Comme annoncé précédemment, le procès du président du MoDeL s’est ouvert ce mardi, 31 décembre 2024, devant le tribunal correctionnel de Kaloum. Aliou Bah est poursuivi pour “offense et diffamation à l’endroit du chef de l’Etat par le biais d’un système informatique”. Des accusations que ce jeune leader politique a rejeté en bloc à la barre avec un air de sérénité. Il a aussi mis sa déposition à profit pour rappeler à la junte CNRD qu’elle a manqué à ses promesses faites dans les premières heures de sa prise du pouvoir le 5 septembre 2021, a constaté Guineematin.com à travers une de ses équipes de reportage.
Nous sommes dans la salle d’audience du tribunal de première instance de Kaloum. La salle, d’ordinaire vide, est remplie par de militants, journalistes, de juristes et de curieux du sort du président du MoDeL. Il est 10 heures25’, le juge audiencier, Ousmane Sylla, appelle à la barre le président du MoDeL. Mais, dès l’entame de l’audience, les avocats de la défense demandent au président dudit tribunal de permettre aux médias de filmer ce procès. Une demande rejetée par le tribunal.
Habillé d’une chemise en carreaux braillée dans un pantalon tissu assorti d’une paire de sport, confiant et prêt pour son audition, Aliou Bah répond aux premières questions du juge : « Je suis prêt à être jugé aujourd’hui. Je suis Mamadou Aliou Bah, né le 20 février 1984 à Labé. Je suis marié et père de 4 enfants », dit-il pour ainsi décliner son identité et sa filiation.
Au même moment de son audition, une altercation entre une avocate et les agents de police se passe à l’entrée de la cour du tribunal. Ce qui provoque une interruption des débats pour quelques minutes. À la reprise, le ministère public sollicite et obtient 5 minutes de pause.
Au retour du tribunal, les journalistes sont autorisés à prendre des images. Par la suite, les débats se poursuivent. Le président du MoDeL donne sa version des faits.
« Je me pose la question de savoir ce dont on me reproche. Je n’ai jamais offensé ni diffamé le Chef de l’État et les autorités. J’ai insisté à ce que l’État rende compte dans mes discours… Dans le cas des kidnappings, il appartient à l’État de les retrouver et de les rendre aux familles. J’ai fait appel aux religieux pour qu’ils arrêtent de se taire sur ce qui se passe. Ce sont essentiellement les messages que j’ai tenus dont on me reproche. En rien, ces messages ne sont subversifs ou mal adressés. Je n’ai rien dit d’offensant. Je n’ai pas traité des dirigeants de corrompus. La légitimité dans la gestion du pouvoir en Guinée s’acquiert par les élections et ceux qui nous dirigent actuellement ne l’ont pas. Les engagements pris le 5 septembre ne sont pas tenus. Étant donné que la transition ne se termine pas aujourd’hui 31 décembre 2024, les autorités de la transition sont dans un agenda de confiscation du pouvoir. En disant dirigeant corrompu, je n’ai pas personnalisé », a expliqué Aliou Bah.
A cet instant précis, le ministère public est en train de poser des questions au prévenu pour démontrer les diffamations et offenses du président du MoDeL à l’encontre du Chef de l’État.
Boubacar Diallo et Lamine Kaba pour Guineematin.com