Condamnation d’Aliou Bah à 2 ans de prison : « C’est une menace sérieuse qui pèse sur notre société »

Maître Galissa Hady Diallo, avocat d'Aliou Bah

Le président du parti Mouvement démocratique Libéral (MoDeL), Aliou Bah, a été condamné à 2 ans d’emprisonnement ce mardi, 7 janvier 2025, par le tribunal de première instance de Kaloum. Il a été reconnu coupable d’offense et de diffamation contre le chef de l’État à travers un système informatique. Maître Galissa Hady Diallo, un des avocats de la défense, trouve regrettable la condamnation de son client, a appris Guineematin.com à travers ses reporters sur place.

Le procès du président du MoDeL en première instance a connu son épilogue ce mardi. Poursuivi pour offense et diffamation contre le Chef de l’État, Aliou Bah a été condamné à 2 ans, conformément aux réquisitions du ministère public.

A la sortie de l’audience, l’avocat de la défense, Maître Galissa Hady Diallo, trouve « choquant » que le juge audiencier, Ousmane Sylla, n’ait pas pris en compte les 5 heures de plaidoiries de la défense. « Il y avait des signes avant-coureur. Ce matin, le dispositif qui a été mis en place devant le tribunal était déjà extraordinaire. Tout était en place pour emmener M. Bah en prison. En réalité, ce que moi je trouve choquant, c’est que, on est passé outre les débats, outre la démonstration qui a été faite ici, outre les plaidoiries qui ont été tenues ici par les avocats pendant 5 heures, où on était en train de démontrer point par point que M. Bah n’a rien fait d’illégal. Et vous constatez que le ministère public n’a pris que 5 minutes. C’est dommage de voir que le juge l’a suivi dans cela, parce que dans la prononciation du verdict, il n’a changé ne serait-ce qu’une virgule dans ce qui a été requis par le ministère public », a dit l’avocat.

Par ailleurs, maître Galissa Hady Diallo estime qu’avec cette condamnation, les juges ne sont pas indépendants. « En quoi cela démontre l’indépendance des juges dans ce pays ? Puis, il y a l’aspect politique. De toutes les manières, M. Bah a été condamné d’avance, dès lors que c’est un acteur politique, qui exerce ses activités politiques et qui estime que la manière de gouverner aujourd’hui mérite d’être analysée et critiquée. En quoi peut-on lui reprocher cela ? C’est comme si on reprochait à un coq de chanter. C’est comme si on reprochait à un footballeur de jouer au foot. Donc, légalement, ils n’ont aucune disposition. Est-ce que vous avez entendu une disposition légale prononcée au moment du verdict ? Non. Parce qu’il n’y a pas de fondement légal. Ils se sont gourés du début à la fin », dénonce-t-il.

En outre, l’avocat de la défense a laissé entendre que le collectif va interjeter appel de la décision du tribunal, tout en dénonçant ce verdict comme une menace sérieuse qui pèse sur notre société.  « Maintenant, tirons les leçons de tout ça. De toutes les manières, nous, on va interjeter appel. Au-delà de ça, ce que ça renvoie comme image, ce que nous pouvons condamner les gens pour la liberté d’expression, pour avoir exercé leurs activités politiques en tant qu’acteurs politiques et que la liberté d’expression est menacée aujourd’hui dans notre pays. Cela renvoie au fait que nous sommes désormais tous vulnérables, quel que soit la qualité ou le fondement de vos arguments pour démontrer votre innocence, le juge et le parquet passeront outre pour vous condamner. Donc, dans ce cas-là, il faut faire attention parce que, il y a une menace sérieuse qui pèse sur notre société », a martelé maître Galissa Hady Diallo.

Boubacar Diallo et Lamine Kaba pour Guineematin.com

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