Comme annoncé précédemment, un symposium à la mémoire de feu Elhadj Moussa Solano, décédé le 26 décembre 2024 à Conakry, a été organisé ce dimanche, 29 décembre au palais du peuple. À cette occasion, plusieurs témoignages pathétiques ont été livrés par les parents, amis, collègues, et collaborateurs du défunt. Au cours de son long discours, Kiridi Bangoura a parlé de l’expertise, de la bravoure et de la détermination du défunt pour défendre le pays lorsque la Guinée a été attaquée par des rebelles en septembre 2000. Il a également fait savoir à l’assistance qu’il « mangeait tous les jours à midi le même repas que le ministre Solano », rapporte un journaliste de Guineematin.com qui était à la cérémonie.
« Le 1er septembre 2000, la Guinée a été attaquée au niveau de Faramoriah, notamment à Pamelap et au niveau de Macenta. Le ministre Solano était en mission à Guékédou, le président de la République était en séjour au Maroc. Quand l’Etat a été attaqué, en collaboration avec le président de la République, il nous a demandé, comme vous vous êtes à Conakry, allez y voir la population de Pamelap, toute affaire cessante. Il faut qu’il voit les gens de notre cabinet. Nous sommes allés les voir. Nous sommes convenus. Le ministre est rentré de Guékédou avant l’arrivée du président de la République. Le président de la République, avec l’aide de Elhadj Fodé Bangoura, a mis en place un comité de crise dont la présidence a été confiée au ministre Moussa Solano et à notre département. Pendant presque deux ans, nous avons travaillé presque comme des auxiliaires de l’armée. Parce que le général Lansana Conté avait instruit au ministre Solano : moi et les militaires, nous occupons des rebelles, vous l’administration du territoire vous occupez des populations et des réfugiés. A l’époque, la Guinée accueillait deux millions de réfugiés sur son territoire. Et la plupart des camps de réfugiés étaient sur les lignes frontalières avec la Sierra Léonne et le Liberia. Ce travail a fait que nous, nous avons pris l’habitude de rester au département tous les jours pendant plus de deux ans jusqu’à 22 heures- 23 heures. Parce qu’il fallait que la communauté internationale nous aide à déplacer d’abord les réfugiés des frontières, mais aussi à ce que les populations dans la peur ne désertent pas les villages. C’est là où Elhadj Moussa Solano a montré son expertise et sa capacité de motivation de ses équipes. Parce que, je voudrais rappeler qu’au moment de ces attaques, nos arsenaux militaires étaient vides. Il y avait eu l’explosion du camp Alpha Yaya Diallo, il n’y avait pas assez de munitions dans le pays. Il fallait que les populations tiennent. D’où l’idée à l’époque de mettre en place des comités villageois de défense qui avaient des fusils de chasse. Des anciens miliciens de la révolution ont encadré la population ici et là pour qu’il y ait une première ligne de défense pour permettre de donner à l’armée le temps de s’organiser et de répliquer correctement. Nous avons aussi militarisés tous les postes de sous-préfet au frontières et tous les postes de préfets dans les préfectures qui sont frontalières de la Sierra Léonne et du Liberia. Donc, les commandants de l’armée sont devenus préfets, énormément des jeunes militaires sont devenus sous-préfets pour faire face à l’attaque. Pendant cette période, le ministre Solano n’a ménagé aucun effort. Il a gardé loyauté et fidélité à la République, il a exécuté avec assiduité et témérité des instructions données par le chef de l’Etat », a expliqué Kiridi Bangoura, ex collaborateur du défunt.
Par ailleurs, l’ancien secrétaire général du MATD, avant de devenir ministre, a parlé de la façon dont il mangeait avec le défunt, qui était son ministre.
« Je voulais faire un autre témoignage entre lui et moi. Il aimait beaucoup le ‘’Taupodji’’. C’est lui qui m’a fait découvrir cette sauce de la Guinée forestière. Je mangeais tous les jours à midi le même repas que le ministre Solano. Une fois, il m’a demandé : pourquoi tu aimes manger avec moi ? Je lui ai répondu : monsieur le ministre, c’est le seul moment où je vous vois où vous ne faites pas la politique, vous ne faites pas de stratégies, vous êtes au moins libre ! Au moins, quand on mange à deux, moi aussi je vais vous demander un certain nombre de choses. Il m’a alors dit : Ah ! Tu as raison. Viens manger avec moi tous les jours. Il dit : tu sais, quand on mange avec quelqu’un, c’est qu’on ose la personne. J’ai mangé le repas de madame Solano tous les jours. Madame Camara est là, c’est elle qui nous servait, elle peut témoigner. L’autre chose que je voulais dire, c’est sa fameuse horizontalité. C’est un homme qui a été guinéen avant d’être Kissien. Solano était en avance sur son temps. C’est qu’on pourrait prendre comme faiblesse chez lui était une grande force », a juré Kiridi Bangoura.
Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com