Le Ministère de la Promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables, en collaboration avec ses partenaires que sont l’UNICEF et l’UNFPA, se bat pour juguler les mutilations génitales féminines en Guinée. Pour matérialiser cette initiative, une formation sur l’appropriation de l’approche Nexus (Humanitaire-développement) en lien avec l’élimination des mutilations génitales féminines (MGF) a démarré ce mardi, 8 janvier 2025, à Kankan, en faveur de nombreux acteurs pour renforcer leurs capacités d’intervention sur le terrain. La démarche vise à clarifier et simplifier la définition et la mise en œuvre de l’approche Nexus à travers des exemples pratiques de mise en œuvre, renforcer l’utilisation de la boîte à outils, et donner aux participants les moyens de comprendre comment appliquer l’approche Nexus et l’adapter au contexte, si nécessaire, rapporte un des correspondants de Guineematin.com basé dans la préfecture.
La nécessité d’adopter l’approche Nexus afin de répondre aux problématiques de protection de l’enfance est le but de cet atelier. Ils sont au total 46 participants, venus des gouvernorats de Kankan, Faranah et N’zérékoré, à prendre part à cet atelier de 3 jours. Il regroupe les inspecteurs régionaux de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables de Kankan, Faranah et N’zérékoré, les représentants des inspections régionales de l’éducation et de l’Office de protection du genre, de l’enfance et des mœurs (OPROGEM), ainsi que des ONG.
Dans son discours d’ouverture de ces trois jours de formation, Macky Baldé, l’inspecteur régional du plan de kankan, a au nom du gouverneur de kankan invité les participants à accorder une attention particulière à cette formation pour l’atteinte des objectifs.
« La formation sur le nexus dont il sera question pendant ces trois(3) jours suivants est une approche expérimentale avec des outils de gestion appropriés dont la connaissance et surtout l’utilisation programmatique permettra de mieux adresser les questions de MGF en situation d’urgence sanitaire ou humanitaire. Ce qui apparait comme une préparation de réponse aux crises éventuelles à venir, telles que connues récemment (Ebola et Covid), au cours desquelles la gestion des questions de violences y compris de mutilations génitales féminines, pourtant exacerbées pendant ces périodes, sont plutôt passées à l’arrière-plan des priorités. Votre participation et votre implication effectives dans cette formation et, par la suite, l’utilisation des connaissances acquises dans la planification et la mise en œuvre de vos projets, en tant qu’acteurs et partenaires, sont indispensables pour l’atteinte des objectifs visés par cette session. Je voudrais donc vous convier à plus de constance, d’attention et de curiosité pour mieux appréhender les contours de cette formation et en être des dépositaires à l’échelle nationale. Ensemble, nous pouvons changer la marche des traditions et amener les communautés à mettre fin à cette pratique néfaste. Aussi, je voudrais saisir cette opportunité, pour remercier une fois encore les partenaires techniques et financiers, particulièrement l’UNICEF et l’UNFPA à travers le Programme Conjoint, ainsi que les formateurs à cette session pour tous les efforts d’accompagnement. Enfin, je mets l’occasion à profit, pour exprimer ma profonde gratitude à Son Excellence Colonel Mamadi DOUMBOUYA, Président de la République, Chef de l’Etat, Chef suprême des Armées et à Mr Bah Ousmane, Premier Ministre, Chef du Gouvernement qui ont fait de la protection des droits des femmes, une priorité », a-t-il déclaré.
Mohamed Mariam Keita, inspecteur régional de la promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables de N’zérékoré, a expliqué l’importance de cette formation.
