Comme annoncé précédemment, le président de la transition guinéenne s’est adressé dans la soirée de ce mardi, 31 décembre 2024, à ses compatriotes. Le Général Mamadi Doumbouya a, dans son adresse à la nation, dressé le bilan de l’année qui s’achève et égrené des perspectives pour l’avenir. Il a aussi annoncé “la reprise totale des activités politiques dès l’année 2025”. Mais, pour Elhadj Aboubacar Biro Soumah, le président du Parti pour le Progrès et le Changement (PPC), ce discours du chef de l’Etat n’est “pas rassurant”, d’autant plus qu’il est teinté de beaucoup de promesses.
« Le président de la transition a fait un discours qui n’est pas rassurant. Il y a trop de promesses. Son discours, nous allons le répartir en trois étapes. La première étape, ce sont les promesses. Et, nous savons que les promesses n’ont jamais été respectées par la junte militaire depuis qu’elle a pris le pouvoir. Chacun de nous sait que les engagements pris n’ont jamais été respectés. En termes de liberté, en termes de droits de l’homme, en termes de sécurité, de justice, en termes des activités politiques, bref tout ce qu’il avait pris comme engagement n’a pas été respecté. La cherté de la vie, ça aussi nous avons écouté son discours, mais rien n’a été pris pour permettre aux Guinéens d’avoir une sécurité alimentaire décente. Des dispositions prises par rapport à la flambée des prix, ça aussi on a rien compris dans son discours. Aussi, ce qu’il a promis en 2025, relative à l’augmentation des salaires des travailleurs, pour nous, cela n’est pas rassurant. C’est une manière de berner l’esprit des Guinéens et des fonctionnaires. Donc, à ce niveau, rien n’est clair. Revenons sur les détournements, la gestion catastrophique du CNRD qu’on n’a jamais vu depuis notre indépendance. Si vous prenez la douane, les impôts, la banque centrale, qu’est-ce que la junte militaire a pris comme précaution pour remédier cet état de fait. Ça aussi n’est pas ressorti dans son discours pour rassurer les Guinéens des engagements qu’il a pris pour lutter contre la corruption. Donc, à ce niveau, rien n’est rassurant. Sur le plan politique aussi, il a passé de côté. Parce que rien ne prouve que Mamadi Doumbouya ne sera pas candidat aux futures élections présidentielles. Parce que les engagements qu’il a pris auparavant et qu’il n’a pas respecté en disant qu’il ne sera pas candidat, ni lui, ni les autres acteurs de la transition, n’a pas été réitéré dans son discours. Nous sommes le 31 décembre 2024. L’accord qui a été signé entre la junte et la Cedeao prend fin ce 31 décembre 2024 à zéro heure zéro minute. Mais rien n’est fait sur cet agenda. La deuxième chose, c’est au niveau de la sécurité des Guinéens. La sécurité des Guinéens n’est pas rassurée. Si vous vous prenez aujourd’hui dans toutes les villes, que ce soit Conakry et les grandes villes, tout est militarisé. A chaque fois ce sont des blindés qui circulent dans les coins et recoins de Conakry pour intimider la population. Tout ça ne peut pas rassurer la sécurité et la santé de la population. Au moins pour satisfaire la classe politique, c’était de procéder à la libération des prisonniers politiques qu’on s’attendait, mais aussi faire appel à ceux qui sont à l’extérieur de venir ouvrir un cadre de dialogue sincère et honnête afin qu’on puisse aplanir les divergences. Cela aussi n’est pas ressorti dans son discours. Donc, pour moi, en tant qu’acteur politique, je ne suis pas convaincu du discours du chef de la junte qui vient de se passer. Nous pensons que les forces vives ont raison d’avoir réagi en disant que le 31 décembre 2024, c’est la fin de la transition. On s’inscrit sur la même logique et nous pensons que la population va réagir, parce que les engagements ne sont pas respectés », a déclaré Elhadj Aboubacar Biro Soumah.
Saïdou Hady Diallo pour Guineematin.com