En Guinée, des médias en ligne sont victimes de restrictions depuis quelques jours, avec un accès difficile voire impossible. Les associations de presse en ligne ont même publié un communiqué pour dénoncer cet état de fait qui impacte négativement ces entreprises. C’est le cas du site d’informations générales Africaguinee.com, victime « d’une baisse significative du trafic sur le site, suivie de difficultés d’accès, notamment pour les utilisateurs se trouvant en Guinée ». C’est ce qu’a fait savoir ce mardi 7 janvier 2025, Boubacar Bagnan Diallo, directeur de publication de cet organe d’informations en ligne, dans un entretien accordé à Guineematin.com à travers un de ses reporters.
« Il faut dire que les restrictions ont été constatées depuis la nuit du dimanche à lundi, 6 janvier 2025. Nous avons d’abord constaté une baisse du trafic habituel au niveau de notre site. Et puis, par la suite, le lundi surtout, la restriction est montée crescendo. Et il y a nos lecteurs qui nous appelaient d’un peu partout pour nous signaler effectivement des difficultés qu’ils ont à pouvoir accéder au site, et donc à pouvoir lire les contenus que nous partageons. Alors, nous avons cherché à savoir si ce n’était pas un souci technique. Nous constatons que ce n’était pas le cas, parce que ceux qui sont établis en dehors de la Guinée n’avaient pas de difficultés à pouvoir accéder au site et à pouvoir lire les informations que nous publions. C’est surtout ceux qui sont en Guinée qui ont éprouvé des difficultés à pouvoir accéder au site et aux contenus que nous publions. Et c’est vrai que certains, peut-être par miracle, pouvaient surfer sur le site mais ce n’est pas quelque chose de facile. Il faut beaucoup insister ou bien passer par un réseau virtuel, donc un VPN, pour pouvoir accéder facilement au site », a expliqué d’entrée le directeur de publication du site.
Par ailleurs, Boubacar Bagnan Diallo a expliqué l’impact de cette restriction sur l’entreprise et interpellé les autorités. « Sincèrement, ce sont des choses qui nous portent assez de préjudices. Préjudice moral d’abord, parce qu’on se dit que pour pouvoir travailler, il faut avoir toute la sérénité requise pour partager l’information, la traiter, la diffuser. Et si pour avoir un simple accès au site, il te faut passer par des gymnastiques, ça devient très compliqué. Et l’autre aspect que je signale, c’est que nous avons constaté comme ça cette restriction, et nous n’avons pas été saisis par une quelconque autorité pour nous signaler peut-être d’une faute professionnelle qu’on aurait commise. Et même si c’était peut-être le cas, nous pensons qu’il y a vraiment la démarche à suivre pour pouvoir, s’il faut, comme on le dit, nous remettre à l’ordre. S’il faut peut-être essayer de discuter. Nous n’avons pas été saisis de tout ça. C’est pourquoi cela, vraiment, nous inquiète davantage. Et nous appelons vraiment les autorités à nous aider à lever ces restrictions. Et je précise d’ailleurs que nous avions fait un communiqué hier, que nous avions partagé. Et ce matin, nous avons compris que cette restriction n’est pas uniquement à Africaguinee. Il y a eu pas mal de médias qui ont constaté les mêmes limitations. Et c’est quelque chose qui nous a tous porté préjudices. Et cette déclaration qui a été publiée cet après-midi, c’est une déclaration conjointe des associations de presse en ligne qui dénoncent et qui condamnent cette censure, parce qu’il faut le dire comme ça, appelant également les autorités à lever ces restrictions, parce qu’il y a non seulement le droit à l’information, le droit d’accès à l’information qui est limité, mais également, nous avons des partenaires commerciaux qui ont besoin de visibilité. Et donc si on n’arrive pas à accéder à nos différents médias, vous comprendrez que le préjudice est incommensurable », a-t-il dit.
Selon Boubacar Bagnan Diallo, le site n’a aucun problème technique actuellement. D’où son étonnement. « Nous avons cherché à savoir si ce n’était pas peut-être un problème technique, donc un problème interne. Et nous sommes arrivés à un moment où on a eu le cœur net que ce n’était pas le cas. Et la preuve en est que voilà, pour quelqu’un qui utilise un VPN, il a facilement accès au site. Quelqu’un qui n’est pas en Guinée, il a facilement accès au site. Donc voilà, il n’y avait pas d’ambiguïté là-dessus. Je m’aligne derrière ce qu’ont déclaré cet après-midi les différentes associations de presse. C’est d’abord réitérer que nous, médias, ne cessons de réitérer notre disponibilité au dialogue. Mais aussi, nous savons que notre métier, il est régi par des lois, il est régi par des codes, que nous ne cessons d’ailleurs de rappeler à nos différents reporters, à nos journalistes, et que nous tâchons de respecter. Nous sommes des médias responsables. Et encore, nous n’avons pas du tout été interpellés par le régulateur. Là, en l’occurrence, c’est la haute autorité de la communication. Je pense que si on a commis une faute professionnelle, la HAC a toute la latitude de nous interpeller. Et puis voilà, nous, on serait tout à fait disposé à y répondre. Mais il ne faut pas passer par des pratiques un peu, je dirais, détournées pour nous museler, alors que la loi a tout défini. Toute société démocratique a besoin de respecter la loi. Encore que la charte de la transition consacre la liberté d’expression, la liberté de la presse. Donc, tout ce que nous demandons, c’est de respecter la loi et de cesser cette censure, que j’ai envie de qualifier, de détournée », a lancé notre confrère.
Ismael Diallo pour Guineematin.com
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