« Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Le peuple dont Isaïe parle, en prenant exemple sur nous, c’est bien le peuple de Guinée. Isaïe appelle le peuple de Guinée à sortir de l’obscurité de l’injustice, de la corruption et de haine, à se tourner vers l’union. Que les plus forts cessent d’écraser les plus faibles, que les politiques aient le souci pour le développement de notre pays, que tous les guinéens conjuguent le même verbe », a lancé Monseigneur Mathieu Loua.
Après une veillée de prières dans la nuit du mardi 24 décembre 2024, les fidèles chrétiens ont célébré le lendemain, dans les églises et les familles, la joie de la venue par naissance du Christ Jésus, le Sauveur. Des religieux et des fidèles ont transmis un message important au peuple de Guinée en général et en particulier aux chrétiens catholiques. Dans la commune urbaine de N’Zérékoré, le révérend père Matthias Sagno, vicaire de la cathédrale Cœur Immaculé de Marie explique que la fête de Noël rend hommage au sauveur de l’humanité. D’autres guides religieux ont véhiculé des messages d’entente, d’acceptation de l’autre et de fraternité pour le bien de notre pays, rapporte Guineematin.com à travers ses correspondants basés dans la capitale de la région forestière.
« Noël est la fête chrétienne qui célèbre la nativité, c’est-à-dire la célébration qui rappelle la naissance de Jésus Christ. Cette fête de Noël est la venue du sauveur dans le monde. Il est venu pour nous sauver, effacer toutes nos souffrances. Nous célébrons également Noël pour accueillir la bonne nouvelle, l’enfant Jésus, signe de paix et de joie. Il vient pour instaurer la paix. C’est pourquoi dans la Bible, on l’appelle prince de paix, conseiller suprême. En fêtant Noël, on fête la joie, la paix, pour que désormais on puisse semer l’Union où il y a les désunions. Là où il y a la mésentente, d’y installer l’entente. C’est d’ailleurs ce que nous demandons à tous les Guinéens, la paix rien que la paix, pour le développement de notre nation », a laissé entendre le révérend père Matthias Sagno.
Poursuivant, le vicaire de la cathédrale Cœur Immaculé de Marie a invité à ne pas céder « aux démons de la politique » à cette phase importante de notre pays. « Nous célébrons Noël pour que l’enfant Jésus, dont nous fêtons la naissance, continue à venir dans notre cœur. Le cœur rempli de Jésus est forcément rempli d’amour, de paix et de bonnes choses. Dieu nous a envoyé un fils sauveur, doux, sympathisant, compatissant, qui rassemble tout le monde, qui rassemble toutes les ethnies, toutes les couches confondues. En célébrant Noël, elle nous enseigne une Évangile Jean 1 : 18 qui parle du prologue de Jean : au commencement était le verbe et le verbe était auprès de Dieu. Ce verbe c’est Jésus, qui était à côté de Dieu. Noël nous enseigne la notion du verbe. Une phrase sans verbe n’a pas de sens. C’est le verbe qui détermine le sens de la phrase. Jésus est le verbe aimer, unir. Il nous appelle à la paix. Les Guinéens sont aujourd’hui appelés à s’aimer sans distinction de religion et de langue, sans se laisser diviser par la politique ».
Pour sa part, monseigneur Mathieu Loua a apporté des précisions sur le sens des cadeaux offerts aux enfants pendant la Noel. « Pendant la fête de Noël, l’église distribue des cadeaux ou des dons aux enfants. Ce geste est fait par l’église à l’exemple de Saint Nicolas. Il aimait souvent sortir pour s’amuser avec les enfants, portant un manteau rouge avec une longue barbe blanche. Pendant ce moment, il distribuait des cadeaux aux enfants. C’est donc ce saint, Evêque catholique, Nicolas, que l’église imite », a-t-il fait savoir.
En outre, monseigneur Matthieu Loua a prodigué des conseils. « La fête de Noël est une fête de joie, car c’est le sauveur qui vient nous sauver, pour nous sortir de l’obscurité. C’est bien ce que dit Isaïe : Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière. Le peuple dont Isaïe parle, en prenant exemple sur nous, c’est bien le peuple de Guinée. Isaïe appelle le peuple de Guinée à sortir de l’obscurité de l’injustice, de la corruption et de haine, à se tourner vers l’union. Que les plus forts cessent d’écraser les plus faibles, que les politiques aient le souci pour le développement de notre pays, que tous les guinéens conjuguent le même verbe », a-t-il lancé.
