Aliou Bah condamné à 2 ans de prison : Me Halimatou Camara dénonce un « kidnapping judiciaire… »

Ce mardi 7 janvier 2025, le tribunal de première instance de Kaloum a condamné Aliou Bah, président du MoDeL, à deux ans d’emprisonnement ferme. Une décision qui suscite une vague d’indignation, notamment parmi ses avocats, dont Me Halimatou Camara, qui a vivement réagi après le verdict.

À la sortie de la salle d’audience, Me Halimatou Camara n’a pas mâché ses mots. « Le verdict rendu dans l’affaire Aliou Bah illustre, comme je l’ai souligné lors de mes plaidoiries le 2 janvier dernier, une véritable honte judiciaire. Ce procès n’est rien d’autre qu’un procès de la honte. Dès le départ, nous avions demandé à l’autorité judiciaire, et en particulier au président audiencier, de faire de ce procès celui de la responsabilité. Car, nous sommes tous, dans nos fonctions respectives, tenus d’agir avec responsabilité et rigueur, surtout lorsque cela engage les serments que nous avons prêtés pour exercer nos professions », a-t-elle déclaré avec fermeté.

L’avocate a dénoncé les multiples irrégularités ayant marqué cette affaire. Elle a notamment évoqué l’interpellation d’Aliou Bah le 26 décembre, alors qu’il se rendait en Sierra Leone pour des raisons administratives et familiales.

« Sur le plan formel, Aliou Bah, un leader politique de premier plan, se rendait paisiblement en Sierra Leone pour des affaires administratives et familiales lorsqu’il a été interpellé. À partir de ce moment, il a été arbitrairement privé de son droit fondamental de libre circulation, alors qu’aucune mesure légale ne le restreignait », a-t-elle dénoncé.

L’avocate a également pointé du doigt les conditions de garde à vue, qualifiées d’inhumaines et contraires aux normes légales.

« Aliou Bah a été maintenu en garde à vue pendant cinq jours, alors que la loi limite cette durée à 48 heures. Ces violations flagrantes des droits humains sont inadmissibles », a-t-elle martelé.

Sur le fond, Me Camara a rejeté l’accusation de flagrant délit.

« Les faits reprochés à Aliou Bah remontent au 14 décembre, mais il n’a été interpellé que le 26 décembre. Or, le flagrant délit suppose une interpellation immédiate. Cette affaire n’a rien à voir avec un flagrant délit, c’est une manipulation juridique », a-t-elle dit.

Pour elle, les accusations de diffamation et d’offense portées contre son client ne tiennent pas la route.

« Aliou Bah n’a fait que rappeler aux autorités leurs obligations constitutionnelles de protéger les citoyens. À aucun moment, ses propos ne peuvent être considérés comme une injure ou une diffamation », a dit l’avocate.

Me Camara va plus loin en qualifiant ce procès de « kidnapping judiciaire » destiné à museler un opposant politique.

« Aliou Bah est une figure charismatique et influente de la scène politique guinéenne. Cette condamnation vise clairement à l’écarter et à intimider ceux qui osent critiquer les autorités », a-t-elle souligné.

La condamnation d’Aliou Bah soulève de sérieuses questions sur l’indépendance de la justice en Guinée. Pour Me Camara, ce verdict marque un recul alarmant de l’État de droit et constitue un signal inquiétant pour la démocratie.

« Ce n’est pas seulement Aliou Bah qui est condamné aujourd’hui. C’est tout un pays qui est témoin de la dérive autoritaire et de l’instrumentalisation de la justice à des fins politiques », a-t-elle martelé.

Me Halimatou Camara a réitéré son engagement à poursuivre le combat juridique pour faire annuler cette décision, tout en appelant à une mobilisation nationale pour défendre la liberté et la justice en Guinée.

Lamine Kaba et Aye Bobo Bah pour Guinéematin.com 

Tél : 620995917

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