Les vives réactions liées à l’arrestation d’Aliou Bah, leader du Mouvement Démocratique Libéral (MoDeL), continuent au sein de ma classe politique guinéenne. C’est le cas du Parti des Démocrates pour l’Espoir (PADES) qui regrette cet état de fait. Mohamed Fitho Diakité, coordinateur du PADES de la zone spéciale de Conakry, trouve « triste, malheureux et douloureux » cette arrestation de ce jeune leader politique. Il adresse un « pardon » à Mamadi Doumbouya en lui demandant de libérer le leader du MoDeL. Il a fait cette annonce lors d’un entretien qu’il a accordé à une équipe de Guineematin.com ce samedi, 28 décembre 2024.
Dans sa communication, le coordinateur a fait savoir que tout le monde a peur de parler. Tout le monde est sur le qui-vive et chacun cherche à se protéger.
« C’est quand même triste, malheureux et douloureux. Nous sommes en train d’assister à une nouvelle jurisprudence en République de Guinée. Une jurisprudence qui n’a jamais existée, que nous n’avons jamais connue, et que nous ne connaissons jamais. Parce que selon les lectures que nous avons faites, le crime commis par monsieur Aliou Bah est de l’offense au chef de l’Etat. Quelque part même, il est dit qu’il a offensé le chef de l’Etat dans son intégrité et dans sa responsabilité. Donc, nous nous disons que c’est une nouvelle jurisprudence dans la République. C’est ce qui nous fait peur. Et ça ne fait qu’activer la tension. On est sur le qui-vive, chacun cherche à se protéger et tout le monde a peur de parler. Même à l’instant où je suis en train de vous parler, mes sentiments, j’ai peur. J’ai peur, quand je finis cette intervention, peut-être dans les jours qui suivent, je serai ciblé, je serai arrêté d’un moment à l’autre. Mais ce n’est pas ce que je demande. Ce n’est pas notre souhait », a-t-il déclaré.
Face à une telle situation, le coordinateur a laissé entendre que la tension est vive et qu’on ne peut pas continuer à gouverner un Etat comme ça.
« J’ai toujours rappelé que nous nous sommes battus contre un forcing du président Alpha Condé, nous nous sommes battus pour le respect des droits de l’homme. Nous nous sommes battus pour la démocratie. Et nous avons toujours pensé, nous avons toujours espéré un lendemain meilleur. A la prise du pouvoir par le CNRD, nous avons dit : oui, notre lutte a payé. Tous les sacrifices que nous avons consentis pour la démocratie sont arrivés. Et nous avons été l’un des premiers, moi-même personnellement à applaudir le coup d’Etat de Mamadi Doumbouya. Parce que pour moi, c’est une délivrance. Mais aujourd’hui, j’ai le sentiment que le pays, en matière de droits de l’homme, est en train de faire 50 ans en arrière. Ce n’était pas notre souhait. A l’heure où nous sommes, la tension est palpable. La tension est très vive. On ne peut pas continuer à gouverner une nation comme ça. On ne peut pas continuer à gouverner un Etat comme ça », a-t-il martelé.
Pour Mohamed Fitho Diakité, « on ne peut pas brandir son arme en tant que chef suprême d’une République contre sa population ». A cet effet, il adresse un « pardon » à Mamadi Doumbouya pour libérer le président du MoDeL afin qu’il puisse continuer ses activités politiques.
« Je demande au président Mamadi Doumbouya d’aider le peuple de Guinée à baisser la tension. Parce que plus les gens sont Kidnappés d’un coin à un autre coin, ça active la tension, ça crée la haine et la méfiance s’installe. Ce sont ces méfiances, ce sont ces haines qui créent les conditions d’instabilité. Ce n’est pas joli à voir. Je le demande humblement, ce sont eux les maîtres aujourd’hui, ils ont le pouvoir politique, ils ont le pouvoir militaire, ils ont tout. On ne peut pas brandir son arme en tant que chef suprême d’une République contre sa population. Et c’est ce qui est en train de se faire. Je lui demande pardon de revenir à de meilleurs sentiments, de ne pas embastiller la jeunesse. Le pardon est de libérer simplement le président du MoDeL, Aliou Bah, pour qu’il continue ses activités politiques. Les dénonciations, les critiques, les invectives, les voix discordantes, c’est ce qu’on appelle la démocratie. Quand quelqu’un n’est pas content de la gestion politique du pays, il doit avoir son mot à dire. Quand il a son mot à dire, ce sont ces mots là qu’il faut écouter, essayer de faire de réparation, revenir à la table, inviter les gens pour leur dire voilà ce que nous voulons que le pays devienne. C’est avec ça qu’on peut avancer. Mais si une personne parle, on la prend, on la met en taule, c’est douloureux, ça attise la haine et la tension. Si ça continue comme ça, peut-être qu’ils vont réussir à le faire, mais un jour où l’autre un grand mouvement social va se lever contre ces gens-là. Ce n’est pas notre souhait. Nous voulons la paix, nous voulons la tranquillité », a martelé Mohamed Fitho Diakité.
Saïdou Hady Diallo et Mohamed Lamine Touré pour Guineematin.com
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