Ils sont nombreux à se plaindre de cette pratique. Depuis la publication sur Guineematin.com d’un entretien relatant l’arnaque dont a été victime un jeune venu de Labé pour la Côte d’Ivoire, les cas d’alerte se multiplient. Et les victimes sont désemparées. Dans un entretien accordé au correspondant de Guineematin.com basé à Abidjan, Thierno Amadou Diallo est revenu sur le cas de son petit frère, Alpha Oumar, qui se trouve entre les mains d’escrocs présumés, qui demandent la somme de 2 000 € à sa famille pour sa libération.
C’est un réseau mafieux bien établi dans presque tous les pays. En Côte d’Ivoire, il est principalement présent dans des villes comme San Pedro, Yamoussoukro… Son mode opératoire consiste à abuser de la confiance de ses proies. Il rassure de donner du travail bien rémunéré aux jeunes avant de transformer cet espoir en cauchemar.
Thierno Amadou Diallo raconte comment son petit frère a été piégé. « Mon frère a quitté la maison depuis le 16 novembre dernier, sans me consulter. Mais après, j’ai compris que ce sont ses amis qui l’ont rassuré de lui trouver du travail payé à chaque fin de mois à 400 000 francs CFA, soit environ 5 500 000 GNF. Puis, ils lui ont demandé de rester discret, sans rien dire à personne. Ni sa famille ni ses proches, il n’a informé personne jusqu’au mois de décembre. Ils m’ont appelé ce jour, la nuit, avec un numéro du Niger, pour me dire que mon frère du nom d’Alpha Oumar y est arrêté. Je leur ai dit que je n’ai pas de frère au Niger. Il a pris le téléphone pour m’expliquer, en pleurant. Il me dit qu’il voulait partir en Europe clandestinement, sans me dire. C’est pourquoi il est parti ».
Le réseau dispose de correspondants partout et a un mode opératoire spécial. Il procède à l’utilisation d’images effroyables de personnes ligotées, attachées, balafrées pour accentuer la pression aux familles des personnes recrutées avec à la clé une demande de rançon. Pour le cas d’Alpha Oumar Diallo, ses « ravisseurs » ont demandé 2000 euros. « Ils m’ont dit que pour sa libération, nous devons payer la somme de 2 000 €. A partir de là, ils me harcelaient à chaque fois pour me demander de payer, menaçant de le tuer. Je leur ai dit que je n’avais pas d’argent et que j’allais voir avec la famille. Entre-temps, on a collecté 340 000 F CFA. J’ai envoyé, dans un premier temps, 290 000 F CFA. Ensuite, 100 000 F CFA, avant ma dernière transaction où j’ai envoyé encore 279 000 F CFA. Pour vous dire que c’est un réseau, ils utilisent un numéro WhatsApp du Niger. J’ai transféré l’argent sur un numéro du Burkina Faso, après m’avoir donné, pour premier temps, un numéro du Mali », a fait savoir Thierno Amadou Diallo.
Les images du jeune, qui dit être séquestré, bien qu’étant effrayantes, ressemblent à un montage : complicité ou pas ? Il avait un bon comportement avant cette histoire, affirme son frère. « Il vendait au marché ici des habits. Il avait même son sac chez moi. Pour le reprendre, il m’a dit qu’il a trouvé une maison en colocation. Je lui ai demandé s’il était sûr de ses amis. Il m’a répondu que oui. C’est après qu’il s’est retrouvé dans cette situation que j’ai compris qu’il n’avait pas trouvé de maison ».
Face à la recrudescence de ce phénomène, Thierno Amadou Diallo invite à la vigilance.
Depuis Abidjan, Mamadou Malal Baldé pour Guineematin.com
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