Coyah : un marabout mis aux arrêts, soupçonné d’avoir égorgé un enfant de 14 ans à Wonkifong

Le corps sans vie de Mamadou Saidou Diallo, âgé de 14 ans, a été découvert dans la nuit du mardi, 24 décembre 2024, égorgé. Les faits se sont produits au secteur 2 de la commune rurale de Wonkifong centre, dans la préfecture de Coyah. La victime, en classe de 6ème année, a été trimballée par son bourreau avant d’être retrouvée plus tard. Ce qui a créé une forte indignation sur les lieux. Le présumé auteur des faits, qui serait un marabout, a été mis aux arrêts et conduit au commissariat de police de Coyah pour des fins d’enquête, a appris sur place Guineematin.com à travers ses reporters.

Selon des témoignages recueillis sur place ce jeudi 26 décembre, Mamadou Saidou Bah était en compagnie de ses deux camarades de classe quand un inconnu, muni d’armes blanches, s’est emparé de lui en pleine journée (13 heures). C’est son corps qui sera retrouvé quelques heures plus tard.

Encore sous l’émotion, Youssouf Bah, père biologique de la victime, explique comment il a appris la triste nouvelle.

Youssouf Bah, père de la victime

« Avant-hier mardi, c’était aux environs de 20h heures, pendant que je prenais les ablutions, sa mère m’a dit avoir perdu de vue Saidou depuis midi. Je lui ai demandé si elle avait demandé aux amis de Saidou. Elle m’a répondu qu’elle avait demandé à un de ses amis, mais sans succès. Du coup, j’ai appelé son frère aîné pour lui demander où était Saidou. Je lui ai demandé qui étaient les amis du garçon ici. Il m’a dit qu’il en a un vers lampadaire. C’est ainsi que je lui ai donné la clé de ma moto pour aller voir chez ce dernier. Le retour de son grand frère a coïncidé avec ma sortie de la mosquée à 20 heures. J’ai demandé à ce dernier alors as-tu de ses nouvelles ? Il m’a dit qu’il n’a pas vu son frère mais que ce que ses camarades lui ont dit, qu’il a peur d’expliquer ça à sa maman. Dès qu’il a dit ça, je ne me retrouvais plus. Après, il m’a dit ceci : ‘’ses amis m’ont dit qu’il partait chez un de ses camarades de classe pour emprunter un cahier à l’effet de se mettre à jour. Que c’est en cours de route qu’un homme les a pourchassés à trois avant de s’emparer de Saidou en le conduisant en brousse avec dans sa main une machette’’. Quand il m’a expliqué la scène, j’ai fait appel au muezzin de la mosquée qui est un ami, mon jeune frère et un troisième pour leur expliquer la situation. Ensuite, je leur ai demandé d’aller voir ce qu’il en est. Moi, je ne pouvais plus me tenir. Je suis rentré à la maison. Quelques minutes après, j’ai appelé le muezzin et mon frère mais leur téléphone ne passait plus. Il a fallu que le troisième me rappelle pour me dire que mon enfant a été retrouvé égorgé », a-t-il expliqué à l’entame.

Poursuivant ses explications, Youssouf Bah, en larmes, déclare que le présumé auteur de cet acte a été arrêté et conduit au commissariat central de police de Coyah. « Du coup, les gens ont commencé à alerter les autorités compétentes. Moi-même j’ai appelé un certain Colonel Sylla, un voisin qui travaille à l’OPROGEM. Donc, la gendarmerie et le commissariat central de Coyah sont arrivés sur place pour faire leur constat. C’est à l’issue de cela que le corps a été conduit à la morgue de l’hôpital préfectoral de Coyah. Les enfants avec qui mon enfant était ont décrit un peu celui qui a enlevé Mamadou Saidou. Ils ont dit que le bourreau était couvert d’un pagne sur lequel on pouvait voir des écritures en arabe tel qu’un marabout. Dès qu’ils ont décrit cela, certaines personnes ont dit qu’ils ont l’habitude de voir cet homme dans notre secteur. C’est ainsi que les gens sont allés à sa recherche. Et dès le lendemain matin (mercredi, 25 décembre), il a été arrêté par une foule déchaînée. Certains voulaient en finir avec lui sur place. Mais, nous avons insisté à ce qu’il soit mis à la disposition des autorités pour des fins d’enquête », a-t-il fait savoir.

Par ailleurs, monsieur Bah invite les autorités à faire du mieux qu’elles peuvent pour que justice soit faite dans cette affaire. « Nous sommes tous appelés à mourir, mais la manière par laquelle mon fils a été tué ne m’a pas plus. Je ne souhaite pas ça même à mon ennemi. Je demande que justice soit faite. C’est pourquoi d’ailleurs nous avons empêché les gens de se faire justice pour que la justice fasse son travail. Je remercie tous les habitants du secteur pour leur solidarité. Nous demandons aux autorités de nous aider à renforcer la sécurité des citoyens et leurs biens ».

Pour sa part, Daouda Sow, 14 ans, compagnon du défunt au moment des faits, retrace le film de l’événement.

Daouda Sow, compagnon du défunt

« Ce jour-là, Mamadou Saïdou m’a trouvé chez moi à la maison, il nous a proposé d’aller à l’école pour jouer au ballon. Nous sommes partis et on a joué jusqu’à dans les bandes de 13h00. Quand on a fini, il m’a demandé de l’accompagner chez Thierno Mamadou pour que ce dernier lui prête son cahier afin qu’il puisse se mettre à jour. Quand nous sommes arrivés, il m’a dit d’aller l’appeler. Je suis allé appeler celui-ci, ensemble nous sommes venus retrouver Saïdou et nous nous sommes mis à côté de la route pour parler. C’est en ce moment qu’une personne est venue passer sans rien dire. Mais quand il est revenu, il nous a dit euh ! Euh ! Thierno Mamadou et moi nous nous sommes enfuis, et Saïdou lui s’est arrêté. Mais quand il a commencé à se diriger vers lui, il a commencé à courir et le monsieur aussi l’a poursuivi et l’a attrapé par le col de son tee-shirt et il l’a envoyé avec lui. Nous avons pris la tangente pour aller chez les Thierno Mamadou. Quelques temps après, quand nous étions en train de retourner, nous avons vu le monsieur en train de sortir de la brousse. Nous aussi nous sommes partis informer le mécanicien qui était proche des lieux, et celui-ci est venu pour voir. Après cet évènement nous sommes partis à l’école coranique. Vers le soir, le grand frère de Mamadou Saïdou est allé chez les Thierno Mamadou, il a demandé si ce dernier a vu Saïdou, et Thierno Mamadou lui a expliqué ce qui s’est passé. Alors il est allé voir à l’endroit indiqué et on a retrouvé Saïdou allongé là-bas. C’est quelqu’un qu’on n’avait jamais vu auparavant. Il était muni de marteau, d’une machette, d’un couteau. Il portait quelque chose qui ressemblait à un drapeau et là-dessus était écrit des écritures arabes », a expliqué l’adolescent.

Selon nos informations, le présumé auteur des faits serait un marabout peu connu du quartier. Selon des sources, après avoir égorgé l’enfant, il l’aurait vidé de son sang.

Malick DIAKITE et Houssainatou Sow de retour de Coyah pour Guineematin.com

Tél. : 626-66-29-27

Facebook Comments Box