Noël à N’zérékoré : « Nous avons l’impression que nos autorités sont à la base de la désacralisation de la vie »

Père Laurent Lamah, curé de la paroisse Saints Pierre et Paul de Gonia

Comme indiqué précédemment, les fidèles chrétiens de Guinée ont célébré en ce 25 décembre 2024, la fête de Noël ou l’anniversaire de la naissance de Jésus Christ. Au cours de cette célébration, de nombreux serviteurs de Dieu ont accentué leur message sur les dures réalités que la Guinée traverse de nos jours. C’est le cas du père Laurent Lamah, curé de la paroisse Saint Pierre et Paul de Gonia, qui a porté son homélie sur la sécurité et la sacralité de la vie humaine. Le prêtre déplore la tragédie du 1er décembre dernier au stade du 3 avril de N’Zérékoré, qui avait coûté la vie à une cinquantaine de personnes. Il a aussi interpellé les autorités sur la sécurité des citoyens, rapporte l’un des correspondants de Guineematin.com basé dans cette ville.

Tout d’abord, le Père Laurent Lamah a exprimé ses sentiments par rapport à cette fête, avec une joie qui n’est pas totale. « La fête de Noël est une grande fête qui concerne toute l’humanité. Parce que c’est la fête de la naissance de Dieu parmi les hommes. C’est une grande joie pour tout le monde. Donc, c’est un sentiment de joie que j’éprouve en ce moment. Sauf que cette joie n’est pas totale. Lorsque que je pense aux victimes de la tragédie du 1er décembre 2024 au stade du 3 avril de N’Zérékoré, je ne peux être parfaitement en joie parce que nous avons traversé un moment très difficile de notre histoire en Guinée, et à N’Zérékoré particulièrement. Des vies qui sont parties gratuitement. On ne peut pas fêter totalement parce que le Seigneur même n’est pas dans la joie au regard de tout ça », a déploré l’Abbé Laurent Lamah.

Pour le contenu de son homélie, le guide religieux a parlé du salut que Jésus apporte et de l’importance de la sacralité de la vie humaine. « La fête de Noël est une fête de libération et de salut de l’homme. Et le Christ qui vient lui-même sauver son peuple, il le fait pour que nous soyons des gens qui se sauvent et aussi pour sauver les autres. Dans mon homélie, j’ai parlé du salut que Jésus apporte et de l’importance de la vie humaine. La sacralité de la vie humaine qui tend à être banalisée, bafouée, foulée au pied par presque les uns et les autres. Mais aussi de nos jours, nous avons l’impression que nos autorités au plus haut niveau sont vraiment à la base de la désacralisation de la vie. C’est elles-mêmes qui tentent de banaliser la vie humaine. Et donc, au regard des arrestations perpétrées tous les jours, au regard des disparitions, au regard des tueries, nous nous trouvons comme dans le gouffre où on n’est pas en sécurité.  Nous sommes en train de fêter, mais il y a tant de personnes qui sont exclues de cette fête. Pourtant, nous disons que la Guinée est une famille. Alors, si la Guinée est une famille, quel va être le niveau de notre fête si d’autres sont en train de souffrir dans les prisons, dans les hôpitaux ? Ils souffrent parce qu’ils sont malades et blessés. Les blessés du 1er décembre sont en train de souffrir avec leurs parents dans les hôpitaux, dans les maisons. Nous fêtons alors que beaucoup de nos enfants ont disparu pour une raison qui n’est pas opportune. J’insiste sur la sécurité des hommes dans mon homélie et j’en appelle aux autorités de faire preuve de paix et d’amour à l’égard des populations dont elles ont la destinée », a-t-il indiqué.

Par ailleurs, le curé de la paroisse Saints Pierre et Paul de Gonia envoie un message aux citoyens et aux autorités. « En ce moment, ce que je lance à l’égard des citoyens de N’Zérékoré et de la Guinée en général, c’est que nous devons fêter Noël cette année dans le recueillement, dans la prière de nos frères et sœurs qui sont dans la souffrance, dans la misère et dans la pauvreté. Des gens qui n’ont rien pour vivre au quotidien, des gens qui sont en train de vivre toute sorte de souffrance. Nous allons penser à eux, et nous allons vers eux pour les consoler et leur apporter notre aide. Les autorités doivent comprendre que, comme dit Saint Irénée de lion, la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant. Si l’homme n’est pas heureux, si la population dont elles ont la destinée n’est pas heureuse, elles travaillent pour elles-mêmes. Et, donc, ils n’ont qu’à mettre la vie de leur population dans leurs préoccupations. Comment les traiter pour qu’elles soient à l’aise et en sécurité. Alors, je lance cet appel, ce cri de cœur à leur égard afin qu’elles puissent mettre l’homme dans leurs préoccupations pour que l’homme soit sauvé », a laissé entendre le curé de la paroisse Saints Pierre et Paul de Gonia, Abbé Laurent Lamah.

De N’Zérékoré, Élie Honomou pour Guineematin.com

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