Au lendemain de la condamnation de son leader, Aliou Bah, à deux ans de prison par le tribunal de première instance de Kaloum pour diffamation et offense contre le chef de l’État, le MoDeL a organisé une conférence de presse ce mercredi, 8 janvier 2025. Maître Malal Diallo, le chargé des questions juridiques dudit parti, a dénoncé une décision qu’il juge inéquitable et une procédure entachée d’irrégularités. Il a aussi annoncé des recours juridiques à l’échelle internationale, a constaté Guineematin.com à travers un de ses reporters.
Maître Malal Diallo n’a pas mâché ses mots. Selon lui, le juge s’est simplement aligné sur les réquisitions du ministère public, sans tenir compte des arguments de la défense.
« Nous constatons que le juge n’a fait que réitérer ce que le ministère public a proposé comme condamnation. C’est une chose que nous déplorons, et que le MoDeL condamne avec la plus grande énergie », a-t-il déclaré.
Pour le juriste, les accusations portées contre Aliou Bah ne justifient pas une peine aussi sévère.
« On estime que le président ne méritait pas cette peine, vu les infractions qui lui ont été reprochées », a-t-il poursuivi.
Le MoDeL considère cette condamnation comme une attaque frontale contre la liberté d’expression et les droits fondamentaux des citoyens guinéens.
« Cela met en péril la liberté d’expression, mais également les libertés individuelles et collectives », a averti Maître Diallo.
Il a rappelé que dans une démocratie, critiquer les dirigeants est non seulement un droit, mais également une nécessité pour garantir une gouvernance transparente et responsable.
Au-delà de la peine prononcée, Maître Diallo a dénoncé des manquements graves dans la procédure ayant conduit à l’arrestation et à la détention d’Aliou Bah.
« Sur la forme, la manière dont le président a été interpellé ne répond à aucune norme légale », a-t-il souligné.
Selon lui, Aliou Bah a été arrêté à la frontière sans qu’aucune restriction de déplacement ne lui ait été signifiée au préalable.
« À son arrivée, il a été directement conduit à la gendarmerie où il a été gardé plus de 4 ou 5 jours, ce qui dépasse largement la durée légale de garde à vue », a-t-il ajouté.
Cette situation, selon le juriste, témoigne d’une instrumentalisation de la justice et des forces de l’ordre à des fins politiques.
Face à ce qu’il qualifie de déni de justice, le MoDeL entend saisir des juridictions internationales pour faire valoir les droits de son leader.
« Nous comptons saisir d’autres juridictions de la sous-région, parce que la Guinée est signataire de nombreux traités internationaux qui sont d’ailleurs applicables sur le plan interne », a annoncé Maître Diallo.
Le parti espère ainsi obtenir une décision qui non seulement annulera la condamnation d’Aliou Bah, mais aussi enverra un signal fort en faveur de la protection des libertés fondamentales en Guinée.
Cette condamnation s’ajoute à une série d’arrestations et de poursuites judiciaires qui, selon de nombreux observateurs, traduisent une volonté des autorités de transition de museler l’opposition et les voix dissidentes. Alors que le MoDeL s’apprête à porter l’affaire devant des instances internationales, la tension politique en Guinée ne cesse de monter, alimentant les doutes sur l’impartialité de la justice et l’avenir de la transition.
Lamine Kaba pour Guineematin.com
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