Le 31 décembre dernier, le Général Mamadi Doumbouya s’est adressé aux Guinéens. Et dans cette adresse à la nation, le président de la transition a abordé plusieurs points en lien avec la vie socioéconomique et politique de la Guinée, sans pour autant convaincre grand monde, surtout les défenseurs des droits de l’homme.
Dans un entretien accordé à Guineematin.com jeudi, 2 janvier 2025, Alseny Sall, le chargé de communication de l’Organisation Guinéenne de Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen (OGDH), a dit que ce discours du chef de l’Etat n’a pas répondu aux attentes sur des questions essentielles relatives aux droits humains en Guinée, telles que le sort des victimes des manifestations réprimées.
« Nous avons suivi avec beaucoup d’attention ce discours du Président de la transition qui, pour nous, en dépit de sa longueur, nous a tous laissés sur notre faim concernant de nombreuses interrogations et préoccupations relatives à des sujets d’intérêt national. Sur le cas spécifique des droits humains, le Président de la transition a fait mention du procès du 28 septembre, qui, pour nous, représente une jurisprudence positive à noter. Un des enseignements que ce procès emblématique nous enseigne est que, parfois, la justice sur les violations des droits humains peut prendre du temps en raison de plusieurs facteurs politiques, notamment. Mais qu’à cela ne tienne, il ne faut jamais désespérer, car la justice finit toujours par triompher de l’injustice. Si l’on peut se réjouir de ce procès, on aurait toutefois souhaité entendre le Président de la transition, qui s’est engagé à faire de la justice la boussole de la conduite de chaque Guinéen, s’expliquer sur l’absence de justice ou le retard des enquêtes concernant les allégations de violations des droits humains commises sous son magistère. Je parle notamment des personnes tuées à l’occasion des manifestations, des citoyens arrêtés en dehors de toute procédure et détenus dans des lieux secrets pour avoir pris des positions critiques sur la transition. Car, pour nous, dire que la justice est la boussole signifie que nous devons tous bénéficier de la protection de la loi, quelle que soit notre appartenance. Et ce, conformément à nos engagements internationaux en matière des droits humains », a-t-il dit.
Poursuivant, Alseny Sall a également déploré le manque de reconnaissance, par le Président de la transition, du drame de N’zérékoré qui a touché de nombreuses familles guinéennes lors du match de gala et qui ont perdu des proches,
« Nous trouvons néanmoins préoccupant que celui-là même qui est censé œuvrer pour garantir nos droits et libertés, ainsi que l’unité nationale, puisse oublier un tel drame qui a endeuillé plus d’une centaine de familles à l’occasion d’un moment aussi solennel. Une telle attitude, ajoutée aux déclarations récentes du ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, ne présage pas d’une volonté politique réelle d’œuvrer pour rendre justice aux victimes, à notre sens. En tout état de cause, nous osons croire que ce dossier bénéficiera d’un traitement à la hauteur du drame, conformément aux engagements du 5 septembre de faire de la justice la boussole », a-t-il souligné.
Par ailleurs, Alseny Sall a insisté sur la nécessité d’un consensus national pour bâtir un avenir commun.
« Pour nous, l’avenir de notre pays est quelque chose qui engage chacun d’entre nous, en tant que Guinéen et Guinéenne. Ce, au-delà du CNRD. À ce titre, il est de notre devoir et de notre responsabilité d’œuvrer pour que cet avenir soit construit dans un esprit de consensus national, fondé sur des valeurs et des principes que nous partageons tous et toutes », a-t-il indiqué.
Ismael Diallo pour Guineematin.com
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