, que des gens ne respectent pas leurs engagements. Nous ne sommes plus dans la transition, mais dans une refondation. Jeu de mots. Refonder quoi ? Et pour qui ? Réellement, c’est un jeu de mots, un manque d’expérience. Sinon, nous devons avancer. Le bon soldat, je l’ai dit, c’est celui qui respecte son engagement, sa parole. C’est tout. Mon parti, son président, et tous les militants, nous sommes pour le retour à l’ordre constitutionnel », a-t-il indiqué.
Ismael Diallo pour Guineematin.com
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