Monseigneur Balla Guilavogui, évêque du diocèse de N’zérékoré, dans son Homélie, s’est adressé aux fidèles chrétiens en ces termes : « Bien aimés de Dieu, en célébrant la Noël, il faut la fêter avec espérance. Notre espérance est surtout une personne. C’est Jésus. Sa voix nous donne la certitude. Il est avec nous. Il traverse les épreuves de notre vie avec nous aujourd’hui et toujours et si nous traversons les ravins de la mort, il est avec nous pour nous donner la vie. Voilà donc l’espérance que nous célébrons aujourd’hui. Le Christ est seul notre espérance ».
Poursuivant son homélie, Monseigneur Balla Guilavogui est intervenu sur la tragédie qui s’était produite au stade de N’zérékoré : « On ne pouvons pas célébrer la Noël de cette année 2024 sans penser et sans prier pour les victimes de ce qu’on a appelé et qu’on appelle désormais le drame du 1er décembre 2024 à N’zérékoré, ou tout simplement la tragédie de N’zérékoré. Nous ne pouvons pas ne pas penser à ces saints innocents dont la majeure partie était des enfants. Je ne peux pas faire de commentaires car les enquêtes sont en cours. Ces enquêtes nous donneront peut-être plus d’informations, pour nous permettre d’apprécier cet événement tragique qui a endeuillé notre ville, notre région et toute la Guinée. Je voudrais vous inviter tout simplement à prier pour notre pays et pour ses dirigeants. Prions beaucoup pour le pardon des péchés des Guinéens. Car la mort des enfants par dizaine n’est pas un bon signe. Pour nous, évêques catholiques de Guinée, nous disons aux autorités administratives, à continuer d’accompagner les victimes et leurs proches. Nous recommandons humblement que la justice soit appliquée avec toute la rigueur nécessaire. Une justice équitable et transparente contribuera à la paix, à la cohésion sociale. Nous invitons les citoyens ainsi que les institutions à éviter toute récupération de cette tragédie qui pourrait diviser davantage notre société. Au contraire, que cet évènement soit un appel à l’unité, à la solidarité et une action collective pour bâtir une paix durable », a martelé Monseigneur Balla Guilavogui, évêque du diocèse de N’zérékoré.
Après la messe, des fidèles chrétiens ont exprimé leurs sentiments :
Honoré Kèlèty Yombouno : « vraiment, la joie est immense à partir du moment où nous accueillons la venue du sauveur du monde. Je demande alors à tous les chrétiens du monde de rester attachés au Christ que nous attendions depuis le temps et qui est né hier soir, à persévérer dans la foi… Comme nous a enseigné monseigneur l’évêque dans son homélie, dans ce pays, il faut que nous nous réconcilions afin de pratiquer la paix et l’union. J’appelle tous les guinéens à rester fervent comme la vierge Marie face aux problèmes sociopolitiques de notre nation ».
Agnès Kolié de la grande cathédrale : « en cette journée de fête, je suis très heureuse parce que c’est le jour où le christ est venu au monde. Je souhaite que la venue du christ soit pour nous, population de N’zérékoré, source de paix, de joie et d’amour. A la population de la Guinée, je demande l’union, la paix car la paix est très importante. Joyeux Noël à tous… »
Albert Matthieu Keïta de Conakry, présent à N’zérékoré pour la fête auprès de sa maman : « c’est ma première fois de fêter la fête de Noël à N’zérékoré et cela a été une opportunité pour moi de saisir d’autres expériences. C’était la première fois pour moi de voir le prêtre célébrer la messe en Kpèlèo et les instruments traditionnels qui émerveillent. C’était vraiment joli à voir. Je demande à tous les Guinéens de faire preuve de pardon, de s’accepter mutuellement, d’éviter l’hypocrisie, d’être conciliants et véridiques. Les autorités doivent être claires dans leurs gestion et projet politique d’administration de notre pays. Acceptons-nous pour vivre ensemble ».
Mamy Noëlla Koulèmou, enseignante : « je suis très contente parce que je suis en bonne santé et je remercie le seigneur pour cela. Je prie pour que la venue du petit enfant Noël nous accorde beaucoup de bonheur, de chance et surtout la paix en Guinée forestière ».
De N’zérékoré, Jean David Loua et Alain Lamah pour Guineematin.com
Tél : (+224) 626 20 80 44