L’année 2024 s’achève avec beaucoup de difficultés pour les personnes handicapées vivant à Boké. Malgré les difficultés endurées, ils espèrent cependant que leur situation sera prise en compte avec sérieux, notamment à travers des actions concrètes pour favoriser leur insertion professionnelle et l’amélioration de leur qualité de vie. Amara Djassi, agent technique de santé (ATS), handicapé et diplômé sans emploi, explique les nombreux défis auxquels font face les handicapés de Boké. Dans un entretien accordé à l’envoyé spécial de Guineematin.com, ce membre actif de l’Association des Handicapés de Boké déplore l’arrêt de la construction du siège de leur association et la non-prise en compte des personnes handicapées dans la recherche de l’emploi. Il lance un appel au président de la transition, Mamadi Doumbouya, pour inverser la tendance.
D’entrée, Amara Djassi a expliqué les efforts fournis pour appuyer les handicapés de la préfecture.
« Actuellement, nous avons une association. Nous avons beaucoup œuvré au sein de l’association. Avant, elle fonctionnait très bien, c’était sous la direction de M. Yattara, handicapé qui gère maintenant l’école de Sonfonia. À ce moment-là, l’association marchait bien, mais cela s’est arrêté. Les représentants de l’Etat ici à Boké, comme le gouverneur, le préfet, et même l’ancien Premier ministre Kassory, nous ont beaucoup aidés. Le terrain a été acquis et une construction a été lancée, mais cette construction est maintenant arrêtée. Je peux dire que l’arrivée du président de transition a beaucoup aidé les handicapés. L’année passée, les handicapés qui se déplaçaient avec des béquilles ont reçu de l’aide pour obtenir des protège-genoux. À ce moment-là, nous marchions avec ces protège-genoux. Mais, il y avait quelques difficultés. Il nous a demandé si ces protège-genoux fonctionnaient bien. Bien sûr, ils fonctionnaient, mais ils étaient fatigants. Des experts sont venus et ont commencé à évaluer. Ils ont dit que le protège-genoux qu’on avait reçu n’était pas assez bon et nous ont demandé de les envoyer à Conakry pour le réparer. Je peux dire que le président a vraiment pris en charge les handicapés à l’heure actuelle, car avant, nous n’étions pas visibles », a-t-il fait savoir.
Poursuivant, notre interlocuteur, agent technique de santé avec 11 ans d’expérience, a fait savoir qu’il fait face à une réalité frustrante malgré ses qualifications. Il n’a pas été retenu à l’issue du concours d’accès à la fonction publique. Il appelle à un soutien de la part du gouvernement et du Président de la transition, en prenant à bras-le-corps la situation des handicapés. « J’aimerais que la construction (du centre dédié aux handicapés, ndlr) soit achevée. Les bailleurs de fonds et même le président devraient venir nous aider à achever la construction. En plus de cela, nous les handicapés, il y en a beaucoup qui sont instruits. Nous sommes diplômés, mais nous n’avons pas d’emploi. Concernant l’emploi, nous en avons vraiment besoin. Nous avons également besoin de solidarité ici à Boké pour que les handicapés puissent se satisfaire. Il existe des métiers que nous pouvons exercer. Si tu vois un handicapé dans la rue, faire la mendiant, c’est qu’il n’a pas de métier. Dès qu’il a un métier, il ne sera plus obligé de mendier dans la rue. Ce que je demande au gouvernement, c’est de nous aider à terminer la construction de notre siège. Nous les handicapés, nous n’avons pas de moyens. Le financement de la construction a été assuré par le PNUD. Ce dernier nous a fourni des machines pour fabriquer des briques. Ces machines fonctionnent, mais nous manquons de soutien et de moyens. Nous n’avons pas les bras longs. Si ce n’est pas le gouvernement qui nous aide, nous ne pourrons rien faire. C’est pour cette raison que la construction s’est arrêtée. C’est pour l’avenir des handicapés, pour tous les handicapés. Nous ne recevons pas de soutien pour obtenir un emploi. Quant à moi, je travaille à l’hôpital régional ici, je suis agent technique de santé (ATS). J’ai 11 ans d’expérience, mais je ne suis pas fonctionnaire. Le concours récent, nous n’avons pas réussi à le passer. Tu sais, en Guinée, les handicapés n’ont pas réussi ce concours. Mais tu sais quel est le problème ? La Guinée ne prend pas suffisamment en compte les handicapés. Pourtant, un handicapé peut accomplir beaucoup dans la vie. Un handicapé qui a fait ses études, qui a fini l’école primaire jusqu’au niveau du diplôme, se retrouve maintenant dans la rue, à mendier. Que cela signifie-t-il ? On dit que l’handicapé a terminé ses études. Alors, aidez-nous à obtenir un emploi. Nous pouvons travailler dans les entreprises, dans l’administration, partout où il y a du travail. Ce que je voudrais dire au président, c’est qu’il a déjà beaucoup fait pour nous, car il nous a soutenus. Ce que nous attendons maintenant, c’est qu’il pense à l’emploi pour les handicapés. C’est cela qui nous permettra de progresser », a laissé entendre Amara Djassi.
Ismael Diallo pour Guineematin.com
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