La situation des enseignants contractuels en Guinée est loin de connaître une issue favorable. Ils sont encore des milliers, tant à Conakry qu’à l’intérieur du pays, à continuer la lutte pour leur intégration à la fonction publique. C’est dans cette dynamique que les contractuels de la zone spéciale de Conakry ont organisé ce dimanche, 5 janvier 2025, une rencontre au siège du Syndicat Libre des Enseignants et Chercheurs de Guinée (SLECG). La démarche visait à faire le point sur leur situation et inviter les autorités à faire face à leur situation, de plus en plus précaire, a constaté sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Mohamed Latige Ibrahim, coordinateur des enseignants contractuels à Conakry, a exposé devant la presse les démarches entreprises pour résoudre leur situation. « Après notre sit-in devant notre département de tutelle, le Ministère de l’Enseignement pré-universitaire, vers 17 h, le CNT nous a appelés. Nous avons répondu à l’appel, nous étions au bureau, également en présence de quelques conseillers, notamment le conseiller chargé des questions de l’éducation et le directeur du cabinet du CNT. Nous avons discuté pendant une heure et quelques. Après l’entretien, on nous a demandés de déposer notre liste ainsi que les documents des contractuels de la zone spéciale de Conakry. Le lendemain, nous avons déposé la liste et ces documents au niveau du CNT. Nous attendions ensuite une réponse. Lundi, nous y retournerons pour voir où en est la situation. Nous avons également entrepris des démarches à la CNTG. Le syndicat avait demandé de déposer une correspondance accompagnée de nos documents. Ils vont examiner ce qu’il convient de faire pour la zone spéciale de Conakry. Ils saisiront également l’autorité suprême pour qu’elle prenne en compte la liste de ceux de Conakry. Cette liste a donc été déposée là-bas avec ces documents, puis également déposée au CNT. Le MEPUA a aussi précisé qu’ils sont en train de gérer la situation, y compris pour ceux de Conakry et ceux de l’intérieur. Après notre sit-in, les forces de l’ordre nous ont informés que nos chefs nous avaient demandé de rentrer et qu’ils travaillaient sur notre situation. En ce qui concerne ceux de Conakry et de l’intérieur, c’est ce qui nous a été dit. La violence est exclue chez nous. C’est pourquoi nous avons opté pour des démarches administratives, dans l’attente que les autorités se saisissent de notre situation. Nous gardons espoir, étant donné le contexte sociopolitique de notre pays, et nous continuons d’envisager une démarche pacifique », a dit le coordinateur des enseignants contractuels à Conakry.
Poursuivant, Mohamed Latige Ibrahim indique que, malgré l’engagement des enseignants contractuels à enseigner pour combler les manques dans les établissements publics, ils font l’objet de menaces récurrentes de la part du département de l’Éducation.
« Beaucoup sont en classe, mais je ne donnerai pas de chiffres précis. Beaucoup, y compris moi-même, nous travaillons dans les établissements scolaires. Certains sont dans les établissements privés, en raison des menaces. Chaque année, le département menace les services déconcentrés de retirer l’emploi du temps. Si l’emploi du temps est retiré, cela signifie que les contractuels existent à Conakry. Chaque année, ces menaces poussent certains chefs d’établissements à céder, par peur. Parfois, après un mois d’absence, ils appellent les mêmes contractuels pour combler les vides. Une première mutation avait été effectuée, mais mille et quelques contractuels avaient été omis de la liste. Quand on leur a demandé de partir à l’intérieur, par exemple de Conakry à N’zérékoré, il n’y avait aucune condition. Une fois arrivés, le préfet a indiqué qu’il y avait déjà d’autres contractuels présents. C’est ce qui s’est passé, car certaines régions avaient décidé dès le début de la contractualisation qu’il n’y avait plus de places. Ils ont donc été contraints de retourner dans leurs établissements d’origine. Pour le moment, il n’y a aucun lien entre nous. Chacun poursuivait son propre combat, car à un moment donné, leur syndicat leur avait fait croire que nous étions leurs ennemis, ce qui était faux. Nous avons lutté pour eux aussi », a-t-il indiqué
Par ailleurs, Mohamed Latige brahim a lancé un appel aux autorités, en particulier au président Mamadi Doumbouya, soulignant que plus d’un an de travail sans rémunération n’était plus acceptable.
« Nous poursuivrons notre lutte jusqu’à ce que nous soyons intégrés à la fonction publique. Voilà le message que j’ai à adresser à l’autorité suprême, au président le Général Mamadi Doumbouya, et à son gouvernement, il est temps de faire face à notre situation. Cela fait plus d’un an que nous travaillons pour l’école guinéenne, patriotiquement, sans salaire ni autres compensations. Nous œuvrons pour former les cadres de demain, et nous leur demandons de prendre en compte notre situation. Nous sommes des guinéens et travaillons dans un secteur vital, car tout passe par l’éducation. Ils doivent également faire face à notre situation pour que nous puissions être intégrés à la fonction publique. C’est ce que nous demandons aux autorités. Quant à nous, nous restons engagés pour la paix. Nous attendons également qu’ils nous écoutent, car parmi nous, il y a des pères de famille qui consacrent tout leur temps à l’éducation des enfants de notre pays », a-t-il laissé entendre.
Ismaël Diallo pour Guineematin.com
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