Depuis le 28 décembre 2024, les communautés de Télimélé ont intensifié leur mouvement de protestation contre les sociétés minières opérant dans leur zone : CDM-Chine, Henan-Chine, WAP-Winning, SMB, et Achapora. À l’origine de ce mécontentement, des accusations de non-respect du code minier, de discriminations dans l’emploi des jeunes et l’insuffisance des compensations pour les terres prises aux communautés pour les exploitations. Dans une interview accordée à nos envoyés spéciaux, Mamadou Aliou Bah, jeune manifestant, a exprimé le ras-le-bol des populations locales. Il souligne que le combat va continuer jusqu’à la satisfaction de leurs revendications.
« Nous ne sommes pas seulement en manifestation contre la société CDM Chine. Nous manifestons contre toutes les sociétés minières, surtout celles qui sont présentes dans notre zone, parce qu’elles ne respectent aucun droit et ne respectent pas le code minier. Il y a beaucoup de choses qui se sont passées, notamment les compensations, l’emploi des jeunes dans les entreprises qui n’est pas respecté. Nous avons plusieurs jeunes ici, près de 100 à 200, jusqu’à 600 dans chaque district, qui ne sont pas pris dans les sociétés. Donc, c’est pour tous ces droits que nous revendiquons, et que nous mettons ce barrage. Et ça n’a pas commencé aujourd’hui. Nous avions mis plusieurs barrages avant. A chaque fois, c’est la mairie ou bien la préfecture qui vient intervenir. Mais, nous n’avons jamais eu gain de cause. C’est pourquoi, depuis hier, nous avons commencé ce barrage afin que le gouvernement et son Excellence, Monsieur le président, le Général Mamadi Doumbouya puissent nous entendre », a lancé notre interlocuteur.
Poursuivant, Mamadou Aliou Bah, dénonce la difficulté des jeunes dans l’accès à l’emploi. « Il y a la CDM-Chine, il y a Henan-Chine, il y a WAP-Winning, toutes ces sociétés, SMB, parce que la grève ne se situe pas juste au district de Kabara, elle est jusqu’à Santou, c’est tout Télimélé qui est en train de faire la grève, ce n’est pas juste Kabara ni juste contre la société CDM-Chine, il y a Achapora aussi. Nous avons mené beaucoup d’actions, nous avons fait des écrits, nous sommes allés à la direction de la CDM-Chine, nous sommes allés à la direction de Henan Chine pour réclamer nos droits, pour leur dire que nous avons besoin que les jeunes soient employés dans les sociétés. Le préfet est venu ici, il a fait une sensibilisation, mais jusqu’à présent, nous n’avons pas eu gain de cause », a-t-il souligné.
Par ailleurs, Mamadou Aliou Bah demande la participation des communautés dans certains postes de responsabilité dans les sociétés minières et indique que les revendications vont continuer jusqu’à satisfaction. « Nos points de revendication, nous allons en citer quelques-uns, les plus essentiels. Le premier point, c’est le respect du code minier par les sociétés minières. Le deuxième point, nous demandons à ce que la communauté puisse participer dans les départements de relations communautaires, ressources humaines, transports, HSE, parce que nous n’existons pas dans ces départements. Et nous avons d’autres points aussi, la compensation. Quand elles viennent pour compenser nos terres, nous, auparavant, nos parents, ce qu’ils savaient, c’était l’agriculture et l’élevage. Aujourd’hui, nous n’avons plus de terre pour faire de l’agriculture ou élever nos vaches. Les entreprises minières ont tout pris. Cette compensation, le nombre d’arbres qui doivent être recensés ou bien le prix de l’arbre n’est pas respecté. Nous avons un autre point, la terre que les sociétés minières prennent. Quand elles viennent prendre le sommet, par exemple, la terre, en saison pluvieuse, se déverse dans les rivières. Nous ne pouvons pas avoir les petits potagers que nous y mettons, nous ne pouvons rien obtenir. Et ça, nous les appelons pour venir voir, les autorités locales disent non, nous allons gérer. Jusqu’à ce jour, ils n’ont pas pu gérer cette situation. Donc tout cela, c’est notre cri de cœur, un cri de cœur lancé par toute la communauté de Télimélé. Il y a des négociations qui sont en cours, au plus haut sommet, car nous voulons que ce soit une négociation avec le ministre des Mines ou bien la présidence. Donc, jusqu’à ce que nous ayons gain de cause, nous sommes là », a martelé le jeune manifestant.
Ismael Diallo et Lamine Kaba pour Guineematin.com
Tél. : 624 69 33 33