« Nous sommes là pour une rencontre de formation des agents impliqués dans le cadre des promotions de l’abandon de l’excision. Comme vous le savez, la Guinée a toujours connu assez de situations d’urgence des crises humanitaires. Quand on pense à Ebola, au Covid19, et ces crises humanitaires dans leur manifestation, nous avons souvent oublié les questions de mutilation génitale. Donc on est là pour développer une approche qu’on appelle le Nexus, qui va nous permettre réellement, nous les acteurs impliqués dans promotion de l’abandon de mutilation génitale féminine, de savoir adresser les questions de MGF dans les situations d’urgence avec les communautés, parce que tout part des communautés et tout revient à la communauté. Donc, comment impliquer les communautés elles-mêmes à évaluer ces situations et voir dans quelle mesure elles peuvent adresser les questions en lien avec les situations d’urgence. Je pense bien que c’est une bonne chose parce qu’ici, on est en lien avec d’autres responsables sectoriels qui, souvent quand vous voyez les questions d’urgence des MGF, souvent on a tendance à comprendre que c’est le ministère de la promotion féminine seulement qui se bat. Mais aujourd’hui, cet atelier va nous permettre de comprendre qu’il faut une synergie. Et c’est ce qui a fait qu’on a fait appel aux sectoriels de la santé, de la police, notamment l’OPROGEM, mais aussi de l’éducation. C’est pour dire que la question des MGF n’est pas seulement une affaire du ministère de la promotion féminine mais, c’est une question des droits humains », a-t-il indiqué.
Prenant la parole au cours de la cérémonie d’ouverture de cette rencontre, Abdoulaye Baldé, spécialiste protection à l’Unicef a rappelé le bien-fondé de cette formation.
« A travers le présent atelier, le programme conjoint Unicef-UNFPA cherche à renforcer la capacité technique des partenaires gouvernementaux et non gouvernementaux pour mettre en œuvre efficacement l’approche Nexus grâce à l’utilisation de la boîte à outils. En 2021, nous avons construit une boîte à outils pour aider à intégrer les MGF dans la préparation et la réponse aux crises humanitaires. Donc l’atelier va tourner autour de ça, pour que chacun dans sa section voit comment il peut intégrer ça quand on est en situation humanitaire. Cet objectif sera atteint par la définition au terme de cet atelier d’action clés à entreprendre par les acteurs ici présents à fin d’améliorer l’intégration de l’approche Nexus dans la mise en œuvre des programmes liés au MGF. L’objectif principal du Nexus en Guinée est de développer les systèmes nationaux locaux qui soient capables de s’adapter et répondre plus efficacement au choc. Le NEXUS en Guinée devra s’inscrire dans une perspective et vision de développement résilient selon laquelle le gouvernement et ses services déconcentrés aient la capacité nécessaire de continuer à fournir les services publics pendant les crises », a-t-il dit.
Selon Hadja Aminata Bérété, l’inspectrice régionale de la promotion féminine de l’enfance et des personnes vulnérables de Kankan, l’implication des acteurs à tous les niveaux est une stratégie efficace pour intensifier la sensibilisation afin de lutter contre les mutilations génitales féminines.
« Si la région de Kankan a été choisie aujourd’hui pour pouvoir mener cette activité, moi je pense que ça me réjouit à plus d’un titre. Toutes les parties prenantes ont été conviées pour assister à cette formation et connaître vraiment la négativité, c’est-à-dire le fait que la mutilation génitale féminine n’est que quelque chose de néfaste sur la vie de la femme et de la jeune fille. Si tout le monde est informé de la même manière, je pense que chacun va assurer ses responsabilités et chacun de son côté va essayer de sensibiliser pour que la chose soit vraiment bannie », a-t-elle laissé entendre.
De son côté, Fatoumata Diaby, chargée d’inspection à l’Inspection régionale de l’éducation de Kankan, se réjouit de la tenue de cette rencontre. Elle s’engage à élargir les informations reçues dans les établissements scolaires.
« C’est un thème très important parce que la mutilation génitale féminine, c’est un fléau dans le milieu éducatif parce que là, il faut éliminer. Dans notre milieu éducatif, si une fille est traumatisée, ça joue sur sa scolarité. Et la mutilation génitale féminine, c’est un facteur qui traumatise la fille. Ça a beaucoup de conséquences. Donc, après l’atelier, nous allons essayer de passer dans les écoles pour sensibiliser les parents, les filles elles-mêmes, pour qu’on puisse éliminer les mutilations génitales féminines. Nous sommes là-dessus et l’atelier va davantage nous permettre de faire une sensibilisation au niveau des parents, parce que cette pratique a assez de conséquences au niveau des filles. Une fille qui est excisée, ça freine son développement », a-t-elle expliqué.
De Kankan, Souleymane Kato Camara pour Guineematin.com