La Fondation Orange Guinée a lancé la caravane de santé 3ème âge ce mardi, 7 janvier 2025, à la maison des jeunes de Dubréka. Cette 3ème édition est organisée en partenariat avec le Ministère de la Santé et de l’hygiène publique, à travers la Direction nationale des maladies non transmissibles, la Santé en entreprise, la Croix rouge guinéenne, Visa médical, la Sodipharm et Sanofi. Cette caravane, qui a débuté hier 6 janvier, va continuer jusqu’au 28 février 2025, et va toucher Télimélé, Gaoual, Mali, Dalaba, Kissidougou, Beyla, Siguiri. La démarche vise à conseiller, sensibiliser, dépister et faire la prise en charge médicale des personnes ayant 60 ans ou plus, gratuitement, sur les maladies non transmissibles, notamment le Diabète et l’hypertension artérielle, a appris sur place Guineematin.com à travers un de ses reporters.
L’administratrice générale de la Fondation Orange Guinée, Amina Abou Khalil, est revenue sur l’origine de cette caravane et sur le choix porté sur le 3ème âge.
« C’est en 2022 que la caravane santé 3ème âge est née. Elle est née d’un constat très simple que nous tous nous vivons certainement, celui d’avoir dans notre entourage des proches qui souffrent de diabète et d’hypertension artérielle. Celui de savoir que les chiffres vont grandissant. Mais, celui de souffrir de la douleur de ses parents-là, nous avons pris soin d’approcher le Ministère de la Santé et de l’Hygiène publique, à travers le programme de lutte contre les maladies non transmissibles, pour nous assurer qu’effectivement ce constat-là était juste. Et il fallait se mobiliser. Ensuite, on s’est posé la question, comment et vers qui. Et notre observation, est celle de constater que nous, les acteurs associatifs, les ONG, très souvent nos programmes sont pour les femmes, les jeunes et on ne pense pas forcément à nos aînés, et pourtant on a besoin d’eux. Cette caravane est née ainsi avec l’appui de nos partenaires », a-t-elle expliqué.
Par ailleurs, Amina Abou Khalil a fait savoir que l’objectif de cette 3ème édition, qui s’étendra dans 8 préfectures de la Guinée, a pour objectif de faire dépister 8000 aînés sur le diabète et l’hypertension artérielle. « C’est une première d’aller dans les préfectures. Nous irons dans 8 préfectures. Toute l’équipe de la Fondation et les équipes des partenaires sont mobilisées tout au long du chemin avec l’objectif de dépister au moins 8000 aînés et faire en sorte qu’au-delà du dépistage, les gens prennent conscience que le diabète et l’hypertension artérielle sont des maladies non transmissibles, mais qu’on peut les éviter. C’est surtout cela, la prévention. On pense que c’est quand on est âgé qu’on tombe malade. Malheureusement, non. De plus en plus de jeunes souffrent de ces maladies non transmissibles et c’est le résultat de l’hygiène, de comment l’on mange et de ce qu’on fait. Alors, faisons en sorte que beaucoup plus de personnes soient conscientes de ces maladies-là et de comment les éviter », a-t-elle laissé entendre.
De son côté, le Professeur Amadou Kaké, coordonnateur national des maladies non transmissibles, dira que cette initiative est en parfaite harmonie avec la politique de décentralisation du Ministère de la Santé. Il a également levé un coin du voile sur les statistiques du diabète et l’hypertension artérielle qui, selon lui, sont alarmantes.
