Depuis l’arrestation d’Aliou Bah, survenue le jeudi, 26 décembre dernier, de nombreuses questions se posent sur la légalité de cette décision et sur les véritables motivations qui la sous-tendent. Lors d’une conférence de presse ce samedi, 28 décembre 2024, au siège du parti Model, le secrétaire général, Kenda Sow, a expliqué que cette arrestation faisait suite à plusieurs semaines de menaces émanant des autorités de la transition, en particulier du haut commandement de la gendarmerie nationale.
A l’en croire, Aliou Bah aurait reçu un appel téléphonique du général Balla Samoura. Lors de cet échange, ce dernier aurait accusé le leader du parti Model d’avoir tenu, dans une vidéo, des propos jugés dérangeants pour les autorités de la transition (CNRD). Surpris, Aliou Bah aurait demandé de quelle vidéo il s’agissait, mais le général aurait évité de fournir des précisions.
« Dans la nuit du 16 au 17 décembre, il a reçu un appel de Monsieur Balla Samoura, haut commandant de la gendarmerie nationale, lui disant : Monsieur Bah, à l’instant, je suis en train de regarder une de vos vidéos qui dérange le CNRD. Monsieur Bah lui a dit : moi, j’assume mes propos, je sais ce que j’ai dit dans mes interventions, je les assume », explique-t-il.
Le secrétaire général du Model a précisé que la vidéo en question, aujourd’hui au centre de la polémique, n’était en réalité qu’un appel à la responsabilité des leaders religieux pour favoriser une sortie de crise pacifique. Cependant, il affirme que cette conversation téléphonique aurait été enregistrée à l’insu d’Aliou Bah, une pratique que le Model qualifie d’illégale. De surcroît, Kenda Sow accuse le Général Balla Samoura d’avoir proféré des menaces explicites à l’encontre de leur leader, notamment en déclarant : « vous allez le voir ».
« Ces propos, c’est quoi ? À l’assemblée générale du 14 décembre 2024, ici, au siège, Monsieur Bah a lancé un appel aux religieux en leur demandant de parler aux autorités, de leur dire d’arrêter les kidnappings, de leur dire de libérer les personnes arrêtées. Ce sont là les propos qu’ils ont qualifiés d’incitation à la rébellion. Le son et la vidéo existent. On va la mettre à la disposition des journalistes. Vous allez en juger les faits, ils ont prolongé les échanges, Monsieur Balla Samoura lui a dit : est-ce que vous savez qu’on peut vous demander des explications sur vos propos ? Il a dit : mais, il n’y a pas de problème, j’assume mes propos, je suis prêt à recevoir une convocation pour aller m’expliquer », a-t-il révélé.
Après cette conversation, Aliou Bah et les siens s’attendaient à une convocation en bonne et due forme pour une éventuelle explication. A leur grande surprise, c’est l’interdiction de voyage suivi de l’arrestation de leur leader qu’ils apprennent. Malgré cette situation, le parti Model se dit déterminé à maintenir sa ligne de conduite et à défendre ses positions.
« Le fait de demander aux religieux de prendre leur responsabilité, franchement nous l’assumons. Il faut que les religieux parlent. Si je dois aller là-bas (en prison) demain, ils n’ont même pas besoin de m’arrêter. Avec un simple coup de fil, moi-même je me rendrai », a-t-il martelé.
Kenda Sow a également profité de cette tribune pour rappeler certaines promesses initiales du président de la transition, qu’il estime aujourd’hui largement oubliées. Pour l’heure, la détention provisoire d’Aliou Bah a été prolongée jusqu’au lundi prochain, en attendant que l’affaire soit portée devant les autorités compétentes.
Lamine Kaba pour Guineematin.com
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