« Si la 1ère édition a concerné la ville de Conakry, la 2ème édition a été réalisée aux chefs-lieux des régions de l’intérieur du pays. Cette 3ème édition va encore plus en profondeur en touchant plus de 8 000 personnes dans 8 districts de notre pays. Ce qui est en parfaite harmonie avec la politique de décentralisation du Ministère de la Santé, de l’Ordre de sciences spécialisées de diabète et de l’hypertension artérielle dans notre pays. En effet, l’hypertension artérielle et le diabète constituent deux maladies chroniques non transmissibles qu’on qualifie de tueurs silencieux. Ce sont des maladies qui évoluent à bas bruit, sans aucun symptôme. Si on attend les signes, ce serait trop tard. Il faut se faire dépister plus tôt. A l’instar des autres pays, la Guinée connaît une progression nette de ces maladies non transmissibles, plus spécifiquement du diabète et de l’hypertension. Les statistiques dont nous disposons sont déjà alarmantes. Concernant le diabète de l’enfant, plus de 1 500 enfants diabétiques sont suivis dans notre pays. Alors qu’on pensait qu’il n’y avait pas de diabète de l’enfant en Afrique. La raison était toute autre parce que ces enfants mourraient avant le diagnostic. Le diabète de l’adulte concerne 5,6 % des sujets âgés de plus de 35 ans. Et cette prévalence augmente progressivement avec l’âge pour atteindre plus de 10 % à 50 ans. Et dans la majorité des cas, les diabétiques diagnostiqués dans les différentes enquêtes ne savent pas qu’ils ont le diabète. Et parmi ceux qui connaissent leur statut, c’est parmi les diabétiques connus, moins de la moitié reçoit un traitement. Et parmi ceux qui sont traités, un patient sur trois note une discontinuité de son traitement, pour plusieurs raisons. L’hypertension présente le même statut. Un adulte sur trois en Guinée est hypertendu. Et dans plus de 70 % des cas, les hypertendus ne se connaissent pas hypertendus. Vous voyez alors les conséquences auxquelles ces deux maladies peuvent exposer, notamment les accidents vasculaires cérébraux (…). Ce qui fait de ces maladies, pas seulement un problème de santé, mais ces maladies sont devenues de nos jours un véritable problème de développement. Parce que les conséquences sont aussi lourdes pour l’individu mais pour toute la société entière », a fait savoir le Professeur Amadou Kaké.
Pour sa part, Almamy Alia Camara, Secrétaire général de la préfecture de Dubréka, a félicité et remercié la Fondation Orange Guinée pour ses différents bienfaits en faveur de la localité, également affectée par l’hypertension et le diabète.
« Je voudrais saisir l’occasion pour féliciter et remercier les responsables de cette Fondation, au nom des autorités préfectorales. La population de Dubréka est désormais habituée à vos nombreux bienfaits dans lesquels elle se reconnaît à plus d’un titre. De nos jours, les maladies de diabète et d’hypertension se répandent comme des petits pains chez nous à Dubréka. Ce sont des maladies chroniques et le plus souvent que les patients ignorent. Et la plupart des gens dépistés n’ont pas les moyens financiers adéquats pour s’acheter régulièrement les médicaments. Cette situation précipite malheureusement et prématurément la mort de plusieurs de nos concitoyens. Votre mission, qui s’inscrit dans un cadre humanitaire, est une bouffée d’oxygène… Pendant 3 jours, vous permettrez à ces centaines de personnes de se faire dépister et d’avoir des médicaments parfois inaccessibles à leur cause. Vous avez choisi Dubréka pour démarrer vos activités de consultation gratuite qui s’étendent d’ailleurs à l’échelle nationale, ce qui signifie que ce ne sont pas uniquement les populations de Dubréka qui vont bénéficier de ces soins, mais une bonne frange de la population guinéenne. Votre politique humanitaire va en droite ligne, faut-il le reconnaître, des actions prioritaires de notre gouvernement, sous la conduite éclairée de son excellence le Général d’armée Mamadi Doumbouya. Lequel gouvernement a mis comme actions prioritaires le développement local et la santé », a déclaré Almamy Alia Camara
Quant à, Naby Sylla, bénéficiaire de la caravane de la santé, il a salué cette initiative. « J’apprécie ce travail qui, aujourd’hui, nous amène à savoir l’état dans lequel nous nous trouvons. Si tu as la tension ou le diabète, tu peux le savoir. Nous prions Dieu que cela continue pour notre société. Nous remercions à plus d’un titre ceux qui l’ont organisé ».
Hadja Fatoumata Yarie Camara, enseignante à l’école primaire de Nèguèyah, venue se faire dépister, a remercié et encouragé la Fondation Orange Guinée à continuer dans ce sens.
« J’étais de passage. Je partais à EDG pour payer ma facture quand j’ai vu la pancarte. J’ai eu la curiosité de savoir ce qui se passait ici. Ma copine m’a expliqué qu’il y a des gens qui sont venus pour faire des dépistages pour des personnes du troisième âge. Je me suis inscrite. Franchement, ça se passe très bien. C’est très important, puisqu’en ce moment, il y a des gens qui n’ont pas les moyens de se rendre à l’hôpital, même en cas de maladie. Donc, si ce type d’occasions se présente, ils pourront se faire consulter gratuitement et avoir des médicaments gratuitement. Je les remercie beaucoup et les encourage à continuer sur ça. Quand tu commences un bon travail, il faut toujours continuer là-dessus. Ce n’est pas la population qui va les payer, mais c’est Dieu qui va le faire », a-t-elle lancé.
Fatoumata Diouldé Diallo pour Guineematin.com